« Le cinéma de Boris Vian », un documentaire à voir samedi soir

« Le cinéma de Boris Vian », un documentaire à voir samedi soir

CINE + CLASSIC consacre samedi 17 décembre une soirée spéciale au grand Boris Vian et à ses étroites relations avec le cinéma. Vous pourrez y découvrir en première partie un superbe documentaire co-signé par Alexandre Hilaire et Yacine Badday, un talentueux tandem d’auteurs-cinéastes dont vous avez déjà entendu parler dans ces colonnes. Ce nouveau bijou n’est à rater sous aucun prétexte!

Saviez-vous que Boris Vian est mort dans une salle de cinéma, devant l’adaptation de l’un de ses propres romans? Fasciné dès son plus jeune âge par la sensualité animale des films de l’âge d’or hollywoodien, qui lui ont d’ailleurs fortement inspiré son pseudonyme Vernon Sullivan, l’auteur signera au cours de sa brève existence une trentaine de scénarios, notamment pour le cinéaste Pierre Kast, qui finiront sur une étagère. Ironie du sort, le seul qui sera porté à l’écran sera celui qu’il déteste, l’adaptation de son sulfureux roman J’irai  cracher sur vos tombes, réalisé par Michel Gast en 1959.

Alexandre Hilaire et Yacine Badday, qui avaient déjà co-signé au printemps 2010 un superbe documentaire sur le scénariste Jean Aurenche, livrent une fois de plus un portrait plein de finesse et d’affection pour cet immense écrivain qu’était Boris Vian, nous le présentant sous un angle relativement peu connu: ses relations passionnelles (et donc riches en conflits) avec le cinéma. Narration fluide, ultra pertinence du choix des intervenants et des documents d’archives, ce film est un pur travail d’orfèvre!

« Le cinéma de Boris Vian », un documentaire à voir samedi soir

Le comédien François Marthouret dans l’appartement de Boris Vian

Communiqué de Presse:

Le cinéma de Boris Vian, un film de Alexandre Hilaire et Yacine Badday

Le 23 juin 1959, Boris Vian se rend à la projection du film J’Irai cracher sur vos tombes.

En délicatesse avec les producteurs, il a été écarté de l’adaptation de son roman. Ce jour-là, alors que le film débute, Boris Vian est pris d’un malaise cardiaque. Il décède quelques minutes plus tard dans l’obscurité de la salle de cinéma.

Remontant le fil du temps, Le Cinéma de Boris Vian nous invite à découvrir la fascination méconnue de cet auteur pour le septième art. Tout d’abord le scandale J’Irai cracher sur vos tombes, mystification littéraire et hommage au cinéma des années 40 qui est mis à l’index par la Justice pour sa pornographie et ses « procédés cinématographiques ». Puis le tournant des années 50 qui voit Boris Vian se rapprocher du cinéaste Pierre Kast, ébaucher de nombreux scénarios et participer à plusieurs films en tant que comédien (Le Bel âge, Les Liaisons Dangereuses, Notre Dame de Paris…).

Et enfin, son ultime rendez-vous manqué avec le cinéma, lorsqu’il tente d’adapter lui-même

son roman J’Irai cracher sur vos tombes avant d’être dépossédé de son scénario.

Installé Cité Véron dans l’appartement de Boris Vian, le comédien François Marthouret nous fait revivre chaque étape de cette histoire. A l’aide d’archives personnelles, de scénarios inédits de Boris Vian ou des lettres à ses producteurs, il aide à restituer le « Paradoxe Vian ». Celui d’un homme à la fois passionné de cinéma et peu habitué aux rouages d’une industrie qu’il connaissait mal. Point d’orgue de ce malentendu, le scénario bidon de J’irai cracher sur vos tombes adressé à des producteurs qui l’exaspéraient. Délibérément pataphysique, proche du non-sens par ses descriptions loufoques, ce texte est surtout l’un des derniers écrits par Boris Vian.

Réagissant à ce texte, à des extraits de films ou à des storyboards reconstitués d’après ses scénarios, des cinéastes (Yves Boisset, Philippe Le Guay), un romancier et scénariste (Laurent Chalumeau) ou des spécialistes de son oeuvre (Nicole Bertolt, Marc Lapprand) tentent d’étudier cette passion douloureuse qui traversa la vie de Boris Vian. De l’après-guerre à l’aube des années 60, des caves de Saint-Germain-des-Prés à son appartement de la Place Blanche, ce documentaire se veut ainsi le portrait en creux d’un homme qui aima le cinéma jusqu’à la toute fin de sa vie.

Ce documentaire sera diffusé samedi 17 décembre à 21h35 sur Ciné + Classic, dans le cadre d’une soirée Boris Vian au cinéma. Amis cinéphiles, ne le manquez sous aucun prétexte! Je vous invite également à lire une interview des co-auteurs sur l’excellent site La fabrique de scénarios. Sachez enfin que la BNF organise jusqu’au 15 janvier une exposition consacrée à Boris Vian.

Copyright©Nathalie Lenoir 2011