Rocky Balboa, c’est le boxeur par excellence, appliqué au thème habituel de l’ascension social. Enfin, le gars parti de rien, se faisant tout seul et parvenant au sommet…et chutant aussi facilement ! Petite rétrospective Rocky.
Avec la sortie de Real Steel cette semaine et plus généralement pour développer le thème de la boxe au cinéma, je m’attaque à une série populaire du cinéma, qui fait un peu sourire mais pourtant bourré de sens. Quand on pense film de boxe, difficile de ne pas penser à Rocky. Si tous les films du genre sont plutôt semblables, Rocky ne dérogeant pas à la règle, le personnage qu’incarne à vie Sylvester Stallone s’est quand même imposé dans nos consciences comme le boxeur héros du peuple, simple et méritant.
Il y a du bon comme du mauvais dans cette série de 6 épisodes, initiée en 1975. Avec ses débuts explosifs, Rocky s’est imposé avec son longue suite d’épisodes comme étant la franchise incontournable sur le monde de la boxe, sur l’esprit de la compétition, sur le parcours d’un homme dont la volonté lui permet d’accomplir des merveilles, des valeurs positives qui grandissent l’être humain. Certes, faire que seule la volonté donne des ailes et permette d’éliminer tous ses opposants est un peu réducteur, très American Dream, mais les Rocky sont un bon exemple du mental du sportif, du gagnant. La volonté et la détermination sont des moteurs puissants et c’est la beauté de la leçon récitée sur 6 épisodes.
SPOILER : Attention si vous n’avez vu aucun des Rocky, je parle ici ouvertement de ce qui se passe dans chaque épisode. Donc, tournez les talons et allez vous les mater avant.
A chaque fois, l’épisode de Rocky compose sur la vie banale de Rocky Balboa, le challenge qui semble insurmontable, l’entrainement et le combat. Un peu comme les Chevaliers du Zodiaque ou les combats de Dragon Ball : à chaque fois l’ennemi semble horrible et invincible mais le gentil (opposé à un méchant très méchant) trouvera bien la force en lui pour arriver à le battre au final.
La saga se concentre sur une poignée de personnages atypiques : Rocky, Adrian, Paulie, Mickey l’entraineur, Apollo Creed. Pour faire rapide, Rocky c’est le gars un peu simple qui fait de la boxe en amateur. Adrian, c’est sa copine, pas très belle et pas très causante. Paulie, c’est le frère alcoolo d’Adrian et l’ami de Rocky qui fait des petits boulots et qui galère pas mal. Mickey, c’est l’entraineur à forte gueule de Rocky qui lui fait rentrer du plomb dans la tête quand il faut. Apollo Creed c’est le champion de boxe, premier challenger de fin de film, qui deviendra l’ami de Rocky.
Le premier Rocky démarre fort. Parce que le film est sublime en tout point. Très mesuré et lent, il n’y est pas véritablement question de boxe avant la dernière demi-heure. Le film se concentre sur la vie de Rocky Balboa, trentenaire, descendant d’immigré Italien, boxeur amateur qui ne s’est jamais trop donné la peine, se laisse aller, fait des petits boulots parfois pas recommandables, dragouille une vendeuse de magasin animalier, Adrian, la sœur de son pote Paulie, pas des plus irréprochables !
Un jour, le champion de boxe des poids lourds, le très médiatique et très sûr de lui Apollo Creed défie un boxeur amateur de venir le détrôner. Tres démago et arrogant, il pense qu’il va pouvoir gagner en popularité et en crédibilité. C’est d’ailleurs le thème du sport haut-niveau gavé de dollars, de contrats pubs et d’esbroufe, opposé à la boxe des petits clubs d’entrainements ou chacun rêve de gloire au milieu de la poussière, de la sueur et des sacs de frappe déchirés… Apollo donne sa chance à l’un d’eux. Et ça tombe sur Rocky.
Tout le film se base sur la philosophie et le mental du compétiteur, sur le courage et la valeur du combattant qui cours au suicide face à un boxeur professionnel. Tiraillé, Rocky va s’entrainer pour défendre l’honneur de la rue. Les phases d’entrainement sont devenues mythiques (à taper dans des carcasses d’animaux ou gravissant des marches dans Philadelphia) et se sont imposées comme des séquences incontournables au genre.
