Culte du dimanche : Danse avec les Loups

Par Fredp @FredMyscreens

Aujourd’hui, retour en territoire indien avec le film de Kevin Costner aux 7 Oscars : Danse avec les Loups, film culte et leçon d’humanité touchante qui a bercé les années 90.

Dans les années 80, Kevin Costner mène une carrière d’acteur modeste qui culmine surtout avec Les Incorruptibles de De Palma. Un jour son ami Michael Blake lui tend le scénario de Danse avec les Loups qu’il décide de réaliser. Mais auparavant, il lui conseille d’en faire un livre afin de réunir plus facilement le budget nécessaire. Produire le film ne sera d’ailleurs pas facile, d’une part parce que Costner souhaite faire parler les indiens dans leur langue natale, le Lakota, et d’autre part car le film est d’une longueur exceptionnelle (3 heures pour la version cinéma). Les investisseurs voient mal comment ils pourront rentrer dans leurs frais, d’autant plus que le réalisateur demande le final cut.

Malgré tout, Costner arrive à réunir les fonds nécessaires et à obtenir gain de cause pour tout ce qu’il souhaite mettre en scène. Il part alors tourner son film en décors naturels dans le Dakota du sud. Ici il peut filmer à loisir cette histoire se déroulant durant la guerre de sécession, où le lieutenant John Dunbar est muté pour s’occuper d’un avant-poste dans l’ouest sauvage, à la limite du territoire Sioux. Petit à petit il va apprendre à connaitre ses nouveaux voisins et va même intégrer la tribu.

L’histoire est au fond plutôt classique mais fonctionne toujours, surtout quand elle est bien racontée. En effet, la découverte d’un autre peuple plus proche des valeurs authentiques de la famille et de la nature est une constante des grandes histoires, de Pocahontas à Avatar. Ici Costner s’attache aux indiens avec beaucoup d’humanité, nous découvrons leurs coutumes, leur langage, leur manière de chasser, leurs valeurs dans un récit qui prend le temps de s’installer et nous immerge de plein pied dans cette culture. Dunbar qui était suicidaire au début du film y réapprend l’amour et l’amitié.

L’histoire est profondément intimiste et se déroule bien souvent autour de dialogues au coin du feu, calumet à la bouche. Mais Costner n’en oublie pas pour autant la dimension épique de la fresque. Le morceau de bravoure du film restera bien entendu cette impressionnante chasse au bison, portée par la magnifique partition de John Barry inspiré par les grands espaces. Bref, Costner porte à l’écran du grand cinéma comme on n’en voit que rarement, un western complètement différent de tout ce qui a été fait.

Évidemment, face à la « bonté»  des Sioux, Costner met en relief la sauvagerie des colons, ceux qui n’hésitent pas à s’entretuer ou à exterminer des bisons juste pour leurs peaux, les laissant pourrir sur place là où les indiens les traitent avec honneur jusque dans la mort ou ceux qui se torchent avec un journal plutôt que de le lire. Alors oui, toute a vérité historique n’est pas complètement retranscrite (les Sioux ont eux aussi repoussé d’autres tribus pour étendre leur territoire l’arrivée des nouveaux américains) mais le message délivré par le film est puissant, jusqu’à la séparation finale. Les indiens, sont tous bien plus touchants et authentiques (grâce au Lakota utilisé justement) que les américains et on se verrais plus parcourir les plaines aux côtés d’Oiseau Bondissant et Cheveux au Vent.

Face à la durée du film, les distributeurs ont pris leurs précautions et n’ont sorti le film que dans quelques salles. Mais les critiques sont enthousiastes quand à la beauté du film et le public accroche au discours humaniste. Petit à petit Danse avec les Loups sera diffusé dans un nombre de salles croissant pour rencontrer le succès que l’on connait. Un succès qui sera amplifié par le triomphe du film aux Oscars où il repart avec 7 statuettes dont meilleur film, réalisateur, scénario ou encore musique. Kevin Costner passe alors au statut de superstar et pourra profiter d’une liberté totale pendant la première moitié des années 90, jusqu’au plantage de Waterworld.