Les Adoptés, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Première réalisation pour Mélanie Laurent. Évidemment elle était attendue au tournant, mais force est d’admettre qu’avec Les Adoptés, l’actrice-chanteuse ajoute une corde de plus à son arc.

Mélanie Laurent n’en fini pas de s’essayer à tous les domaines artistiques. Après son métier d’actrice, elle s’essaie donc à la chanson. Et malgré les critiques plus ou moins justifiées (nous ne débattrons pas de la qualité de son album ici), elle persiste et se lance cette fois dans la réalisation. Ce n’est pas la première fois qu’elle passe derrière la caméra puisqu’elle s’est déjà essayé au court-métrage, terrain d’entrainement parfait avant se lancer sur le format long.

Inutile de dire que beaucoup redoutaient cette première réalisation, craignant que la réalisatrice signe une histoire la  mettant en vedette et appuyant trop fort sur les sentiments dans un cadre bobo. Finalement il y a un petit peu de ça mais jamais de trop. Mélanie Laurent trouve le ton juste pour une histoire assez difficile qui ne marquera pas grandement les esprits mais se révélera relativement touchante.

Les Adoptés parle donc d’une famille de femmes, une mère et ses deux filles inséparables. Jusqu’à ce que l’une d’elles trouve l’amour, remettant alors en question toute la dynamique du groupe, chacun essayant de retrouver une place jusqu’à ce qu’un incident remette encore tout en question. Un récit intimiste qui correspond bien à la personnalité de Mélanie Laurent et nous rappelle parfois les qualités d’un film indé US, à la fois par ses personnages, quelques situations où les larmes suivent les sourires mais aussi par l’esthétique travaillée du film.

Mélanie Laurent signe avec les Adoptés un récit tendre, trainant souvent en longueur, mais qui n’étreint pas le spectateur de manière forcée. Sur un sujet difficile qui aurait pu être sacrément casse-gueule, elle arrive à jouer en finesse pour ne pas trop tomber dans le pathos. Du coup, si le film n’est pas spécialement original, il n’est pas non plus honteux et permet à sa réalisatrice de montrer qu’elle maitrise son sujet et arrive à adopter un ton qui lui est personnel. On ressent aussi cet objet intime dans l’esthétique du film. Des cadres travaillés, une lumière agréable permettent d’avoir un film à l’image de grande qualité, qui met les personnages et leurs sentiments en valeur. Et la musique pop mélancolique ne fait que renforcer cette impression.

Devant la caméra, évidemment, Mélanie Laurent s’octroie un rôle conséquent et, alors que certain(e)s réalisateurs(rices) se mettant en scène ont tendance à mal se diriger (donnant l’impression de trop se regarder), elle reste naturelle et n’en fait jamais de trop, seules les images la montrant guitare à la main sont peut-être de trop. Mais elle a surtout l’humilité de faire passer devant elle le couple phare du film dont se dégage indéniablement la personnalité et la fraicheur de Marie Denarnaud qui porte le film et le récit même lorsqu’elle n’est pas présente à l’écran.

Au final, avec Les Adoptés, Mélanie Laurent réalisatrice évite tous les écueils que l’ont pouvait attendre de sa première réalisation. Si ce film n’est pas exempt de défauts (originalité, lenteurs et quelques lourdeurs), il reste tout de même un objet secret bien travaillé et assez touchant.