Polisse, critique

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Maïwenn suis les équipes de la brigade de protection des mineurs et délivre un film choc et touchant. Récompensé par le jury à Cannes, Polisse est là pour nous émouvoir autant que pour nous faire prendre conscience.

Polisse, critiqueUn reportage diffusé à la télé et un stage d’immersion au sein de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ont permis à Maïwenn de s’immerger complètement dans l’univers difficile de ces policiers qui font ce qu’ils peuvent pour protéger ce qu’il y a de plus précieux dans une famille : les enfants. C’est sur le générique de l’Île aux Enfants que s’ouvre Polisse. Comme un décalage par rapport à ce qui va suivre mais qui nous rappelle aussi l’innocence de l’enfance parfois oubliée. Et ce qui va suivre sera un peu à cette image, naviguant entre les rires et le choc des révélations.

Car Maïwenn filme Polisse comme un documentaire, au plus près de ses acteurs qui font ici équipe comme de véritables membre de la BPM. Elle arrive à retranscrire une réalité prenante, dans ses bons comme dans ses mauvais jours, au fil d’un scénario très structuré mais qui laisse pourtant la place au naturel des situations difficiles que l’on sent vécues ou du moins racontées comme telles.

Polisse, critiqueÉtant donné son sujet difficile, on pouvait craindre que Polisse verse dans le misérabilisme ou dans le glauque. Il faut dire que l’on parle tout de même d’enfants battus, de viol sur mineurs, … Mais étrangement, en s’approchant au plus prêt du quotidien de la BPM, Maïwenn désamorce la bombe pour mieux faire passer la pilule. Ainsi, les émotions sont variées. On rit de bon cœur quand on a affaire à une ado menteuse autant qu’on reste sous le choc lorsqu’on a un père qui viole sa fille et le revendique. Les affaires s’enchaînent et nous montrent ce qu’il peut arriver de pire à nos enfants. Mais, à l’instar de ce policiers vis à vis des enfants ou des témoins de ces affaires, on ne juge pas, on constate.

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Il faut dire qu’à travers son film quasi-documentaire, Maïwenn nous place dans la peau de l’un des agents de la BPM, nous faisant vivre un peu leur quotidien et donc nous donne l’occasion de faire partie de ce groupe l’espace d’un instant. Car au milieu de ces affaires, ils restent aussi et avant tout des humains avec leurs joies, leurs peines, leurs déceptions et leurs colères, dans leur vie professionnelles où ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens qui leur sont donnés comme dans leur vie personnelle qui bien souvent bat de l’aile. Un quotidien qui n’est pas toujours facile, qui pourrait vite tomber dans la caricature du film français dépréssif et qui pourtant fonctionne bien grâce à un contexte pas évident mais surtout à groupe soudé.

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Le groupe est d’ailleurs la force de Polisse. C’est bien un travail d’équipe dont il est question ici et chacun a sa place. Que ce soient les personnages, tous développés pour s’attacher à chacun, ou les acteurs, tous très bons. Maïwenn arrive à gérer sa dizaine de personnage sans que l’un d’eux prennent vraiment le dessus et laisse avant tout parler le groupe face aux situations difficiles dont ils sont les témoins. Il faut dire que les acteurs retranscrivent très bien se collectif. Aucun n’attire trop l’attention sur lui, et lorsque cela arrive, c’est compensé par un message lourd de sens. Mais on retiendra toutefois les performances assez intenses de Marina Foïs, Karin Viard et Joey Starr, certainement promis à quelques nominations aux césars pour un second rôle (si seulement il y avait des césar pour la meilleure performance de groupe !).

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Face à ce documentaire dans lequel s’imbriquent parfaitement les vies des agents de la BPM, c’est finalement l’histoire tournant autour de la photographe incarnée par Maïwenn elle-même qui est peut-être la moins intéressante. On comprend l’utilité de ce personnage qui nous permet d’entrer dans l’univers de ce service sous-estimé de la police mais sont développement est assez décalé par rapport au reste et les pauses qu’elle offre pour aérer l’histoire nous font légèrement sortir du sujet par moments.

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Polisse est donc un film quasi-documentaire qui traite de son sujet difficile avec beaucoup de justesse, sans détours, pour le meilleur comme pour le pire. Un bout de vie au cinéma intense servi par un casting impeccable qui fait ressortir chez le spectateur autant de révolte face aux situations rencontrées par la BPE que d’humanité vis-à-vis de leur travail.