Contagion, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Le monde n’est plus à l’abri, Steven Soderbergh contamine son casting 5 étoile d’une malade rapide comme l’éclair. De quoi ressortir parano de ce thriller efficacement mené.

Steven Soderbergh est un réalisateur éclétique qui peut s’attaquer aux casinos de manière très classe tout comme s’embringuer dans quelque film un peu underground voir à de la SF ou du film de société. Riche d’une carrière atypique alternant grosses et petites production, il fait un peu ce qu’il veut, insaisissable. Mais il y a toujours une identité qui lui est propre, celle de capter directement ce qu’il se passe avec un certain recul. Avec Contagion, on est donc loin du film appelle les militaires en renfort, des histoires de familles poignantes pour faire pleurer dans les chaumières.

Car la véritable star de Contagion, ce ne sont ni les bons sentiments ni son casting hors norme, c’est simplement la maladie. Dès le début du film, Sodherberg donne le ton, découpé, centré sur les détails mais surtout n’hésitant pas à sacrifier l’une des stars annoncées du cast. C’est clair, il ne vaut mieux pas s’attacher aux personnages car tout le monde peut y passer, alors le réalisateur prend du recul et filme son histoire de manière froide, détachée, pour mieux nous rendre attentifs à ce qui est décrit.

Oui, c’est bien le virus qui est au centre de l’histoire. Pas une scène ne se déroule sans que nous y pensions. Avec un rythme qui laisse peu de temps pour se reposer, appuyé par la musique percutante de Cliff Martinez, Soderbergh ne nous lâche pas une seule seconde et nous fait suivre les destins de différents personnages liés à ce virus, de la famille aux scientifique. Toute la procédure à suivre en cas de pandémie mondiale est ici décortiquée avec soin pour que nous sachions exactement de quoi il retourne, allant même parfois assez loin dans le jargon scientifique. Les personnages ne sont donc que des points d’accroche pour savoir ce qu’il se passe.

Du coup, le film peut paraitre assez froid, clinique. C’est certain, il manque d’humanité et les personnages sont assez peu développés dans ce sens. Mais ce n’est pas non plus le but de Soderbergh qui ne cherche pas à faire un films de personnages mais bien un thriller paranoïaque. Et de ce côté, Soderbergh se montre sacrément efficace et nous montre bien que le compteur (de minutes aussi bien que morts) tourne.
Mais il y a une autre contagion dans ce film. Si la maladie est la menace principale, il y en a une autre qui guète à chaque instant, c’est la panique. La rumeur (personnalisée par un Jude Law qui en fait peut-être un peu trop) se répand aussi vite que le virus et nous montre bien que celui-ci n’est peut-être pas le pire des ennemis. Il règne alors pendant le film est même en sortant un climat de paranoïa latent qui se révèle bien plus fort qu’après une campagne de vaccination du gouvernement.

Malgré tout, il faut bien s’attacher un minimum aux personnages pour suivre l’intrigue. Avec la famille de Matt Damon d’un côté ou l’histoire de Laurence Fishburne nous avons tout de même droit à quelque scènes intimistes intéressantes pour que le film recèle un minimum d’humanité. Si elle n’est pas poussée, elle n’en est donc pas moins présente pour nous montrer la survie dans monde souffrant d’une pandémie. Mais la maladie reprend très  vite ses droits.

Au final, Contagion, plus qu’un film de virus comme Alerte mettant l’humain en avant, préfère nous montrer toute la machinerie qui se mettrait en place en cas de pandémie internationale. On pourra reprocher à Soderbergh de rester très distant mais et d’oublier les stars de son casting mais c’est pour mieux s’occuper de son sujet : la contamination. Contagion est donc surtout un thriller sacrément efficace qui à de quoi nous rendre assez parano à la sortie de la salle.