Les joutes verbales entre Rocky et son entraineur, sa copine et son ami révèlent un scénario ciselé, très intelligent et profond ! Eh oui rien que ça pour un film de boxe ! Rocky I est un chef d’œuvre sorti du cerveau de Sylvester Stallone et difficile de ne pas avoir la larmichette devant ce brave Rocky qui tiendra bien la distance lors du combat final ! Grandiose !
Rocky II : bon, Rocky n’a pas gagné contre Apollo Creed mais il lui a sérieusement tenu tête, jusqu’au 15ème round (les combats de fin de Rocky iront souvent jusqu’à 13-15 rounds, tatannant sévère). Et Rocky a gagner une fois de plus le respect de la foule car il a du cœur, de la rage et le respect de son adversaire, donc il incarne la beauté de la boxe et le véritable gagnant c’est donc lui.
Cet épisode reprend directement à la suite du premier numéro. Apollo réclame une revanche, mais Rocky n’a rien à prouver. Pendant ce temps, il va aller au zoo, se marier avec Adrian, se la jouer « Pretty Woman» dans la fameuse séquence de shopping ponctuée de la chanson éponyme du crooner Roy Orbison. Bref, il profite. Il s’entrainera un peu, une fois revenu à ses esprits, affrontera Apollo et les 2 tomberont KO ! Et Rocky se relèvera avant son opposant, faisant de lui le vainqueur.
Ne vous attardez pas, cet épisode sert a rien, développe la vie conjugale de Rocky et ne nous prendra pas du tout aux tripes. L’épisode le moins bon de la série, rien à en garder.
Rocky III – the eye of the tiger : auréolé de son statut de champion des poids lourds, Rocky boxe à tout va et profite de ses dollars, glandant, faisant de la pub, livin la vida loca de star du foot de nos jours… Il fait même un match d’exhibition face a Hulk Hogan, alors star du catch, qui fait bien 10 têtes de plus que lui et le malmènera sérieusement. Arrive le tueur Clubber Lang, joué par Mister-T, féroce et impitoyable, il défie Rocky, devenu l’icône de Philadelphie.
Rocky, c’est devenu la référence, l’icône de la baston, du mec qui se démène jusqu’à la fin, posé mais qui ne se laisse pas avoir en faisant appel à une force intérieur prodigieuse. Ils montent sur le ring et bien sûr Rocky se fait étalé, parce qu’il s’est entrainé n’importe comment pensant que la victoire était en lui, alors qu’il a renié la discipline martiale et le mental qui a fait de lui ce qu’il était devenu. Mickey l’entraineur crève d’une syncope dans les vestiaires pile pendant le match d’ailleurs, ce qui sera une des raisons de la défaite de Rocky. Mais surtout, c’est parce que l’étalon italien n’a plus : The Eye of The Tiger, le fameux œil du tigre, la rage au ventre, la flamme dans l’œil ! Oh Yeah !
Il va donc se faire entrainer par Apollo Creed, devenu son ami, un profond respect mutuel les liant. Même si Clubber Lang s’entraine comme un psychopathe enfermé à perpétuité, il est juste sauvage, alors que Rocky, lui, aura écouté la chanson mythique de Survivor et finira par l’étaler. Une grande leçon que cet Eye of the Tiger : mettre du cœur dans son œuvre, avoir la flamme pour aller au bout de son objectif, et surtout un très bon épisode plein de rebondissements.
Rocky IV : attention, le film de brutes style film d’action des années 80. Gavé de représentation reaganienne de la vie (les ennemis maléfiques de l’Amérique sont les Russes), cet épisode verra débarquer le Capitaine Drago joué par Dolph Lundgren pour démontrer la puissance de l’URSS. Entre des américains (Apollo et Paulie) pires qu’arrogants, convaincus de leur supériorité et des russes confiants dans leurs méthodes peu catholiques, résolus à écraser l’Amérique, laissez votre cerveau au vestiaire, il ne vous sera d’aucune utilité pour ce Rocky IV.
Et le numéro le plus musical ce qui en fait un de mes épisodes préfères ! Pas moins de 3 montages de Rocky s’entraînant ou ayant la rage dans sa voiture (un passage du tube de Robert Tepper – No easy way out, tout juste énorme). Rocky soulevant des troncs d’arbres dans la neige de Sibérie n’est qu’une parmi toutes les scènes un peu « cheesy » du film. Et y’aura même un robot amusant déboulant pour amuser la galerie, Rocky IV date de 1983, ça va avec l’époque !
