L’Irlandais, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Le phénomène irlandais débarque en France. Après un succès monumental au pays du trèfle, The Guard (renommé l’Irlandais chez nous) va donc essayer de faire la loi sur notre box-office.

Après Martin McDonagh et son Bons Baisers de Bruges, c’est au tour de son frère John Michael McDonagh de passer derrière la caméra et de nous présenter son premier film. Comme son frangin, il embauche Brendan Gleeson et table sur une enquête policière matinée d’humour noir. Résultat, le film bat tous les records d’entrées dans son pays. Mais en sera-t-il de même chez nous ? Un gros doute nous assaille car si le film n’est pas mauvais et fait sourire de temps en temps, pour le reste, on s’ennuie ferme.

Dans la campagne irlandaise profonde, Boyle est un flic qui s’ennuie ferme. Avec pas plus de 2 accidents de voitures dans la bourgade par mois, il préfère passer son temps à boire au pub et à se taper quelques prostituées. Malheureusement, son traintrain quotidien va être chamboulé par l’arrivée de trafiquants de drogues et de l’agent du FBI qui les poursuit. Il va alors devoir faire équipe d’une étrange manière avec ce flic débarqué de la ville pour arrêter les malfrats.

Si il y a une chose qui fera bien sourire dans le film, c’est bien le politiquement incorrect qui entoure le shérif Boyle. Son mode de vie bougon et ses remarques racistes innocentes envers l’agent du FBI sont toujours bien écrits. Un décalage entre les 2 personnages qui nous permet de nous attacher un peu à eux. Mais il y a aussi ce contexte qui est intéressant, cette campagne profonde où vivent des bouseux pour lesquels un trafic de drogues dans le coin n’est même pas intéressant.

Ce qui est intéressant avec l’Irlandais, c’est son côté western dans la campagne irlandaise. On est ici dans une sorte de no man’s land pluvieux où notre héros solitaire fait la loi, perturbé par les trafiquants. La musique de Calexico appuie d’ailleurs cet aspect jusque dans la fusillade finale qui a tout d’un western.

Toutefois, le film est handicapé par un manque de rythme évident. Si les personnages sont intéressants et délivrent quelques répliques savoureuses, celles-ci sont trop rares pour nous emporter dans le film qui traine en longueur. Même lorsque les criminels débarquent on manque de tension et Mark Strong se révèle particulièrement sous-exploité. L’humour se révèle peut-être trop « irish»  pour s’exporter en dehors de sa contrée d’origine, donnant cette impression de ne pas entrer dans le film.

Finalement, avec l’Irlandais, ce n’est pas la joie. La grisaille d’Irlande nous donne l’impression de passer des vacances là où il pleut tout le temps et du coup, on s’ennuie rapidement. Et malgré quelques bons moments portés par Brian Gleeson, le film ne sera sûrement pas chez nous le phénomène irlandais.