De : George Clooney.
Avec : Ryan Gosling, Philip Seymour Hoffman, George Clooney, Marisa Tomei, Paul Giamatti, Evan Rachel Wood, Max Minghella, Jeffrey Wright, Hayley Madison...
Genre : Thriller.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 35.
Date de sortie : 26 octobre 2011.
Synopsis : Stephen Meyers est le jeune mais déjà très expérimenté conseiller de campagne du gouverneur Morris, qui se prépare pour les élections à la présidence américaine. Idéaliste et décidé à faire honnêtement tout ce qu’il peut pour faire gagner celui qu’il considère sincèrement comme le meilleur candidat, Stephen s’engage totalement. Pourtant, face aux manipulations et aux coups tordus qui se multiplient vite, Stephen va devoir faire évoluer sa façon de travailler et de voir les choses. Entre tentations et désillusions, les arcanes du pouvoir le transforment…
Bande annonce française
En temps normal, j'ai un peu de mal avec les films politiques. C'est pas que je ne m'y intéresse pas (bien au contraire j'essaie même de plus en plus de m'informer histoire de ne pas être trop paumé) mais au cinéma, je trouve que c'est souvent un genre un peu chiant avec un scénario brouillon qui me perd bien souvent en cours de route. Pourtant, "Les marches du pouvoir" me tentait par curiosité surtout parce que le casting me plaisait bien et que je trouvais l'affiche intelligente.
Heureusement pour moi, je n'ai pas été déçu. Le scénario écrit par George Clooney, Grant Heslov et Beau Willimon (d'après l’œuvre de ce dernier) est très intelligent et à aucun moment je n'ai été perdu en route. Toute en simplicité, le scénario se veut efficace en nous emmenant là où il le souhaite sans en faire des tonnes, en restant ainsi classique dans sa forme mais plutôt fort dans son fond. Je n'ai pas vu la pièce de théâtre d'origine de Beau Willimion donc je vais éviter toute comparaison mais en tout cas j'ai vraiment trouvé le scénario passionnant. Dès les premières secondes, on se retrouve entrainé dans cette histoire politique où la tension se fait sentir de plus en plus fort et nous tient en haleine jusqu'au dernier plan. J'ai trouvé ça très intéréssant de voir l'évolution de Stephen Myers, notre personnage principal, dans le monde politique. Il à un certain bagage derrière lui mais j'ai trouvé vraiment percutante l'histoire de cette homme impliqué dans une campagne électoral qui va tout faire pour avancer selon ses convictions tout en ayant conscience des différentes règles du jeu et qui petit à petit va se retrouver broyer par une machine qu'il ne contrôle plus le renvoyant à la dure réalité des faits au point de finir dans le même moule que tout ceux qui l'entoure. C'est assez fort je trouve de voir dans ce milieu comment un simple détail (ici une rencontre dans un bar) qui va prendre des proportions énormes. Le scénario dénonce aussi tout un système politiciens où le mensonge et la manipulation est un art. D'ailleurs, le film se passe aux États-Unis mais il pourrait très bien se passer ailleurs et alors qu'en France, au moment où j'écris ses lignes, on sors d'une primaire au parti socialiste qui à fait couler beaucoup d'encre, j'ai été surpris de ressentir que cette histoire n'as pas de frontières et qu'elle aurait très bien pu se passer ici. L'influence des médias, l'interprétation de chacun etc etc tout y est montré avec une bonne justesse je trouve tout en dénonçant de façon intelligente les ambitions personnelles de chacun. En effet, derrière toutes ses machinations, on ne peut constater qu'impuissant que derrière toutes ses belles paroles, derrière tout ses coups bas, malgré toutes les promesses, c'est le peuple qui subit. J'ai d'ailleurs particulièrement aimé la scène de la manifestation avec la pancarte qui marque grosso modo "je vote pour celui qui me donne à manger". Derrière tout ça, le peuple n'est plus que simple spectateur, manipulé, à qui ont vend du rêve et prend alors une importance anodine. On veut plus convaincre d'autres politiciens de faire des alliances afin d'atteindre son ambition pendant que devant les caméras on se pavane d'un sourire de façades faisant penser qu'on détient toutes les solutions miracle. Après, dans sa forme, le scénario reste assez classique mais c'est justement ce qui le rend efficace car il ne nous perd pas en route, va directement au but et nous permet réellement de nous intéresser au fond (que j'ai apprécié) sans jamais nous déstabiliser.
