Projet atypique et risqué, avec The Artist, Michel Hazanavicius témoigne d’un véritable amour pour le cinéma et raconte un histoire intemporelle et plus profonde qu’elle n’en a l’air pour délivrer un bijou.
On savait le réalisateur d‘OSS 117 passionné depuis longtemps par le cinéma et son Grand Détournement en était un bien bel et délirant exemple. The Artist en est aujourd’hui la quintessence même. Tout dans le film transpire la passion pour son art en plus d’offrir une mise en abîme passionnante sur son évolution. Plus qu’un format particulier, Hazanavicius raconte avant tout une histoire, celle d’un comédien de cinéma muet, George Valentin, qui voit sa vie et son succès remis en question par l’arrivée du cinéma parlant alors que la jeune Peppy Miller devient la coqueluche d’Hollywood.
Avec cette histoire profonde utilisant les codes des premières décennies du 7e art, Michel Hazanavicius fait plus que rendre hommage au cinéma qu’il aime. La forme est une manière d’illustrer avec plus de puissance le fond qu’il raconte avec autant d’intelligence que de passion, autant de mélancolie que joie. Jamais les artifices ne sont inutiles, ils font avancer l’histoire, le propos. Comme cette séquence rêvée surprenante, étrange, poétique, illustrant à merveille le dilemme qui habite notre artiste. Le réalisateur retrouve ici tous les clichés de ce cinéma pour mieux les utiliser et faire passer son message.
Les thèmes de la communication, de la transmission à la génération suivante, de l’évolution technologique inéluctable du cinéma qu’il faut accepter, … sont bien présents mais ils rejoignent tous une simple vérité : le cinéma, c’est raconter une histoire, ni plus ni moins. Peu importe qu’elle soit muette ou parlante, en couleur ou en noir et blanc, en 2D ou en 3D tant qu’il y a des artistes doués et passionnés pour nous faire vivre de belles aventures sur grand écran.
Évidemment, avec The Artist, Michel Hazanavicius n’allait pas juste raconter son histoire et rendre hommage. A sa façon, il glisse aussi nombre de références aux débuts du cinéma d’avant-guerre. Ainsi, les plus avisés des spectateurs s’amuseront à dénicher les plus belles figures, du look de Jean Dujardin à cet immense portrait se trouvant dans sa maison (on est même sûrs que ne pas toutes les voir du premier coup d’oeil). Mais ces références savent rester à leur place, discrètes, elle ne nous détournent jamais du récit et des personnages. Ainsi, Hazanavicius trouve le parfait dosage entre le témoignage de son amour pour le cinéma, des images d’un noir et blanc sublime et une histoire qui a sa propre vie.
Devant la caméra, il installe un Jean Dujardin largement inspiré de Douglas Fairbanks mais aussi de nombreux grands acteurs de cette époque. Mais surtout, l’acteur incarne un personnage complexe qui ne trouve plus sa place dans son époque et cela sans paroles. A travers son regard et ses geste, comme autrefois, avec cette intensité, il retranscrit parfaitement toutes les émotions de son personnages pour délivrer une performance aussi intense qu’émouvante. A côté de lui, Bérénice Béjo n’est pas en reste. Avec son allure pétillante, le duo fonctionne parfaitement.
Finalement, avec The Artist, Michel Hazanavicius nous rappelle ce que doit être le cinéma de la meilleure façon. En prenant tous les codes du film muet et en les modernisant avec un discours intelligent et émouvant il ne pouvait aboutir qu’à un film magnifique, rempli d’idées et de passion. Une chose est sûre, The Artist nous laisse des étoiles dans les yeux longtemps après la fin du film.
The Artist