Rocky V : le film le plus street cred’ de Rocky, un très bon épisode « retour aux sources » également. Rocky ni argent ni la santé pour boxer et la met même en danger s’il combat. Entouré d’Adrian (qui est ici au sommet de son personnage, empêchant son homme de trop dérailler) et de Paulie, Rocky s’assagi à mesure que son intellect chute. Et comme il ne s’est pas faire grand-chose d’autre de sa vie, il va entraîner un jeune plein d’espoir qui va vite tomber dans les mains de promoteur peu scrupuleux, qui veut juste se faire du fric sur un personnage prometteur mais pas l’aider.
Rocky enseigne les tripes de la boxe mais ne pourra retenir Tommy Gunn, attiré par les sirènes de la gloire et de l’argent promis par un agent crapuleux. Ingrat, Tommy, qui ne parviendra pas à se faire aimer pour ses combats victorieux (un élément qui reviendra souvent) revient titiller Rocky. Ne se démontant pas, c’est à l’arrière du bar, sous le métro qu’ils vont s’affronter et le vieux Rocky montre qu’il a ce qu’il faut pour calmer le jeune, puissant mais trop arrogant. Forcément la beauté séminale de la boxe l’emporte sur le jeune loup fougueux. Rocky donne ici à son public, une de ses plus belles victoires.
Rocky Balboa : l’épisode de trop ? Eh bien pas vraiment. Un épisode excellent, tout en mélodrame et mélancolie cette fois, avec un Sylvester Stallone qui prend son temps avec cette réalisation, abusant un peu trop peut-être de l’ambiance musicale pathétique. Forcément, Adrian est morte, son fils n’a plus vraiment de temps pour discuter avec son père figure mythique de Philadelphie, dont il vit un peu dans l’ombre. Argh !
Puis, Rocky va remonter sur le ring, pour bruler le dernier combat qu’il a au fond des tripes, face à Mason Dixon, champion invaincu mais que personne n’aime. Une simulation vidéo opposant les 2 champions donne la victoire à Rocky, ce qui pousse les 2 à s’affronter. Passation de pouvoir et de faveur du public plus qu’un vrai défi entre champions, cet épisode boucle la boucle sans gâcher le mythe. Une touche de drame apporte une note de sagesse et un testament d’un guerrier droit, valeureux, puissant et généreux, une véritable leçon d’humanité et de civisme !
La réalisation
Sylvester s’y colle sur les épisodes 2, 3, 4 et 6 et sinon c’est John G. Avildsen. Le bébé reste entre de bonnes mains et même si certains épisodes prennent un virage plus comique, plus tendre ou plus mélodramatique, il subsiste une certaine cohérence entre les épisodes. La progression de l’histoire, le montage, les thèmes restent les mêmes mais une évolution de la mise en scène permet d’apprécier ce plat réchauffé comme s’il venait d’être préparé. Rien qu’a voir Rocky Balboa le dernier film ou bien le IV, on voit bien que ce sont les thèmes et la force de l’histoire qui donnent leur dimension au film à chaque fois et non les éléments immuables : les acteurs, les étapes classiques, etc.
La musique
Comme dans tout grand film, la bande-originale et l’ambiance musicale sublime l’image. Pourtant, les BO embarquent des titres d’époque à chaque fois, ce qui peut faire daté au bout d’un moment. D’ailleurs, comme je l’ai dis plus haut, Rocky IV est presque sauvé par sa bande son qui le fait entrer par la grande porte dans le combat patriotique qui oppose les deux puissances et dans le retour à l’état sauvage de l’entrainement de Rocky. Sinon, le film aurait vraiment été insoutenable…
La reprise du thème funky de Rocky I « Gonna Fly Now« , qu’on entendra dans tous les numéros fait véritablement le lien. Et que dire de l’impact des « Living in america» chanté par James Brown dans Rocky IV, de « The Eye of the Tiger » par Survivor, ou les autres, qui donnent une dimension aussi large qu’un stade à Rocky ?
Il en faudrait des pages pour analyser la grandeur de cette fable populaire, pour faire ressortir tout le sens qu’on peut trouver à la saga Rocky. En termes de réalisation, la profondeur des personnages contrebalancés par leur simplicité sincère, font que ces contes sociaux sont beaucoup plus que des films de boxe, des films sur des Hommes qui se battent dans la vie ! C’est beau !