Traumatisé, le petit Billy de Silent Night, Deadly Night mal interprète le message d’amour du Père Noël et distribue les châtiments à coup de hache.
Témoin du meurtre de ses parents alors qu’il n’a que 4-5 ans, le petit Billy grandira perturbé et terrorisé par le visage du Père Noël, le déguisement et puis tout le décorum rouge et blanc, à l’approche des fêtes. Il faut dire que le braqueur psychopathe qui la rendu orphelin n’aura pas fait dans la dentelle, dans une scène vraiment bestiale.
Elevé ensuite par des bonnes sœurs, la Mère Supérieur fera tout pour que Billy accepte Noël, le forçant même à s’asseoir sur les genoux du Père Noël ! Adolescent, Billy n’est plus un gamin chétif plein de taches de rousseur, non, il est devenu un fier jeune homme musculeux, souriant et placide. Embauché dans un magasin de jouets, c’est pendant les fêtes de Noël que ses vieux démons vont ressurgir. Il va alors dégommer à tout va dans sa petite ville, obnubilé par l’idée de châtier ou de récompenser, à sa manière, les citoyens.
Film de 1984, Silent Night, Deadly Night (douce nuit, sanglante nuit en frenchie) est un classique de l’horreur qui détourne les chants de Noël, l’imagerie, le personnage du Père Noël, même la morale, pour en faire un slasher sérieux. Enfin…
Comme pas mal de films d’horreur des années 80, la surenchère de violence passe lorsqu’elle surprend vraiment (Freddy) ou quand elle est dosée avec de l’humour (Chucky). Ici, c’est plus flou car même si le postulat est tout à fait crédible, difficile de faire un film d’horreur sérieux avec un Père Noël psychotique. Dans Bad Santa, ca passait mieux car la carte du cynisme était jouée à fond.
Ici la morale de Saint Nicolas est réutilisée (« as-tu été sage cette année« , « je vais devoir te châtier« …) et appliquée avec une froide obsession qui devient vite risible. La meilleure partie du film restera l’enfance et l’adolescence du petit Billy. La découverte de ses premiers émois inter-collègues au magasin de jouets se révélera très « rêve américain» avec ce jeune homme fort qui ne rechigne pas à la tâche, se faisant apprécier pour sa valeur malgré un passé mystérieux.
Mais alors après attention, c’est du lourd ! Une fois devenu taré et se sentant investi de la mission d’implanter l’esprit de Noël parmi les siens, Silent Night, Deadly Night va pas faire dans la dentelle. Sur les quelques lois du slasher comme rester vierge ou pas ouvrir la porte (surtout quand elle est en carton), Billy va redoubler d’ingéniosité pour ses meurtres et leur mise en scène restant dans le thème : empaler une jeune fille sur une tête de renne empaillé, étrangler un collègue avec une guirlande électrique,…mais ça n’ira pas très loin.
Ce qui peut décrédibiliser pas mal le film, c’est le fait qu’une fois devenu « le tueur psychopathe» , Billy perdra tout QI et bon sens, donc sera comme un fondamentaliste chrétien pro-life zombie à déambuler comme un dératé, désireux de buter le plus de gens... En fait, à partir de là, mise à part les meurtres il se passera pas grand chose.
Mais c’est toujours intéressant un film où le premier rôle devient le tueur à abattre (ah oui forcément, désolé de vous spoiler mais faut bien qu’il crève à la fin, ça n’est pas réellement un film immoral). Quelques sarcasmes marrants comme cette séquence où notre tueur devenu fou offre un cutter à une gentille petite fille. Mais le retour à l’orphelinat et ces flics ricains tuant un religieux en costume de Père Noël ou ce bon vieux sens moral qui rattrapera Billy le troublé auront raison de l’intérêt que pouvait avoir ce film.
Mention « boobies» : le réalisateur devait être un brin pervers parce que dès qu’on peut voir des jeunes jambes de jeunes gens, satinées et imberbes, se faire caresser ainsi que des poitrines, on les verra bien. Comme lors du meurtre/peut-être viol de la mère de Billy.
En tout cas, Silent Night, Deadly Night ne réinvente pas la sauce et on aurait aimé que ça aille beaucoup plus loin dans le genre « Père Noël qui tue tout le monde« . Car ici, le tueur n’est rien qu’un tueur psychopathe comme il y en a pas mal aux States, qui déguisé en Père Noël se balade lobotomisé par la société de consommation qui sort ses valeurs d’amour et de fraternité en cette fin d’année juste pour vendre plus de jouets. Mais ce pitch kitsch tout bête a fait recette puisque au moins 4 suites existent… à savoir s’il faut les regarder…