The Murderer, critique bluray

Par Fredp @FredMyscreens

The Murderer, nouvelle étape indispensable dans le cinéma d’action coréen, est sortie en dvd/blu-ray le 30 novembre. Les doigts m’en tombent !

Le cinéma coréen nous a apporté des merveilles sur le plan de l’action versant quasi dans l’horreur. Old Boy, on s’en souvient, versait loin dans le drame, poussant son protagoniste principal (on parlera même pas de héro ou d’anti-héro) à l’extrême de la douleur humaine. Puis il y a les autres : J’ai rencontré le diable, The Chaser, Sympathy for Mr. Vengeance…

Avec The Murderer, le personnage principal est installé dans une situation de film de petites frappes et autres gangsters classiques, sauf que ça ressemble à notre époque, au lieu de faire revivre (aux personnages et aux spectateurs) le parcours schématique hyperclassique. L’action se mue rapidement en une course-poursuite magistrale.
On n’aura jamais vu un gars courir autant et manquer de se faire avoir à chaque tournant comme dans ces cauchemars où des ombres vous pourchassent et que vous vous réveillez quand celles-ci vous attrapent.

Avec The Murderer, on a simplement un excellent film de bandits, se déroulant entre la Chine et la Corée du sud, mais attention, celle des bas-quartiers, des petits boulots clandestins, des embrouilles qui se règlent immédiatement en bagarres rangées.

Gu-nam est un simple chauffeur de taxi qui doit une grande somme d’argent à un passeur qui a fait acheminer sa femme en Corée du Sud. Pour rembourser sa dette, il effectue ce travail, démotivé, et noie son absence de vie libre dans le jeu, sans succès vu qu’il y perd tous ses huans ! Il se voit offrir la chance de sa vie nettoyer sa dette en un coup : pour cela il devra juste aller tuer un homme en Corée du Sud et ramener son pouce !

Avec une caméra sensible et intrusive dévoilant le quotidien de mort-vivant de Gu-nam, on ne se noie pas pour autant dans la mélancolie, juste dans une noire cruauté de la vie, dure et violente et encore plus pour ceux qui refusent d’accepter de se prosterner devant plus fort. C’est toute la morale de The Murderer : savoir qu’on est perdu et que chaque souffle doit servir à vivre selon ses propres termes.

Hong-jin Na par une construction scénaristique parfaite et des personnages très bien ciselés, laisse évoluer tout simplement une histoire où une fois le décor planté, l’issue extrême se mettra en place d’elle-même.
Mais au lieu de passer trop de temps à s’interroger sur des détails (tuer /pas tuer ?) l’histoire suit son cours. Le final de cette tragédie est donc sans trop de surprises mais peu importe, quel parcours ! Bref, il n’y pas qu’un excellent pitch dans The Murderer, il y a une réalisation tarée comme Paul Greengrass ou Joel Silver les affectionnent et à la fois contemplative et douce. Mélange des extrêmes une fois de plus.


Niveau action, on en a pour notre argent. Pas de l’argent de poche pour acheter du pop-corn, là c’est la place à 20 € qu’on serait heureux de payer pour assister à un tel opéra. Ici, ce sont les couteaux et les haches qui chantent.
Retournant à une horreur primaire, réelle, celle où quand on est une bande de malfrats et qu’on s’oppose à d’autres, on ne dégaine pas son arme pour faire peur : quand les lames dansent, c’est pour tuer, mutiler, ralentir l’autre, pas pour impressionner.
En plus d’être un drame sans apitoiement, The Murderer est un film d’action intelligent, dont les caractères sont forgés avec du bon sens. Sa revisite du héros qui n’en est pas un, avec ce personnage qui doit juste vivre (récupérer l’argent, donc tuer, puis fuir) et du film de mafieux est époustouflante.

Moi qui suis fana de la saga Jason Bourne, avec ses cascades, scènes de baston et courses poursuites virulentes, disons qu’avec ce film, les standards ont été rehaussés. Un chouilla brouillon sur la fin, la grande scène de poursuite sur le port suivi de la chasse en voitures est magistrale. Jamais autant l’énergie du désespoir n’aura autant donné d’ailes à ses protagonistes.
C’est l’essence de The Murderer, refusant tout pathos, l’idée est de voir à quel moment son personnage principal va craquer bien que seul au monde et poursuivi sans relâche.
Et puis que dire de ces scènes de slashage rapport aux bruits que font les membres entaillés, giclant de sang, sous les assauts à l’arme blanche des petites frappes ! Tout simplement saisissantes, difficile d’en ressortir indemne.

Le making-of présent dans les bonus du blu-ray vous apportera un réel guide pour mieux apprécier l’impressionnant travail fait pour ce film. En une douzaine de parties, vous retraverserez les 4 fameux chapitres qui structurent The Murderer. La photo, le travail des plans, l’approche des personnages, le traitement des univers et tant d’autres aspects de la réalisation vous seront révélés dans ce véritable coffre aux merveilles. Et deux précédents courts-métrages du réalisateur plus qu’intéressants.


Donc, non, impossible de ressortir intact de l’expérience The Murderer.