Culte du dimanche : Ben-Hur

ben hur culte

A l’occasion de sa sortie en blu-ray, revenons aujourd’hui sur le monumental Ben-Hur qui a fait de Charlton Heston une légende du cinéma américain. C’est certain, après ce péplum aux proportions titanesques, plus rien ne sera comme avant à Hollywood.

ben hur afficheIl était une fois un studio, MGM, qui s’apprêtait à mettre la clé sous la porte (déjà  à l’époque). Ne voulant pas partir dans l’obscurité, ses dirigeants tentent alors leur dernier coup : réaliser le film le plus cher de l’histoire du cinéma (à l’époque), un film qui marquera les esprits autant par le grand spectacle qu’il imposera que par les thèmes qu’il abordera. C’est donc sur le récit de Ben-Hur que va se pencher le studio. Peu de risques de ce côté, l’histoire adaptée du roman de Lew Wallace a cartonné pendant 20 ans à Broadway et a fait l’objet de deux adaptations cinéma (dont une muette en 1925 qui avait déjà un certain goût pour le grandiose). Et comme en plus le cinéma hollywoodien baigne à cette période dans les récit bibliques (le triomphe des Dix Commandements), Ben-Hur, sa vision du Christ et son message sur le pardon semblent tout indiqués pour ramener du monde dans les salles.

Désirant s’aventurer dans une fresque comme seul Cecil B. DeMille en avait le secret, William Wyler prend les commandes du projet. Et face au nombre record de récompenses du réalisateur, le studio devait déjà se frotter les mains en pensant à la future cérémonie des oscars. C’est donc parti, après 40 versions de scénario possibles, pour un tournage titanesque dans les studios italiens de Cinecitta. Des décors monumentaux seront construits comme l’immense stade prévu pour la course de chars ou encore le bassin dans lequel le réalisateur a pu filmer les galères. Une chose est sûre, le réalisateur va arriver à mener à bien un films aux proportions gigantesques de bout en bout sans oublier l’humain, mêlant ainsi adroitement la petite et la grande histoire.

Culte du dimanche : Ben-Hur

Mais avant tout, rappelons-nous un peu de ce qu’est l’histoire de Ben-Hur. A l’aube de la chrétienté, alors que Jésus prêche la bonne parole avant la crucifixion, le prince de Judée Judah Ben-Hur retrouve son ami d’enfance Messala devenu lui tribun de Rome, commandant aux armées en place en Judée. Mais malgré toute l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre, leur loyauté envers leurs peuples respectifs ne peuvent alors plus faire d’eux des amis. Et lorsqu’un accident arrive, manquant de tuer le gouverneur romain, Messala n’hésite pas à exiler Ben-Hur et à mettre sa mère et sa sœur au cachot. Ben-Hur jure alors de revenir se venger.

Culte du dimanche : Ben-Hur

Ainsi, le récit dégage des thèmes forts et intimistes comme cette amitié trahie, ensuite représentative de la lutte entre deux peuples et deux idéaux. Cet aspect intime est d’ailleurs renforcé par la photographie du film qui n’hésite pas à jouer sur les ombres (en particulier cette représentation de la mère et la sœur touchées par la lèpre) et cadrages proches des acteurs, révélant ainsi tout le jeu intense de Charton Heston et Stephen Boyd. William Wyler arrive ainsi à nous intéresser aux personnages et à nous entraîner dans une histoire plus grande, plus épique.

Culte du dimanche : Ben-Hur

A ce titre, il est impossible de ne pas évoquer la légendaire course de chars de Ben-Hur. Par l’ampleur du décor, son découpage et son réalisme (Heston ne fut doublé qu’à de rares instants), elle est depuis restée dans les anales du cinéma et est même devenue une référence (Star Wars Episode 1 en est la plus célèbre déclinaison). Pendant plus d’une vingtaine de minutes on reste accroché à son fauteuil avant de voir Ben-Hur en sortir grand vainqueur, au prix de la vie de son ami d’enfance à qui il finira par pardonner.
Mais cette course n’est pas le seul grand moment de Ben-Hur et l’on retiendra également facilement la séquence de la galère. Un moment étouffant que le spectateur partage avec les esclaves qui rament pour leur vie au rythme qui s’accélère sous les ordres romains.

Culte du dimanche : Ben-Hur

Mais face au côté épique qui était sûr de rencontrer le succès, il y a un sujet plus casse-gueule qui occupe tout le film. En effet, la dimension religieuse est omniprésente. De la naissance du Christ à sa crucifixion, le parcours de Ben-Hur croisera à deux reprises la vie de Jésus. Un pari risqué pour Wyler qui choisi de ne jamais montrer le visage du fils de Dieu, préférant montrer la réaction du public à son apparition. Cet aspect religieux fortement prononcé peut ainsi facilement braquer les spectateurs, pouvant prendre cela pour de l’endoctrinement. Mais au fond, le message est simple et reste une simple incitation au pardon, le pardon à un ami pour nous avoir trahi.

Culte du dimanche : Ben-Hur

Évidemment, avec un budget de production aussi pharaonique, il était indispensable pour la MGM de rentrer dans ses frais. Elle a donc tout fait en terme de marketing (Charlton Heston présent dans les files d’attente, …) pour que le film soit un succès. La suite, on la connait, le film devient une légende, le plus gros succès au box-office de tous les temps pour l’époque et un triomphe aux Oscars, remportant 11 statuettes (dont meilleur film, réalisateur, acteur, musique, …) sur 13 nominations (record jamais surpassé et égalé seulement par Titanic et le Retour du Roi). Impossible déterminer l’influence qu’a pu avoir le film sur les générations suivantes mais c’est bien de là qu’Hollywood tient son envie d’aller vers des films toujours plus grandioses.

Culte du dimanche : Ben-Hur

Aujourd’hui, grâce à Warner, le film sort donc en blu-ray dans une version entièrement restaurée (la plus chère de l’histoire) pour rendre au film sa gloire d’antan. Le travail qui a été fait sur les images est impressionnant pour un film de cette époque et on s’aperçoit alors que le film vieilli plutôt bien. On pourra juste reprocher la qualité du son qui, partant d’une bande mono, n’arrive pas à se montrer pleinement à la hauteur dans les scènes épiques. Mais en plus du film qui prend la place de deux disques dans le magnifique coffret métal, on peut aussi découvrir un livret photo et un 3e bluray bardé de bonus.
Culte du dimanche : Ben-HurAinsi on y retrouve le Ben-Hur muet et noir et blanc (avec quelques colorisations) de 1925 qui n’a rien à envier à la version de Wyler, en particulier pour sa course de chars, un documentaire d’1h20 sur la vie de Charlton Heston pendant le tournage de Ben-Hur, un second documentaire d’une heure sur l’impact de Ben-Hur à Hollywood et un troisième documentaire sur le tournage du film. Ajoutez à cela quelques curiosité comme des essais des acteurs (on y retrouve Leslie Nielsen dans le rôle de Messala), des journaux d’époque, des extraits de la cérémonie des oscars, … Bref, que des bonus intéressants. Et pour finir, vous aurez aussi dans le coffret le film sur 2 dvd et un CD de la bande-orignale du film composée par Miklós Rózsa. Bref, un coffret aussi grandiose que la légende du film.