Aujourd’hui, retour sur l’un des films cultes de l’un des maîtres du suspense, le digne héritier (plagiaire diront certains) d’Hitchcock, j’ai nommé Brian De Palma avec Blow Out.
Après s’être fait un nom avec Sisters, Phantom of the Paradise et surtout Pulsions (qui contient l’essentiel de son cinéma et de ses références), Brian De Palma croule sous les projets plus qu’intéressants au début des années 80. Avant de connaitre la consécration avec son Scarface devenu aussi culte (sinon plus) que l’original, le réalisateur va rendre un vibrant hommage au Blow Up de Michelangelo Antonioni sorti dans les années 60. A la différence de son modèle consacré à la puissance de l’image (le héros était un photographe qui a capturer une image qu’il n’aurait pas du voir), De Palma va travailler avec Blow Out sur l’importance du son, une composante du cinéma à laquelle on ne pense pas toujours (le cinéma étant avant tout affaire d’images) mais qui est tout de même essentielle pour ressentir les émotions d’un film.
Après Carrie, Brian De Palma refait donc équipe avec John Travolta et lui offre le rôle d’un preneur de son pour le cinéma. Travaillant pour des séries B erotico-horrifiques, le jeune homme est blasé et sa vie va basculer le soir où il sera témoin d’un accident de voiture. Mais en réécoutant ce qu’il aura enregistré, il va s’apercevoir que l’accident a été provoqué par un coup de feu. Il va alor devoir débusquer la vérité dans un complot politique et sauver sa vie et celle de l’unique témoin de la scène.
De Palma fait encore une fois preuve de sa maestria dans Blow Out. La scène d’ouverture en plan séquence est encore une fois à couper le souffle tout en offrant une mise en abîme assez drôle avec ce film dans le film. Le réalisateur y montre sa maitrise de l’image mais aussi et encore ses influences. Dans ce petit film d’horreur, impossible de ne pas penser aux giallo qui l’ont fortement inspiré. Cette introduction est peut être techniquement gratuite mais nous plonge néanmoins tout de suite dans l’ambiance du film et De Palma nous montre tout de suite ce qu’il veut que l’on voit, sans pour autant que ce soit a vérité.
Il fait avancer ensuite son récit en décrivant le milieu du cinéma de série B qui sent le vécu (après tout, c’est bien de ce cinéma que le réalisateur vient) jusqu’à l’accident qui fera tout basculer. Cet accident, pivot central du film, est d’ailleurs précédé de l’une des scènes qui montre le mieux ce qu’est le métier des preneur de son en quelques images surprenantes (prenant toujours plus de recul pour découvrir l’origine des bruits enregistrés).
Après cet accident, le film vire alors dans un thriller paranoïaque qui, si il finit par trainer un peu en longueur et par donner ensuite moins d’importance au son (le coup de feu enregistré sera d’ailleurs ensuite superposé aux photos qu’un protagoniste à pris lors de l’accident), entretient tout de même un suspens permanent. Qui est responsable ? Qui est l’origine du complot ? Et comment notre témoin est-elle liée à cette histoire ? Autant de questions qui trouveront réponse en temps et en heure dans cette course pour la vérité prenante jusqu’à une filature finale tragique se terminant sur un plan de toute beauté, révélant le fatalisme du genre et des histoires de De Palma dans lesquelles les protagonistes ne sortent jamais indemnes.
Pour mener à bien Blow Out, De Palma s’est entouré d’une équipe d’acteur qu’il connait à la perfection. Ainsi, Travolta revient devant la caméra du réalisateur et nous offre l’une de ses meilleures performances. Si Nancy Allen (déjà croisée dans Carrie et Pulsions) joue la jeune femme naïve et un peu irritante, John Lithgow (vu dans Obsession) reprend lui le rôle de bad guy dans lequel il excelle toujours. Et côté musique, le réalisateur retravaille avec Pino Donaggio qui nous offre encore une composition magnifique, sous tension et tragique.
Au final, en plus d’être un film au suspens prenant, Blow Out marque donc une apogée dans la filmographie de De Palma. La dernière œuvre d’un cycle consacré presque exclusivement à des thrillers mêlant habilement romance, complot, horreur et paranoïa (genre auquel il reviendra tout de même régulièrement) avant de s’attaquer à la mafia (Scarface, les Incorruptibles) avec toujours cette même maestria technique (plans-séquence, split-screens, …) pour garder le spectateur sous tension, plus que jamais attentif au récit.