Quand une comédie française bardée de trentenaires comme Incognito squatte la télé : on en vient à prier pour une intervention divine de Saint Judd Apatow. Surtout quand c’est un chanteur presque muet qui est en tête d’affiche.
Trouver un film pas très bon mais qui donne envie d’en dire quelque chose, ça n’est pas simple. Mais comme passait ce lundi sur M6, la comédie de 2008 Incognito, le but de ma chronique s’est rappelé à moi illico. Après tout, MyScreens.fr, c’est tous les écrans !
Basé sur le trio Bénabar-Frank Dubosc-Jocelyn Quivrin, Incognito met en images un contrôleur de la RATP devenu une vedette grâce aux chansons d’un autre. Reposant sur les épaules du susurreur gaucho Bénabar qui fait ses débuts au cinéma, la comédie surfe sur la feel-good vibe que les français ont réussi à apporter aux comédies (style Bienvenue Chez les Ch’tis, d’ailleurs on retrouve Anne Marivin dans Incognito, même année que la comédie qui sent la frite).
La recette est donc réemployé comme de la béarnaise étalée sur une bonne vielle semelle de Doc Martens : un névrosé tout coincé à tête de cul mais sympa, un trublion parasite horripilant qui vit pour emmerder la vie de son pote et un mec ordinaire sans relief au centre de l’histoire mais qui n’apporte pas grand chose (la devinette est facile).
Dans le texte donc, Bénabar est Luka, trentenaire bien sous tout rapport qui devient une vedette de la pop music, le jour où il tombe sur le carnet de superbes chansons écrites par un défunt vieux pote. Ayant quand même gardé dans les pattes son pote branloss sangsue acteur râté Francis, il devra tout mettre en œuvre pendant 3 jours pour que son pote revenu d’entre les morts ne découvre pas qu’il est maintenant une star, grâce à lui.
Aiaiaiee ! Ca sent bon la situation cocasse virant aux interminables séquences embarrassantes gravitant vers des quiproquos dignes de Marivaux ! Sans le sentiment de coolitude très Seth Rogen qui suppure tant bien que mal du film, on aurait été plus avisé de regarder des passants trébucher dans des flaques d’eaux un dimanche aprem, c’eût été plus marrant !
En effet, Frank Dubosc dans le rôle du lourdingue (presque pire que Titoff dans L’Incruste, fallait pas le laisser entrer !) en fait des caisses chiantes : il y est ultra reloud, on a juste envie de lancer des boules de bowling sur l’écran à chacune de ses scènes horripilantes) ; Bénabar y est aussi extraverti que son chant est digne de celui de Freddy Mercury (en gros il force les traits alors qu’il est manifestement autant à l’aise qu’un singe en hiver) ; et Jocelyn Quivrin incarne presque à merveille le mec shooté qui entrave que dalle (on voit bien qu’il est venu faire coucou dans ce film).
Incognito, s’il part sur un schéma simpliste avec des personnages attachants mais caricaturaux, a quand même du mal à aller au-delà de lui-même ! Le héros se fera rattraper par sa conscience dans sa fuite en avant alors qu’il se débat avec ses crises de nerfs. Mais la présence de vrais talents comme Isabelle Nanty (à la limite quand même de la grosse caricature grasse de l’agent d’artiste), Virginie Hocq, François Damiens, permettra de regonfler la comédie legit’.
A l’image de Jean de la Fontaine, le défi de la semaine dernière, le film fait pile poil ses heures d’intermittence afin de permettre à ses collaborateurs de faire valoir leurs droits. Pas une once d’originalité ne s’échappera pour faire taire la ressemblance avec un énième téléfilm avec Mimie Mathy ou bien Claire Keim dans « tempête dans la cuisine du restaurant du Cap-Ferret« . Et puis Bénabar en Rock Star… ahem, difficile à avaler !
Certes, les comédies américaines ne sortent pas aisément des sentiers battus et sont surtout rendu insoutenables par leur humour vulgaire et leur moral, mais quand même y’a du bon cette dernière décennie (regardez Just Friends avec Ryan Reynolds ou encore le cultissime 40 ans toujours puceau).
Bref, j’ai regardé une comédie française sur M6…