Voilà, le Paris International Fantastic Film Festival (mais on préfère l’appeler par son petit nom : PIFFF) vient de prendre fin. L’heure est donc au bilan. Sur les 14 films présentés, nous en avons vu 10. Voici donc dans une première partie, notre ressenti sur : Malveillance, A Lonely Place to Die, Extraterrestre, Retreat et The Dead.
Pour ouvrir ce premier PIFFF, les présentations du jury étaient indispensable. Ce sont donc Christophe Gans, Jaume Balaguero, Roger Avary et Lucile Hadzihalilovic qui auront la lourde tâche de désigner le film qui remportera le prix. Et la programmation annonce du lourd.
Après le court-métrage choc de Julien Mokrani, Welcome to Hoxford, d’après le graphic novel de Ben Templesmith (30 Jours de Nuit) et la nouvelle bande-annonce attendue de [REC]3 (qui s’annonce donc particulièrement dingue), le festival s’ouvre donc sur le nouveau film de Jaume Balaguero à qui l’on doit déjà La Secte sans Nom, Darkness ou encore les [REC] avec son compère Paco Plaza.
Malveillance raconte donc l’histoire d’un concierge malheureux qui ne trouve rien d’autre pour s’occuper et retrouver le sourire que d’aller visiter les appartements des locataires. Il s’attache en particulier à gâcher la vie d’une jeune femme, toujours joyeuse, à son insu. Avec une réalisation somme toute classique mais classieuse, Balaguero arrive ici, malgré quelque longueurs, à développer une ambiance qui se révèle de plus en plus malsaine. Et si le jeu est au départ amusant, on se prend malgré tout d’affection pour ce gardien malheureux, même si il est capable des pires atrocité.
En cela, le film repose beaucoup sur la performance impressionnante de Luis Tosar (découvert chez nous dans le très efficace Cell 211), impeccable dans l’horreur comme dans le pathétique de son personnage. Encore une fois, Balaguero montre avec Malveillance qu’il est bien l’un des chefs de file du nouveau cinéma espagnol, qui ne sacrifie jamais le fond sur l’horreur et ne privilégie jamais le gore au détriment du suspens. Un chose est sûre, après ça, on ne regarde plus son gardien d’immeuble du même œil. Le film est à découvrir en salles le 28 décembre.
Premier film de la compétition du festival, A Lonely Place to Die était plutôt attendu, surtout après les premiers échos venant d’autres festivals étrangers. Mais si le film commence sous les meilleurs auspices comme un survival bien troussé, il se révèle vite profondément maladroit. En effet, filmé dans les highlands écossais, A Lonely Place to Die nous offre des paysages de toute beauté très vite contrebalancés par une violence choc et des coups rudes.
Mais rapidement, l’identité et le but des ennemis est révélé, évacuant toute trace de suspens et de mystère propre au genre. A là place nous aurons droit à une banale histoire de kidnapping qui se termine de manière trop prévisible et forçant trop sur les ralentis. On retiendra donc tout de même un bon sens du rythme et surtout une Melissa George qui n’a aucun mal à porter le film sur ses épaules. A noter que le film sortira en salles sous le titre de Poursuite Mortelle.
Pour le 3e jour, 2 films nous attendent et c’est avec Extraterrestre de Nacho Vigalondo que nous commençons. Alors que nous n’attendions rien de particulier de cette comédie romantique de SF, c’est un bon moment que nous avons passé. Julio se réveille chez Julia et, alors que la ville est déserte après l’apparition d’une soucoupe volante, ils commencent à tomber amoureux. Entre quiproquos et situations complètement absurdes, le réalisateur tire parti des expressions des comédiens pour délivrer un bon moment d’humour.
Inutile d’attendre de voir des extraterrestres qui ne sont qu’un prétexte pour avoir un film est presque tourné en huis-clos mais vu que les personnages sont touchants et que l’écriture est bien travaillée malgré quelque longueurs, on passe un moment très agréable qui change vraiment de ce que nous offre le paysage fantastique habituel. Il n’y a plus qu’à espérer qu’un distributeur accroche sur le film.
Retreat était sans doute l’un des films que nous attendions le plus dans ce festival. Avec Cillian Murphy et Jamie Bell au casting, on était en droit d’attendre un thriller en huis-clos bien mené. Malheureusement, il y a aussi Thandie Newton dans le film et ça, c’est moins bon signe. Et dès le départ, on sent pointer la déception. Les clichés s’empilent (le couple qui a des problèmes pour s’entendre … et qui va se rabibocher pendant le film, l’écrivain qui a besoin de s’isoler sur une île pour trouver l’inspiration…), le film traine en longueur avec quelques révélations qui ne font pas effet et séquences de suspens sans tension car déjà vues mille fois dans le genre.
Ce qui sauve le film de la débâcle totale c’est le jusqu’au boutisme du réalisateur qui n’épargnera finalement personne (heureusement !) et le jeu de Jamie Bell qui impressionne, même s’il peut en faire un peu trop, par son intensité et son ambiguïté. Si vous avez le courage, le film est sera à découvrir en direct-to-video en janvier
The Dead c’était le film qui était sensé nous rabibocher avec les zombies. Il faut le dire, ça fait 10 ans qu’ils subissent le même mauvais traitement qu’Indy dans Indiana Jones 4. Les frères Ford, réalisateurs de The Dead, transportent donc le genre au-delà de ses frontières habituelles en plantant leur fabuleux décor en Afrique et en faisant l’impasse sur pas mal de codes du zombie, les deux étant usés jusqu’à la moelle.
De plus, imaginez Terrence Malick ou Sergio Leone nous narrer le périple très Lawrence d’Arabie d’un ingénieur américain perdu, qui devra traverser déserts et contrées hostiles au côté d’un soldat africain recherchant son fils. Si le déroulement de l’histoire n’est pas révolutionnaire, la réalisation est quant à elle époustouflante : des décors sublimes, des couleurs chaudes et morbides, une bande-son envoûtante, une caméra très inspirée… Peut-être trop inspirée d’ailleurs. Le résultat est assez long, voire ennuyeux et le parti-pris de la mise en scène fait qu’il n’y aura pas trop de rebondissements dans ce The Dead, pourtant excellent au niveau atmosphérique.
A suivre : The Innkeepers, The Ward, Cassadaga, 4:44 Last Day on Earth et Detention.