Après ses égarements avec des films pour enfants, Luc Besson revient avec une histoire forte. Celle d’une femme au destin et au combat exceptionnels : Aung San Suu Kyi. The Lady est une fresque qui redore un peu le blason de son réalisateur mais qui permet surtout de prendre conscience du monde dans lequel on vit.
Depuis 10 ans on pensait avoir complètement perdu Luc Besson. Celui qui nous avait offert Léon et Nikita nous a sorti des productions d’action à la chaine et s’est embringué dans les films d’animations pour mômes qui n’ont pas vraiment ravi les enfants. On était donc loin de penser qu’il pourrait à nouveau nous offrir un film comme il sait pourtant bien les faire. Heureusement, Michelle Yeoh s’est présentée à lui avec un projet qui ne pouvait que lui parler, l’histoire d’une femme dotée d’une force intérieure indéfectible. En s’attaquant à la destinée du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, Luc Besson trouve donc un sujet aussi passionnant que poignant, d’autant plus que la fin de l’histoire est loin d’être encore écrite.
Pourtant le film commence mal, très mal même. En traitant l’histoire d’Aung San Suu Kyi, Besson commence évidemment son récit par le massacre de son père qui avait négocié l’indépendance de la Birmanie. Et les vieux démons le reprennent. Besson filme ce massacre comme si il filmait un nouveau Léon. Un style de réalisation qui ne correspond pas du tout au sujet et du coup fait assez peur de ce qu’il peut faire du récit. Heureusement, il se reprend ensuite et fini par adopter un style plus posé qui sied mieux à l’histoire mais il faudra vraiment attendre l’assignation de la militante pour la démocratie pour se laisser emporter dans le film.
En effet, dans la première partie, Luc Besson reste fidèle son style et manque clairement de subtilité tout en ignorant l’histoire et le contexte de la Birmanie. En donnant un visage au général qui dirige la junte birmane, il donne au récit un aspect manichéen typique de son cinéma et reste en permanence à la surface des évènements. Jamais le fond du message politique ne sera abordé et le débat intérieur d’Aung San Suu Kyi avant de s’engager dans la vie politique n’a pas lieu d’être. On passe ainsi directement de la femme au foyer à son émouvant discours pour la démocratie devant des milliers de militants en un clin d’œil en ne comprenant pas vraiment les raisons de son engagement.
C’est donc à partir du moment où elle est assignée en résidence, sans contact extérieur, mais toujours habitée par une foi inébranlable dans son combat que le récit commence à prendre. Face à l’horreur qu’elle doit subir, à la solitude qui peut la gagner, loin de sa famille, son impossibilité d’agir, on comprend alors tout ce qu’elle représente. Le combat d’une femme est le combat d’une nation. Mais c’est aussi le combat d’une famille. Séparée de ses proches, le combat n’en est que plus difficile, en particulier quand son mari sera atteint d’un cancer et qu’elle ne pourra pas être auprès de lui.
Besson arrive ici à retranscrire avec émotion l’histoire d’une famille qui fait passer son combat idéologique avant son bien-être. Grâce à la force qui se dégage de la lutte ces personnes qui ont tout donné pour la paix et la liberté d’un peuple, Besson ne verse pas dans le pathos mais nous touche sincèrement. On comprend bien la force qui habite Aung San Suu Kyi et nous prenons alors conscience des sacrifices que font certaines personnes hors du commun pour préserver le bien-être des peuples.
Il faut dire que Michelle Yeoh arrive à incarner avec une intensité immense cet esprit. En plus de sa ressemblance physique, on sent bien que l’actrice s’est investie dans ce rôle comme jamais. Elle dégage alors une aura qui nous entoure pendant tout le film et nous donne envie de suivre Aung San Suu Kyi dans son combat. A ses côté, David Thewlis n’est pas en reste et se révèle tout aussi intense en menant le combat loin de sa femme. Besson met en scène la lutte d’un couple qui reste uni malgré les barrières en laissant s’exprimer tout le talent de ses acteur, donnant à son film l’humanité qui manquait dans sa première partie.
The Lady redonne donc des couleurs au cinéma de Luc Besson qui arrive au final à surmonter ses défauts pour nous présenter une histoire captivante sur un destin hors normes et un combat intense qui donne véritablement envie de s’engager dans ces grandes causes.