Êtes-vous prêt à passer votre nuit en boite ? Tomer Sisley ne le voulait pas mais va devoir y tourner en rond malgré lui dans Nuit Blanche.
Un flic pique un sac de coke. Les mafieux ne sont pas content et kidnappent son fils. L’échange doit se faire dans une boîte de nuit mais rien ne va se passer comme prévu. Le pitch peut donner envie. D’ailleurs il a été acheté par les américains pour en faire un remake. Seulement voilà, Frédéric Jardin n’est pas Michael Mann et nous fait tourner en rond pendant 98 longues minutes.
Il n’y a pas à dire, le pitch de départ est bon, accrocheur, et annonce un film d’action survitaminé en lieu clos qui peu facilement se révéler d’une redoutable efficacité. D’autant plus quand on sait que Tomer Sisley est, depuis Largo Winch, capable de porter un film sur ses épaules et très crédible dans des rôles d’action. Pourtant ici, ça ne fonctionne vraiment pas. A force d’étirer toutes ses séquences en longueur, le film devient rapidement plutôt lourd.
Si le film est plutôt lourd c’est en particulier à cause d’un scénario assez mal écrit. L’idée de cette unité de lieu est bonne, cette immense boite de nuit dirigée par un mafieux est bien posée mais très vite on tourne en rond dedans. La faute à un récit qui fait retourner le personnage principal sur ses pas sans arrêt (pour aller chercher une valise, un flingue, …), si bien qu’on doit avoir fait 10 fois le tour de la boite à la fin du film. Du coup, jamais l’histoire n’avance, trouvant toujours une fausse excuse pour revenir en arrière, et on a bien l’impression de tourner en circuit fermé. Une grossière erreur qui aurait pu être évitée si le récit s’orientait plutôt vers une recherche du fiston jusque dans les coins les plus reculés de l’établissement, pièce après pièce.
Non content de faire tourner son histoire en rond, Frédéric Jardin a aussi un petit problème de coupe. Le réalisateur veut tellement tout garder et ne rien couper que certaines scènes trainent inutilement en longueur. Comme cette bagarre dans les cuisines de la boite qui est certes bien chorégraphiée et impressionnante quand aux coups portés mais qui n’en finit pas. Elle lasse plus qu’elle ne passionne. Il en sera de même pour la fin qui aurait pu être bien plus écourtée en évitant un carnage qui ne sert à rien dans la conclusion. A force d’étirer le film, ça ne prend plus et il en est de même pour l’humour où les blagues ou gags involontairement drôles deviennent plutôt lourd (un gars de mauvaise humeur au billard ou cette chinoise qui suivra le héros comme un petit chien).
Côté personnages on n’est pas vraiment mieux servis car à côté de Tomer Sisley qui fait bien le boulot, c’est un alignement de personnages clichés ou insuffisamment fouillés. Ainsi, Serge Riaboukine incarne un grand chef mafieux corse en surjouant toutes ses phrases pour se donner la consistance du méchant de téléfilm (bref, tout ce qu’il ne faut pas faire), alors que Laurent Stocker ne fait que passer (son personnage méritant d’être pourtant plus développé pour mieux comprendre ses actions). On retiendra en fait plus les bonnes répliques sorties par Joey Starr que le personnage profondément cruche de la stagiaire.
Bref, on ne retiendra pas grand chose de cette Nuit Blanche qui s’éternise inutilement. Dommage car le pitch était prometteur pour suivre un huis-clos d’action efficace. Mais on peut penser que le futur remake américain comblera ces lacune, à moins qu’un film coréen ne reprenne lui aussi cette histoire prochainement avec plus de rage.