Culte du dimanche : Le Géant de Fer

Par Fredp @FredMyscreens

Avec la sortie très attendue de Mission : Impossible – Protocole Fantôme, il était impossible de ne pas revenir sur le premier film de Brad Bird qui, avec l’aventure d’Ethan Hunt, passe pour la première fois de l’animation au live. Faites donc place au trop peu connu mais très réussi Le Géant de Fer.

A la fin des années 90, Disney est en passe de laisser sa place de leader de l’animation US à Pixar qui enchaîne les succès avec Toy Story 1 et 2 et 1001 Pattes. Il faut dire que le studio aux oreilles de Mickey va connaitre des jours sombres dans les années 2000, d’autant plus qu’un forte concurrence commence à naître depuis que Dreamworks Animation affiche clairement sa volonté d’avoir une bonne part du gâteau. Au milieu de tout ça, les autres studios tentent des choses légèrement différentes : le légendaire Don Bluth travaille sur l’ambitieux Titan A.E. et Warner laisse le débutant Brad Bird monter son propre film : Le Géant de Fer.

En effet, on ne peut pas dire que Brad Bird soit très expérimenté quand il commence à travailler sur le film. Outre quelques épisodes des Simpsons, le CV de l’animateur n’est pas des plus remplis. On peut donc saluer l’audace qu’à eu la Warner en lui laissant les coudées franches pour raconter son histoire de robot géant venant de l’espace et qui se lie d’amitié avec un gamin rêveur dans les années 50. On peut même être d’autant plus admiratifs quand on voit que le réalisateur de ne répond pas aux normes « disneyiennes»  de l’animation de l’époque, à savoir chansons et sidekicks comiques.

Avec Le Géant de Fer, Brad Bird sera en effet influencé par d’autres maîtres et l’on pense évidemment au Roi et l’Oiseau de Grimault pour la relation qui se développe entre les 2 personnages mais aussi à la poésie du Château dans le Ciel de Miyazaki ou même à l’esprit aventurier américain de Don Bluth. Le réalisateur digère ces influences pour délivrer une histoire prenante mais surtout touchante, qui parlera non seulement aux enfants qui rêvent tous d’avoir un robot rien que pour eux, mais dont les multiples niveaux de lecture atteindront aussi les adultes qui retrouveront là l’esprit des années 50, période de guerre froide.

En ne répondant pas aux canons habituels de l’animation américaine, Bird arrive à développer ses personnages pour offrir un reflet de l’Amérique de l’époque. Il y a ce gamin rêveur qui se cherche sa propre personnalité, sa mère célibataire qui essaie de joindre les deux bout en louant une chambre dans la maison, un artiste ferrailleur qui préfigure le mouvement hippie et surtout cet agent secret parano qui voit la menace des russes ou des martiens (même lui ne sait plus trop) partout.
Le scénario très intelligent permet ainsi de lier une histoire d’amitié enfantine à une parabole sur la paix entre les peuples et la compréhension de l’inconnu. Œuvre pacifique et attendrissante, Le Géant de Fer fonctionne à la perfection.

Pour un premier film, Brad Bird s’en sort incroyablement bien et l’on pourrait même penser qu’il a déjà eu plusieurs projets au compteur. Sa maîtrise du récit et des émotions est exemplaire. L’animation traditionnelle à contre-courant (face à la montée de l’animation en images de synthèse) renforce même notre attachement au film, d’autant plus qu’elle est dynamique et fluide. En regardant le film aujourd’hui, on s’aperçoit qu’elle n’a absolument pas prit de coup de vieux mais c’est aussi peut-être ce contexte et design des 50′s qui aide.

Le film sort sur les écrans à Noël 99. Face au Tarzan de Disney et Phil Collins, il ne ferait malheureusement pas le poids et malgré des critiques unanimes sur la qualité du Géant de Fer, celui-ci restera discret même dans sa sortie vidéo. Néanmoins, le film tape dans l’œil de John Lasseter qui voit alors en Brad Bird l’homme parfait pour réaliser les Indestructibles.
Il faut dire que le design du robot, le contexte des 50′s et les références multiples aux comics et aux pulps qui peuplent le Géant de Fer prédestinaient clairement le jeune réalisateur à passer chez Pixar pour cette histoire de super-héros has-been. La suite, on la connait, Bird est bien le réalisateur surdoué et prometteur que l’on attendait, pilier de Pixar mais aussi maintenant réalisateur live qui devrait être d’une efficacité redoutable.