Après "Blue valentine", "Crazy Stupid Love" et "Drive", il n'y à rien à dire, 2011 reste l'année de Ryan Gosling qui dans "Les marches du pouvoir" nous livre une très bonne interprétation de Stephen Myers. J'étais pas spécialement fan de l'acteur les premières fois que je l'ai vu au cinéma mais cette année il m'aura vraiment bluffé et avec ce film il continue de me montrer l'étendu de son talent. Je l'ai vraiment trouvé très bon et j'ai beaucoup aimé l'évolution qu'il va réussir à donner à son personnage. On voit bien la différence dans son jeu entre ses premières scènes où on ressens presque de l'innocence voire de la naïveté en lui malgré une intelligence certaine avant de le voir plus sombre, plus profond, plus dur au fur et à mesure que le système s'acharne sur lui. Charmant, il est surtout très charismatique et tient bien le haut de l'affiche. A ses côtés, j'ai bien aimé aussi la prestation de Philip Seymour Hoffman dans le rôle de Paul Zara. Le comédien est toujours aussi bon, il se fond toujours dans la peau de son personnage et lui aussi cache bien son jeu je trouve capable d'être à la fois drôle au point qu'on aimerait l'avoir comme pote mais aussi très dur lorsque son avenir se voit obscurcit. Un peu plus en retrait devant la caméra, George Clooney est très efficace aussi dans la peau du Gouverneur Mike Morris qui cache bien son jeu. On voit ainsi que l'acteur est capable de bien s'adapter aussi. Très charismatique, il s'impose à l'écran uniquement quand c'est nécessaire et j'ai beaucoup aimé au final que ce personnage ne soit pas trop mis en avant surtout que ça accentue à mes yeux le fait qu'il se bat surtout pour sa propre ambition, le plus gros du travail étant fait en amont par son équipe. Paul Giamatti en Paul Duffy est lui aussi excellent. Je pense qu'on aurait pu lui donner un peu plus d'importance dans cette intrigue mais le comédien s'en sors remarquablement et même si il n'est là que pour quelques apparitions, il fait bien son job et marque le film de sa présence. Derrière ce quatuor, le reste de la distribution reste elle aussi très bonne chacun restant à sa place sans en faire des tonnes. Je retiendrais surtout Marisa Tomei dans le rôle de Ida Horowicz (qui est une actrice que j'apprécie énormément et qui est très bonne ici), Evan Rachel Wood dans le rôle de Molly Stearns (très émouvante, j'ai aimé son approche du personnage et son rôle dans cette intrigue) ainsi que Jeffrey Whright dans la peau du sénateur Thompson (froid, il représente bien tout ce que l'on peut détester en politique). Seul Max Minghella en Ben Harper m'as pas toujours convaincu. Pas au point de me faire sortir du film mais j'ai trouvé qu'il n'était pas toujours convaincant et qu'il faisait parfois un peu léger devant la force de ce casting même si ce n'est que mon point de vue.
Ça peut paraitre surprenant car c'est un acteur qu'il m'arrive de bien apprécier mais à ce jour, c'est la première réalisation que je vois de George Clooney et là encore, je ne suis pas déçu. Très sobre, sa mise en scène n'est jamais tape à l’œil. Mieux encore, elle bénéficie d'une photographie vraiment très belle qui donne une profondeur à son propos. Dans son long métrage, on ressens que la réalisation et le jeu des acteurs ne sont que des outils. Ils ne sont pas là pour être mis en avant mais vraiment pour servir le sujet et tout en respectant sa feuille de route, George Clooney nous emmène là où il veut. Après, bien sûr on peut reprocher à l’œuvre qu'il n'y à pas eu une grande prise de risque mais pour ma part, cela ne me dérange pas bien au contraire cela m'as permis de rester concentrer sur cette histoire que j'ai trouvé passionnante. Niveau rythme, le film possède quelques lenteurs mais à aucun moment je n'ai ressenti une quelconque forme d'ennui. J'ai trouvé plutôt le suspense très efficace et j'ai été surpris de ne pas voir le temps passé alors qu'en temps normal une nouvelle fois, ce genre de film à plutôt tendance à m'endormir. Parmi les plans qui m'ont marqué, j'ai beaucoup aimé la scène d'ouverture et celle de fin ainsi que celle dans la cuisine. Elle sont très forte et j'ai beaucoup aimé ce que j'ai ressenti en les voyant. Elles sont d'ailleurs elle aussi un parfait exemple de l'excellent travail qui à été fourni au niveau de la lumière et qui amplifie la beauté des images. Comme je dis plus haut, je n'ai pas vu la pièce de théâtre d'origine donc je ne peux pas juger mais je reste quand même véritablement curieux de voir comment un sujet aussi fort avec autant d'élément à t'il été mis en scène au théâtre (un jour peut être ;-) ). La musique composée par Alexandre Desplat est magnifique sinon. Le compositeur nous livre encore une très bonne bande originale et même si ce n'est pas sa meilleure composition, j'ai beaucoup apprécié ses différentes musiques qui mettent bien en avant le film sans pour autant l'étouffer en rajoutant des tonnes. Elles ne véhiculent pas les émotions (le sujet se suffit à lui même) mais sers vraiment à embellir le film, à l'habiller de très belle manière sans se faire trop ressentir.
Pour résumé, "Les marches du pouvoir" fut une très bonne surprise. J'y suis allé par simple curiosité avec la crainte de m'ennuyer et je me suis retrouver face à un film politique fascinant et en même temps angoissant par moment quand on pense à la situation actuelle dans le monde (il suffit de voir à la télévision une séance à l'assemblée nationale et écouter ceux qui nous dirige tout partis confondus pour voir que le film n'est pas très loin de la vérité même si ça reste une fiction...). C'est très classique mais le fond et la forme est bien travaillé à mes yeux. Le scénario est intelligent, l'interprétation des différents comédiens très juste et la mise en scène de George Clooney efficace au point d'ailleurs qu'il va vraiment falloir un de ses quatre que j'essaie de voir d'autres réalisation de lui. Bref, j'ai passé un bon moment et même si c'est pas le genre de film dont j'abuserai, je le reverrais volontiers. Pour quelqu'un comme moi qui s'intéresse à la politique vraiment un minimum, j'ai trouvé ce film très prenant et j'ai passé un bon moment sans me prendre la tête pour autant. A voir.