Après une première partie où l’on a parlé de Malveillance, A Lonely Place to Die, Extraterrestre, Retreat et The Dead, voici la seconde partie du Paris International Fantastic Film Festival (mais on préfère l’appeler par son petit nom : PIFFF). Et à côté du palmarès, nous allons donc vous parler de notre ressenti sur les 5 autres films vus pendant le festival : The Innkeepers, the Ward, Cassadaga, 4:44 Last Day on Earth et Detention.
The Innkeepers c’est la nouvelle livraison de Ti West, petit artisan de l’horreur qui a déjà assuré quelques productions angoissantes. Avec The Innkeepers, des gardiens d’auberge sont confrontés à la présence d’un fantôme. Pour le dernier week-end d’ouverture de l’hôtel, les 2 employés décident de percer le mystère du passé de la bâtisse bientôt aidés par une médium. Suspicion de paranoïa ou véritable fantôme énigmatique, l’histoire oscillera entre ces deux questions tout en apportant des preuves tangibles… sans donner d’explication finale.
L’intérêt de la réalisation résidera donc sur la relation entre les 2 employés (très sympathique Sara Paxton), entre comique de situation et aventure horrifique, et sur une mise en scène angoissante, calme et redoutablement suggestive.
Les poils se dresseront face à ces longues minutes sans bruit, dans l’attente de l’apparition de quelque chose. Mais si la petite heure du début du film est plutôt mignonne, la suite sera plus banale voire bizarre dans un final tranchant radicalement avec toute l’atmosphère majoritaire du film. Un film aux frissons garantis mais qui laisse sur sa faim.
Avec seulement deux épisodes des Masters of Horror, depuis Ghosts of Mars, on ne peut pas dire que John Carpenter était très actif. Son retour derrière la caméra avec Amber Heard était donc attendu. Mais The Ward s’avère finalement décevant de la part du maître de l’horreur qui nous avait tout de même apporté Halloween, The Thing ou l’Antre de la Folie.
Un peu à la manière de Wes Craven, autre experts en frissons, Carpenter se copie un peu : ambiance d’orage pour les meurtres, tueur/monster invincible au don ubiquité, filles futures victimes hystériques (sauf Amber qui est décidément une féroce femme d’action bien qu’on ne lui donne que des rôles où exposer la même moue boudeuse), ambiance sonore stressante explosant en même temps que l’image pour surprendre le spectateur,… Toujours la même façon sauce et tellement déjà vu que ça en devient fatiguant à la longue.
En somme, une Amber Heard excellente, comme d’hab (il faut dire qu’on est jamais neutres ici en parlant d’Amber)’, un très beau générique, mais sinon une mauvaise blague mixée entre Shutter Island + Identity + Sucker Punch. Si le film n’est pas déshonorant, on sent que Carpenter nous revient en petite forme. Espérons qu’il reprenne du poil de la bête pour son prochain film. En attendant, The Ward sortira directement en vidéo dans nos contrées en 2012.
L’affiche et la bande-annonce nous promettaient un film profondément malsain avec la naissance d’un nouveau serial killer charismatique qui démembre ses victimes pour en faire des marionnettes. Finalement, Cassadaga ne sera rien de tout cela. Terriblement mal écrit, filmé et joué, le film est une véritable torture … pour le spectateur. La seule idée originale du film (son héroïne sourde) ne sera jamais exploitée et sa relation avec un urgentiste local ne mène strictement à rien.
Ajoutons à cela un manque de rythme désespérant, des situations complètement téléphonées, un serial killer qui ferait rigoler notre grand-mère, une course poursuite en voiture digne de Derrick et par dessus tout, dès que le film commence à toucher un peu à quelque chose de malsain, il s’arrête tout de suite pour ne pas choquer. Le film n’a pas encore de distributeur et on comprend pourquoi. Heureusement, la soirée était sauvée par le court-métrage qui précédait, le barré portnawakement fun Banana Motherfucker.
Après Lars Von Trier et son Melancholia, c’est au tour d’un autre auteur à la patte bien particulière d’aborder le thème de la fin du monde. Avec 4:44 Last Day on Earth, Abel Ferrara fait vivre à Willem Dafoe ses dernières heures sur Terre dans un cadre plus qu’intimiste. Presque en huis clos, le réalisateur nous entraine dans les questions existentielles que pourrait se poser chacun de nous en sachant combien de temps il nous reste à vivre. Que faire de ces dernières heures ? Et en même temps il évoque aussi toutes les dérivées de l’homme qui l’on amené à détruire le monde.
Le film avance lentement, tourne un peu en rond (sur 1h20) pour finir dans un petit trip assez envoutant. Si on n’accroche pas forcément au rythme qui peut vite nous endormir, 4:44 se révèle tout de même d’une profondeur intéressante qui nous laisse quelques questions en tête à la sortie.
Et pour clôturer le festival, après une remise des prix sur laquelle on reviendra en conclusion, le réalisateur de Torque, Joseph Kahn est venu présenter son Detention. Un film complètement jubilatoire sur l’adolescence et les années lycées, saupoudrée d’horreur et de SF. Avec un rythme qui va à 100 à l’heure, une bonne dose d’autodérision et autant de mauvais que de bon goût, le réalisateur déjanté nous entraine dans une tornade pop 90′s acidulée portnawak. Un festival d’images et de musique qui fleurent bon nos mauvais souvenirs de lycée et dont on ressort avec une pêche d’enfer.
Encore plus barré qu’un Scott Pilgrim sous acide, Joseph Kahn place dans son film une foule d’idées pour nous offrir assurément le meilleur film du festival, ou en tout cas le plus exaltant. En attendant qu’il trouve un distributeur français (il n’est même pas encore sorti aux USA), Detention aura été le grand feu d’artifice final du PIFFF.
Evidemment, le PIFFF récompense aussi les meilleurs films du festival et évidemment, ce sont ceux que nous avons malheureusement loupé.
Ainsi, le jury international a décerné le prix du meilleur long-métrage à Bellflower de Evan Glodell et le prix du meilleur court-métrage a été partagé entre le coréen Function de Hyun-soo Lee et lent mais beau Hope de Pedro Pires.
De son côté, le jury Ciné+ Frissons plus a récompensé Masks de Andreas Marschall (qui a également obtenu le prix du public) et les courts Jusqu’au Cou et Peter (magnifiquement adapté de la BD de Loisel).
Au final, le bilan de ce PIFFF est relativement positif. Si la sélection était attractive, les films vus sont pour la plupart être des déceptions (la plus grosse déconvenue revenant à Retreat). Toutefois quelque pépites comme Extraterrestre ou Detention valaient à elles-seules le coup d’œil. Fort de 4 600 spectateurs sur tout le festival et une salle affichant presque tout le temps complet, le festival a en tout cas été une réussite. Nul doute qu’avec l’Étrange Festival, Paris détient avec le Paris International Fantastic Film Festival un nouveau rendez-vous immanquable pour les amateurs de cinéma de genre. Rendez-vous est prit pour 2012.
Évidemment, vous pouvez retrouver tous les détails sur le site du festival.