Culte du dimanche : Le 13eme Guerrier

Par Fredp @FredMyscreens

Retour en terre viking en ce dimanche. Nous allons aujourd’hui parler du film de John McTiernan le plus maudit … mais après tout, au cinéma, ce sont souvent les malédictions qui créent les grandes légendes. Place donc au 13eme Guerrier.

Après la troisième aventure explosive de John McClane dans Die Hard 3, le réalisateur qui a réinventé le cinéma d’action dans les années 80/90 (Predator, Die Hard, A la poursuite d’Octobre Rouge, Last Action Hero) se lance dans l’adaptation d’un livre de Michael Crichton qui le tentait depuis un moment : Les Mangeurs de Morts (Eaters of the Dead, titre qui suivra le film jusque dans la première bande-annonce du film). L’histoire de Ahmed Ibn Fahdlan, homme érudit de Bagdad, qui se voit exilé dans le nord sous le titre d’ambassadeur pour avoir courtisé la femme d’un autre. Au fil de se voyage, il va rencontrer une tribu de Vikings qui se font attaquer par d’étranges créatures, sauvages, brutale. Sous l’impulsion d’une prédiction locale, il va alors rejoindre malgré lui les guerriers qui vont devoir mettre fin au carnage.

Si l’histoire d’un étranger érudit qui se rend dans un pays moins civilisé et va devoir se faire aux coutumes locales est assez fréquentes au cinéma, dans le 13e Guerrier la variante est plutôt intéressante. En effet, non seulement c’est l’une des rares fois où un arabe est montré comme plus érudit que les autres peuplades, mais en plus il s’agit ici du héros principal du film. Mais au delà de cette simple constatation, le récit ne fait pas du 13e Guerrier un film sur l’échange culturel. Ibn n’est pas là pour montrer son savoir. Il est ici par un malheureux concours de circonstance et se retrouve dans un combat qui va petit à petit devenir le sien car il aura trouvé auprès de 12 vikings pur poils des compagnons d’armes qui ont finalement les mêmes valeurs.

Récit initiatique ou de quête, le 13e Guerrier l’est assurément et nous présente un dépaysement total. Tous les décors ayant été réellement construits en milieu naturel, il ressort du film une impression d’authenticité qui nous implique complètement dans l’histoire. Les comédiens dégagent tous cette force de vikings et si certains ne sont pas du tout exploités (ce qui atténue la portée des morts), la relation qui se noue entre Ibn et le chef du groupe Buliwyf ou avec Herger nous permet d’apprécier les échanges et de voir les personnages évoluer sans manichéisme. Il faut ajouter à cela la réalisation efficace de McTiernan dans les scènes d’action barbares qui font monter la tension et nous avons un film d’aventure nordique assez exaltant.

Néanmoins, il n’est pas exempt de défauts (son introduction plutôt rapide) et les problèmes de production n’y sont pas étrangers. Car le 13eme Guerrier ne serait qu’un film d’aventure de viking lambda sans la légende qui l’entoure aujourd’hui. En effet, les désaccords entre John McTiernan et l’auteur-producteur Michael Crichton n’ont pas rendu la réalisation facile. Ce dernier ayant le director’s cut, il ne s’est pas privé de faire ce qu’il voulait après que McTiernan ai fini son boulot sur le tournage, retardant la sortie de près d’un an.
Avec ses déboires, le film sera un échec aux États-Unis. Ce sera moins le cas en Europe où McTiernan est bien mieux perçu (il a dans nos contrées une aura d’auteur d’action tandis qu’aux USA il n’est perçu que comme un faiseur de films d’action). Mais au vu du résultat et des bruits de couloir sur le tournage, les fans commence à imaginer ce qu’aurait pu être le film, imaginant un film de 2h30 (il en fait 1h45) avec une introduction plus longue, le développement d’une histoire romantique, …

Le bluray sorti dernièrement va remettre en cause toutes les certitudes des fans puisque John McTiernan va y révéler que son film n’aurait peut-être eu qu’une dizaine de minutes supplémentaires avec principalement un allongement de certaines scènes. Dans le fond, l’histoire ne s’en serait donc pas trouvée grandement changée. Mais sur la forme, il aurait certainement différé. Car suite aux premières projections-test, la production décide de simplifier le film (des morts plus limpide, une « mère), d’accélérer le rythme, de retourner quelques séquences (dont la révélation de la mère qui change du tout au tout avec la vision qu’avait McTiernan) et de changer la musique. Alors que McTiernan voulait une compositions aux accents arabisants, Crichton a embauché à la volée Jerry Goldmisth, celui-ci délivrant un thème épique qui sied tout de même à merveille au film même si il le rend plus classique.

L’autre principal conséquences du final cut de Crichton et de ces projections-test, c’est la violence du film. En effet, les producteurs voulaient dès le dépar un PG-13 et le réalisateur s’y était conformé. Le film a même été entre temps retiré Le 13eme Guerrier pour ne pas avoir cette connotation « film d’horreur» . Mais suite aux projections, il s’est révélé que le film manquait de violence propre aux vikings. Ils ont donc ajouté quelques séquences plus saignantes pour passer en restriction « R»  (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), fait rarissime à Hollywood où les producteurs ont plutôt tendance à édulcorer pour q’un maximum de personnes le voient. Signe que finalement, avec le 13eme Guerrier, tout le monde cherchait à faire un bon film mais seulement, le réalisateur et le producteur n’en avaient pas la même vision.

Cet aspect hybride, cette lutte entre deux personnalités se ressent à la vision du film et cela fait aujourd’hui partie de sa « légende» . Mais Le 13eme Guerrier arrive toujours à passer par dessus avec une histoire profonde et un réalisateur tout de même inspiré qui arrive à dégager un lyrisme lors des combats que l’on ressent toujours comme le dernier. Épique et brutal tout autant qu’ intimiste, le 13eme Guerrier l’est assurément et c’est ce qui rend le film aussi prenant et en fait toute sa personnalité.

Découvrez le 13eme Guerrier sur Cinetrafic dans la catégorie Film d’action et la catégorie Film fantastique. Le 13ème Guerrier, disponible depuis le 2 novembre 2011. Distribué par la Metropolitan Filmexport.