Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, critique

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L’adaptation des aventures de Tintin sur grand écran était aussi attendue que redoutée. Mais avec Steven Spielberg à la barre, c’est un véritable grand huit. Le réalisateur retrouve l’esprit d’Hergé tout en s’éclatant derrière la caméra pour nous offrir du grand divertissement.

tintin afficheAdapter Tintin sur grand écran était un défi quasi-impossible à réaliser. Par le trait fin et clair d’Hergé, l’universalité de son héros et ses aventures intemporelles, le héros à la houppette, difficile de retranscrire tout cela de façon crédible dans un film live. Et si les dessins animés des 90′s y étaient fidèles, ils n’étaient tout de même qu’un copier-coller.
Il a donc fallu attendre l’avènement de la « performance capture»  pour voir arriver une adaptation digne de ce nom. Et malgré les craintes que l’on pouvait avoir quand à la qualité de l’animation ou à l’américanisation du récit par le Steven Spielberg roi d’Hollywood, impossible de ne pas décrocher la mâchoire devant le brio de cette transposition des cases à l’écran.

Le film reprend donc la trame du diptyque Le Secret de la Licorne / le Trésor de Rackham le Rouge tout en l’agrémentant d’une bonne dose du Crabe aux Pinces d’Or et emmène donc Tintin de Moulinsart au Maroc en passant par une dangereuse croisière en cargo au cours de laquelle il fera la connaissance du Capitaine Haddock. Bref, une bonne introduction sous le signe de l’aventure à l’univers de Tintin.
Comme d’habitude, certains verront comme un sacrilège de regrouper différents albums pour un seul film, on rappellera qu’il s’agit ici d’une adaptation et non d’une retranscription littérale de la bande-dessinée. A ce titre, le trio d’auteurs (les so british Steven « Doctor Who»  Moffat, Edgar « Shaun of the Dead»  Wright et Joe « Attack the Block»  Cornish) s’est formidablement bien débrouillé pour que tous les éléments soient bien liés entre eux, faisant de ce Secret de la Licorne une aventure prenante et bien construite qui respecte en tous points l’esprit d’Hergé.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, critique

Ainsi, le générique d’ouverture (non sans rappeler le générique de Arrête-moi si tu peux) nous plonge d’emblée dans l’univers de la bande-dessinée avant d’entrée dans le vif du sujet. Et il n’y a pas à dire, tous les éléments sont là pour contenter les fans. Il y a bien sûr de nombreux clins d’œils aux autres aventures du héros mais c’est surtout la fidélité des personnages qui frappe.
Et si Tintin, à l’image de la BD, reste un héros relativement transparent qui permet à n’importe qui de s’identifier, la galerie de personnages secondaires est plutôt réussie, du méchant Sakharine aux nigauds Dupond/t. Mais c’est surtout le capitaine Haddock qui attrape l’écran (toujours impeccable Andy Serkis). Certains redoutaient que son alcoolisme soit oublié mais il n’en est rien et c’est même l’un des ressorts de l’histoire les plus amusants.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, critique

Plus que par les personnages et les situations aventureuses et rocambolesques c’est aussi par l’image que passe la fidélité du film à la bande-dessinée. Sans oublier de rendre un bel hommage à Hergé dès le début, Steven Spielberg et Peter Jackson réussissent avec la performance capture à retranscrire tout l’esprit de la ligne claire d’Hergé. Les décors sont à la fois réalistes et épurés alors que le design des personnages permet de retranscrire aux mieux les expressions qu’ils peuvent avoir dans la BD. On a l’impression de lire un nouvel album de Tintin qui prend vie devant nos yeux. A ce titre on précisera que Milou est le parfait exemple de ce qu’il aurait été impossible à faire de manière réaliste dans un film live et qui nous permet ici de retrouver tout l’esprit des cases d’Hergé.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, critique

Mais il faut ajouter à cette fidélité et cette qualité d’animation l’incroyable maestria avec laquelle Steven Spielberg filme cette aventure. Pour la première fois il a à sa disposition une caméra virtuelle et peut se permettre toute les folies. C’est comme un gamin tout content de jouer avec son cadeau qu’il transpose les aventures de Tintin au cinéma. Mais Spielberg est un grand enfant et arrive à se contrôler, à rester lisible même au cœur de l’action.
La caméra est toujours en plein vol pour donner à la bande-dessinée le mouvement qui lui manquait tout en nous gratifiant de morceaux de bravoure impressionnants, du flashback d’un abordage de pirates qui renvoie les flibustiers de Pirates des Caraïbes dans les fonds marins à une poursuite hallucinante dans les rues de  Bagghar (un plan séquence complètement fou dont la tyrolienne montrée dans la bande-annonce n’est qu’une infime partie).

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, critique

Avec les Aventures de Tintin, Spieberg repousse ici complètement les limites de ce qu’il est possible de faire avec la performance capture pour nous offrir un divertissement de haute volée et à la créativité folle. Le film est rempli d’idées de mise en scène pertinentes mais aussi d’auto-références toujours bien amenées et qui ne nous sortent jamais du récit.
En fait, le seul bémol qu’on pourrait faire à Tintin enlevé c’est peut-être une partition de John Williams certes rythmée mais sans thème héroïque se détachant (à  la Indiana Jones par exemple). C’est bien mince comme reproche pour ce qui est certainement le film d’aventures familial le plus réussi de ces dernières années.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, critique

A la vue des Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, comment pouvait-on douter un seul instant que Steven Spielberg ne relèverait pas le défi haut la main ? Le réalisateur démontre ici qu’il croit encore autant en ses rêves d’enfant qu’il maîtrise à la perfection le cinéma de divertissement dans le sens le plus noble du terme (de ce côté, nombre de réalisateurs peuvent ici prendre une vraie leçon). A l’image de la bande-dessinée, le film est donc une grande aventure à vivre sans retenue, de 7 à 77 ans.