Pris entre l’Etrange Festival et une avant-première de Real Steel au début du mois, nous avons délégué la présence de myscreens à la soirée de présentation de la nouvelle série de Canal+ Borgia à deux envoyés spéciaux de choc : @annacrre et @Julienv1981. Mais plus que la soirée bien organisée, c’est bien à la série catho événement de la chaîne cryptée que nous nous intéressons.
Meurtre, orgie, fratricide et empoissonnement, les Borgia nous transporte dans une Rome en proie aux violences politiques qui marquèrent le début de la renaissance. Ici, le spectateur suit la lutte impitoyable pour la conquête du pouvoir, d’une famille peu vertueuse. Sulfureuse et subversive, la nouvelle série de canal plus, semble répondre à un seul impératif : il n’y a pas de limites ! Le spectateur est plongé, pour son plus grand plaisir, dans les frasques des membres du clan Borgia. Une famille qui laissa à la postérité la réputation d’être amorale et l’une des plus justes démonstrations de machiavélique politique (cf Le prince de Machiavel inspiré par César Borgia).
Début septembre, on a rendez-vous au mini palais pour la projection des 2 premiers épisodes de la nouvelle série phare de Canal+, Borgia. Des hommes en robes de bure et des nonnes nous accueillent avec petit fours et champagne : mélange de luxure et religion ; un avant-gout de la série…
Pendant la projection des 2 premiers épisodes de la série Borgia, on a souvent pensé à la série Maigret avec Bruno Cremer. Tandis que la télévision Suisse Romande s’échinait à reconstituer le Paris des années 50 en Roumanie, Canal lui s’emploie à nous faire revivre la Rome du 15ème siècle, un peu plus au nord, en république Tchèque. D’ailleurs, au même moment se tournait l’autre série Borgia, l’américaine, à Prague.
Chez Cremer, le tournage délocalisé fonctionne plutôt bien. Maigret est un fin psychologue, il écoute donc les gens parler, il se déplace rarement (il se fait conduire dans des vieilles voitures parfois), les intérieurs sont tristes, les gens sont seuls et s’ennuient. Bienvenue dans la France des années 50. Involontairement probablement, l’atmosphère est là.
Chez les Borgia, on a plus du mal a y croire, à leur Vatican, les figurants tchèques sont constipés et terrorisés à l’idée de mal faire, les décors en carton-pâte sortent tout droit d’un film Warner des années 30, si bien qu’on s’attend à tout moment à ce qu’Errol Flynn débarque. Enfin, la HD glaciale et l’accumulation des séquences achèvent nos espoirs de grimper dans la machine à remonter le temps.
Niveau action, alors que Maigret passe voir un suspect au 4ème étage, les Borgia, eux, participent à 4 orgies, se battent contre les familles rivales, et machinent des complots compliqués entre les 2. Du coup, il faut bien reconnaître que c’est quand même assez prenant, mais impossible d’être fasciné par cette histoire. La volonté de Tom Fontana, le créateur de la série de montrer cette famille comme une source potentielle d’inspiration pour les Corleone est trop appuyé, et honnêtement, on n’a pas vraiment envie de voir une autre série de mafia.
Espérons que dans les prochains épisodes, le rythme se ralentisse un peu, et que les personnages soient moins anachroniques, plus que des mafieux de 1971, on aimerait voir un peu plus l’époque. Il y a quelques scènes assez fortes, mais qui fonctionnent plus comme des flashs, et l’obsession des auteurs à nous seriner que l’habit ne fait pas le moine est un rien soûlante.
On reste un peu à la surface et c’est volontairement qu’on en dit pas trop sur les personnages et l’histoire parce qu’on sent qu’il faut en voir un peu plus avant de maîtriser la série. En revanche, peu de chances que les figurants aient eu le temps de faire l’Actors studio entre le 2ème et le 3ème épisode…
Pourtant, au terme des 2 épisodes, on a quand même envie d’en voir un 3ème, même si on a un peu honte. C’est vrai quoi, les Borgia ont l’air d’être assez inventifs niveau KamaSutra et on se dit qu’ils vont nous gratifier de nouvelles machinations bien tordues, et vu qu’on est nuls en histoire, on ne les connaît pas encore (sur ce point d’ailleurs, on n’est pas sûrs que les auteurs avaient 20/20 non plus). Bref, c’est plus un plaisir coupable (pas catholique donc) pour le moment, mais on a envie de donner une autre chance à la série ; un peu comme l’aurait fait le commissaire, mais certainement pas comme les Borgia par contre.