En 2007, Caramel, un “petit” film libanais, régalait à la fois le public et la critique. Un peu sucrée – forcément – mais jamais mièvre, cette comédie brillait par sa douce fantaisie, ses personnages attachants, ses dialogues subtils, son charme et son étude sensible des rapports hommes-femmes dans un pays oscillant entre traditions orientales et mode de vie occidental.
On découvrait aussi le talent de la cinéaste Nadine Labaki, qui signait là sa première réalisation, et on attendait avec impatience de voir comment elle allait franchir le cap – souvent ardu – du second long-métrage.

“Et maintenant on va où?”
Telle est la question qu’à dû se poser la réalisatrice au moment d’écrire le scénario de son nouveau film.
La réponse n’a certainement pas été très compliquée à trouver, inspirée,  hélas, par plusieurs flambées de violence ayant frappé le Liban…
Déjà, en 2006, quelques jours après la fin du tournage de Caramel, un bref conflit a opposé le LIban à Israël. L’état Hébreu a décidé d’employer la force pour déloger des miliciens du Hezbollah réfugiés à la frontière israélo-libanaise et menant des actions terroristes sur son territoire. Les obus se sont remis à pleuvoir sur le Liban, occasionnant un millier de victimes civiles et plus de 5000 blessés, et réveillant les douloureux souvenirs de la meurtrière guerre civile qui a frappé le Liban de 1975 à 1990.
D’ailleurs, l’autre fait divers ayant servi de déclencheur à ce nouveau film est l’affrontement qui a opposé des membres de différentes communautés confessionnelles de Beyrouth, en mai 2008, et menaçant de replonger le pays dans une nouvelle période noire…
La cinéaste a grandi au coeur de la guerre civile et il est évident qu’elle a été marquée par ces années de peur, d’insécurité et de tensions communautaires.
Dans Caramel, elle avait choisi de ne pas y faire allusion, préférant tourner la page et parler d’amour et d’humour plutôt que de haine et de douleur. Mais là, impossible de ne pas réagir à cette menace, à cette possibilité de voir le Liban se déchirer de nouveau…
Alors enceinte, la cinéaste a pensé à ce qu’elle ferait, le cas échéant, pour protéger son enfant. Ainsi est née une histoire où des femmes de différentes communautés, lassées des querelles absurdes de leurs hommes, prennent le contrôle des opérations et manoeuvrent pour les empêcher de prendre les armes…

”Et maintenant on va où?”, allez-vous nous demander…
Eh bien dans un petit village du Liban, dont la population est divisé entre deux communautés, une catholique et l’autre musulmane. Tout le monde se connaît et se respecte. Chacun vit en bonne intelligence avec le voisin…
Mais quand des heurts éclatent dans une ville voisine, opposant des partisans de chacune des deux religions,  les vieux démons se réveillent et les relations entre catholiques et musulmans ne tardent pas à se dégrader.
Des accrochages verbaux, on passe à la violence physique, à l’envie de vengeance et à la tentation de reprendre les armes pour régler de vieux comptes. Même les plus raisonnables des hommes se laissent gagner par une haine absurde du voisin, et les appels au calme lancés par le prêtre et l’imam local restent lettre morte…

”Et maintenant on va où?”
Chez les femmes du village, brisées par la perte de maris, de pères, de fils, et qui, du coup, refusent cette escalade de la violence. Elles pactisent pour empêcher les hommes de se battre entre eux, quitte à employer des moyens aussi surprenants que le recours à des… danseuses slaves (!) pour distraire les mâles et leur faire oublier leurs querelles stupides.

”Et maintenant on va où?”
Vers une comédie drôle, très drôle même, avec nombre de répliques percutantes et irrésistibles, servies par de truculentes comédiennes…
Mais aussi vers un film émouvant, très émouvant même, avec des scènes poignantes qui vous toucheront en plein coeur, et des moments d’une grâce infinie…

“Et maintenant on va où?”
Vers une fable féministe qui invite les femmes du Moyen Orient, avec leur sensibilité, leur approche plus réfléchie des problèmes que leurs homologues masculins, à oeuvrer collectivement pour trouver des solutions aux problèmes frappant cette région du globe, et essayer d’offrir une vie meilleure à leurs enfants…

“Et maintenant on va où?”
Vers un plébiscite pour Et maintenant on va où? – car c’est son titre – film merveilleux, enchanté, en chanté, même, par la grâce de superbes passages musicaux – et notamment la belle séquence introductive, ballet de femmes unies par la même souffrance, le même deuil d’un proche parent…
Oui, Nadine Labaki nous séduit une fois de plus par son humour, sa tendresse, son regard plein d’humanité et de sagesse sur l’état du monde et sur son pays, nation fragile mais riche des individus qui la constituent et oeuvrent ensemble pour un futur plus radieux…

”Et maintenant on va où?”
Eh bien, au vu de toutes les qualités énoncées plus haut, on se rue dans le cinéma le plus proche pour découvrir ce très bon film, l’un des plus applaudis du dernier Festival de Cannes, et l’un de nos coups de coeur de l’année…

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Et maintenant on va où?
Et maintenant on va où?

Réalisatrice : Nadine Labaki
Avec : Nadine Labaki,  Claude Msawbaa, Leyla Fouad, Julian Fahrat, Yvonne Maalouf, Antoinette El-Noufaily
Origine : Liban, France
Genre : Femmes, je vous aime…
Durée : 1h50
Date de sortie France : 14/09/2011
Note pour ce film : ●●●●●●

contrepoint critique chez : Critikat

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