De tous les films d’animation produits par les studios Pixar en vingt-cinq ans – déjà! – Cars est celui qui nous a laissé le souvenir le moins impérissable.
La faute, déjà, à des personnages motorisés n’inspirant pas autant de sympathie que les autres héros de la firme. Moins attendrissants que Buzz, Woody et les jouets de Toy Story, moins drôles que Sulli et Bob Razowski, les monstres gentils de Monstres & cie, moins bien animés que les poissons du Monde de Némo ou les insectes de 1001 pattes… Bref, moins attachants, quoi… On a cru, à l’époque, que la nature “mécanique” des protagonistes – des voitures… – était responsable de leur manque d’expressivité, mais depuis, Wall-E a prouvé qu’un être de métal et de boulons pouvait être aussi émouvant, voire plus, qu’une grosse peluche ou un petit poisson…
Et surtout, Cars péchait par son scénario un peu trop léger et linéaire, trop pauvre en péripéties et plombé par une morale gentillette sur l’importance d’écouter les conseils des “anciens”, l’amitié et l’amour, clairement destinée aux plus jeunes spectateurs…
Cars 2 corrige le tir dès sa séquence introductive, savoureux pastiche de films d’espionnage qui imprime immédiatement un rythme endiablé au récit.
On y fait connaissance avec Finn McMissile, agent secret de Sa Majesté, variante mécanique de James Bond et Harry Palmer, alors qu’il découvre l’existence d’un complot fomenté par l’infâme Professeur Z (oui, les professeurs de films d’espionnages sont toujours infâmes…). Il est repéré par l’ennemi et doit fuir avant de connaître tous les détails de ce complot, mais comprend malgré tout qu’une menace plane sur la première course mondiale toutes catégories, organisée par Sir Axelrod.
Flash McQueen est justement poussé par son ami Martin à participer à cette compétition en trois étapes (Japon – Italie – Angleterre) et relever le défi proposé par l’arrogante Formule 1 Francesco Bernoulli.
Ils partent ensemble pour Tokyo, lieu de la première étape, ignorant les chassés-croisés entre espions et terroristes qui se jouent autour d’eux.
Suite à un quiproquo, l’agent Holley Shiftwell, collègue de McMissile, prend Martin pour un espion américain génialement camouflé en vieux tacot rouillé… La dépanneuse est entraînée malgré elle dans cette dangereuse mission et est contrainte de délaisser son vieux copain McQueen pour sauver la planète d’une terrible menace…
Hé oui, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, le film n’est pas vraiment axé autour de la compétition et de l’opposition entre McQueen et Bernoulli, qui ne sert que de toile de fond à ce récit d’espionnage. Et le personnage principal n’est pas le héros du premier Cars mais son ami Martin…
Cela frustrera peut-être les bambins fans de la petite voiture de course ou les amateurs de compétition automobile, mais cela fera en revanche le bonheur des amateurs de vieux films d’espionnage, tant Cars 2 recycle les codes du genre et leur rend hommage. Nous on a aimé cette intrigue d’espionnage pleine de courses-poursuites, d’infiltrations périlleuses et de rebondissements, bien plus stimulants que l’intrigue plan-plan du premier épisode…
Cela dit, le scénario, même si un bon cran au-dessus du premier volet, n’a rien non plus d’inoubliable. On aurait aimé un peu plus de folie et, surtout, cette petite touche d’émotion qui fait le prix des meilleurs films du studio.
Et on n’accroche toujours pas aux personnages, qui demeurent peu charismatiques, malgré tout le soin que leur ont apporté les designers du film (on sent qu’ils aiment sincèrement les belles voitures) les animateurs et les doubleurs (Owen Wilson, Larry The Cable Guy, Michael Caine, Emily Mortimer, Eddie Izzard pour la VO, Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Lambert Wilson et Mélanie Doutey pour la VF).
Aïe…
Soyons clairs, Cars 2 est un Pixar “mineur”, loin des chefs d’oeuvres que constituent Wall-E, Ratatouille ou les trois Toy Story. Il s’agit “juste” d’un pur divertissement mené tambour battant, devant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde – c’est déjà ça – et qui prend quand même soin de délivrer le traditionnel message écologiste de Pixar en sensibilisant les enfants aux vertus des biocarburants et des véhicules “verts”.
Et c’est aussi – et surtout – le prétexte à une formidable démonstration technique de la part des artistes visuels du studio. En matière d’images de synthèse, la technologie ne cesse de progresser et Pixar est toujours à l’avant-garde de l’innovation. On en a une nouvelle preuve ici, car il faut bien avouer que, pour son quart de siècle d’existence, la société créée par Steve Jobs a mis le paquet. On s’en prend plein les mirettes…
On est ébahis par la beauté des décors, les reconstitutions d’une mégapole japonaise, d’une ville côtière italienne, de notre belle capitale ou de celle de nos voisins britanniques, avec pleins de petits détails très soignés tirant parti des spécificités de chaque pays… On est scotchés par les jeux de lumière, les reflets, le traitement des textures (le feu, l’eau…). Et bluffés par la fluidité des animations et des mouvements de caméra, qui nous placent au coeur de l’action.
Oui, d’un point de vue esthétique, Cars 2 est assurément le plus réussi des Pixar, et l’utilisation du relief a ici son utilité, amplifiant la profondeur de champ pour sublimer la beauté des décors.
On attend maintenant de voir cette technique de pointe mise au service d’une oeuvre un peu plus consistante. Peut-être pour John Carter ou Rebelle, les deux prochains films des studios Pixar, prévus pour 2012…
En attendant, passez les vitesses, faites crisser les pneus et filez au drive-in le plus proche pour vous en prendre plein la vue, avec ou sans 3D…
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Cars 2
Cars 2
Réalisateurs : John Lasseter, Brad Lewis
Avec les voix de : Owen Wilson, Larry The Cable Guy, Michael Caine (VO), Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Lambert Wilson (VF)
Origine : Etats-Unis
Genre : carénages & espionnage
Durée : 1h46
Date de sortie France : 27/07/2011
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Première