Avec son casting 4 étoiles, Polanski va faire un Carnage. Et si ce n’est pas à l’écran ce sera peut-être dans la salle. Mais si les acteurs sont au top, le réalisateur pose la question de l’utilité du théâtre filmé.
Sans s’embarrasser d’une longue introduction, Polanski entre dans le vif du sujet. Les parents viennent de convenir d’un accord après la bagarre de cour de récré entre leurs deux gamin. Alors que les parents du fautifs s’apprêtent à partir, la discussion cordiale commence à s’envenimer. De fil en aiguille, les quatre personnages vont être obligés de se supporter dans des discussions qui font monter la tension à leur paroxysme mais feront bien rire le public.
Pourtant très vite, la mise en scène de Polanski trouve ses limites. Handicapé par un scénario aux dialogues très bien écrits mais terriblement statique, le réalisateur, n’a qu’une pièce à filmer et plutôt que de faire monter la pression, il ne fait que poser sa caméra en réaction à ce que vont faire les personnages. En gros, Polanski ne fait que filmer la pièce de théâtre, sans y apporter grand chose. Heureusement, son style se retrouve plutôt dans l’écriture de plus en plus sarcastique. D’une vision idéale de personnes vous résoudre un conflits de manière civilisée, on débuche finalement sur une véritable guérilla entre 4 personnes que tout oppose, où des rôles d’alliés et d’ennemis s’inversent régulièrement.
Et pour porter à bras le corps le film, le casting exceptionnel se révèle ici plus talentueux que jamais. Si Jodie Foster en fait un petit peu trop parfois, Chrisoph Waltz et Kate Winslet sont tout simplement géniaux. Le premier en mari avocat au sarcasme facile, le téléphone vissé à l’oreille, la seconde en femme nerveuse qui va complètement se lâcher sous l’effet de l’alcool (rarement nous n’avions l’actrice se lâcher autant et ça fait du bien). Et l’on retiendra même l’évolution d’un John C. Reilly qui vire dans le final totalement à contre emploi. Décidément, si Carnage fonctionne, c’est bien grâce à ses comédiens qui donnent tout leur talent.
Comme les personnages, on hésite au départ à partir ou non, puis, les caractères faisant craquer le vernis de la politesse, on s’installe confortablement pour en rire. Pourquoi alors finir le film aussi abruptement au bout d’1h20, sans conclusion ? Certes, quand on n’a plus rien à dire, autant arrêter tout de suite … mais tout de même, il y a là un goût de trop peu finalement, car malgré la réalisation très plate (défaut quasi-inhérent aux adaptations de pièces de théâtre), on était partis pour un joute encore plus barré avec ces acteurs.