En ce dimanche, nous allons faire preuve de compassion et nous intéresser à l’un des premiers films de l’étrange David Lynch. Sûrement le plus simple à suivre mais avant tout le plus humain : Elephant Man.
L’histoire d’Elephant Man est donc celle de Joseph Merrick (renommé ici John Merrick), jeune homme né complètement difforme, élevé et martyrisé comme un monstre de foire, jusqu’à ce que le docteur Treves le trouver et le ramène à l’hôpital pour le soigner. Il va alors prendre plus d’assurance, se faire des amis et révéler toute sa sensibilité. Mais son propriétaire compte bien venir le chercher pour l’exposer à nouveau.
Le parti-pris de Lynch dans la mise en scène d’Elephant Man est audacieux. En hommage aux films de l’époque, il utilise un noir et blanc qui sublime les émotions d’un cinéma d’antan mais dont le discours est intemporel et fait donc entrer le film directement dans la case des classiques. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir quelques séquences de rêve qui dégagent une étrangeté hypnotique.
D’un autre côté, il ne nous révèle pas le monstre dès les premières images. Ménageant ses effet, il nous montre d’abord les réactions des personnages à la vision de cet être difforme (la larme de Treves, les regards impressionnés des docteurs) avant de nous le montrer en pleine lumière quand on ne s’y attend plus. Mais ce n’est pas de la peur que nous allons éprouver pour ce « monstre» . Plutôt de la compassion pour cet être difforme, qui ne peut pas mener une existence normale malgré son intellect raffiné.
En plus d’attirer notre attention sur la condition de cet homme et de faire passer un message fort sur l’acceptation de la différence, à travers Elephant Man, le réalisateur nous pose aussi d’autres questions d’ordre moral. En effet, alors que Merrick était exposé à la vue des passant dans une foire, d’une certaine manière, sans forcément le vouloir, Treves va faire la même chose en exposant cet homme malade à ses confrères. En s’en rendant compte il va alors se demander si ce qu’il fait est bien juste.
Mais il y a aussi, un discours sur l’humanité qui a peur de ce qu’elle ne comprend pas. Dans une foire ou à l’hôpital, Merrick est vu comme une curiosité mais dès qu’il se retrouve en public, il s’agit d’un monstre que les ignorants chercherons à abattre. Mais le plus humain est finalement celui qui a souffert et révélera dans un long cri toute sa peine et son déséspoir. Et même si il retrouve ses amis pour vivre un moment excpetionnel à l’opéra, il comprend qu’il ne peut pas vivre dans ce monde, ne pouvant y trouver sa place.
Le film est ainsi d’une profonde humanité, révélant les émotions pures d’un être en souffrance mais bien plus raffiné que n’importe quel humain. John Hurt, sous la couche de maquillage fait donc ici preuve d’une sensibilité exceptionnelle, aidé à ses côtés par un Anthony Hopkins tout aussi excellent. Avec Elephant Man nous donne ici une grande leçon qui laisse la gorge nouée.
Il n’est pas étonnant que le film ait alors été nommé 8 fois aux oscars, mais n’en recevra aucun malgré son succès public. La France sera plus généreuse avec un accueil critique et public favorable mais surtout avec un César du meilleur film étranger et le grand prix d’Avoriaz. Suite à ce succès et avec la renommée montante de Lynch, Dino DeLaurentiis propose alors au réalisateur de prendre les rênes de l’adaptation de Dune…