Puisque vous aviez bien aimé cet article l’an dernier je réitère l’expérience. Je n’ai aucune prétention d’avoir un goût universel ni de pouvoir graver dans la pierre quels sont les meilleurs ou les pires films de l’année, loin s’en faut, mais puisqu’un blog sert avant toute chose à partager, je voudrais revenir sur mes gros coups de cœur, quelques jolies surprises… et grosses déceptions.
Lorsque j’ai publié ma sélection 2010, certains lecteurs m’ont demandé pourquoi n’y figuraient quasi exclusivement que des films étrangers. Que les choses soient claires, je ne méprise aucunement le cinéma hexagonal, bien au contraire, c’est lui qui me fait gagner ma croute, hein. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il serait très mal venu de critiquer le travail de tel ou tel confrère, if you see what I mean… Lorsqu’on connait l’envers du décor de la création cinématographique made in France, que l’on sait quel parcours du combattant il faut traverser pour voir un projet de film finalement à l’écran et quel sort est réservé au scénario, on se dit que certains films, même imparfaits, ont le grand mérite d’exister.
Il m’est beaucoup plus facile de « juger » de l’aboutissement de tel ou tel film étranger, parce que d’une part j’ai beaucoup plus de recul et que d’autre part l’écriture du scénario y beaucoup mieux valorisée.
Bon, trêve de blabla, roulements de tambour et bilan de cette cuvée 2011 qui, en bien ou en mal, ne m’a vraiment pas laissée de marbre:
Mes gros coups de cœur:
Première énorme claque de l’année, la beauté rugueuse de Winter’s bone de Debra Granik (scénario co-écrit avec Anne Rosellini) qui m’a vraiment bouleversée. J’ai retrouvé en fin d’année la même écriture subtile mais nette et sans bavure dans le magnifique Another Earth de Mike Cahill (scénario co-écrit avec Brit Marling) qui offre, à travers le prisme de la SF, une réflexion humaniste qui me semble très juste (contrairement à un autre film sur lequel je reviendrai plus loin).
S’il ne brille pas forcément par l’originalité de son scénario, j’ai surkiffé Drive de Nicolas Winding Refn (scénario: Hossein Amini ), son esthétique et sa mise en scène délicieusement seventies, sa bande son hypnotique, son interprétation fiévreuse mais toute en retenue, un vrai beau moment de cinéma en ce qui me concerne ! Le rapprochement va sans doute en faire hurler certains mais j’y ai retrouvé tous les éléments qui m’ont séduite dans le Somewhere de Sofia Coppola, un film qui a profondément ennuyé mon cher et tendre mais dont j’ai admiré la radicalité. Je crois que tous les grands artistes ont en commun cette obsession pour un thème qu’ils explorent et déclinent à l’infini. C’est le cas de Sofia Coppola qui nous livre un méta film sur la solitude et l’ennui, nous faisant redécouvrir ce génial acteur qu’aurait pu devenir Stephen Dorff…
La catégorie adaptation m’a particulièrement gâtée cette année puisque l’un de mes romans fétiches, Never let me go, a été porté à l’écran par l’un de mes cinéastes favoris, Mark Romanek (scénario: Alex Garland). Si le film m’a beaucoup plu, force est de constater qu’il n’arrive pas à la cheville de l’œuvre originale mais c’est très normal tant elle repose sur l’intériorité des personnages. Je profite de l’occasion pour la recommander vivement à ceux d’entre vous que ne l’ont pas encore lue.
En 2011 s’est tournée une grande page pour tous les amoureux d’Harry Potter, dont j’ai globalement beaucoup apprécié les aventures cinématographiques, même si elles ne rivaliseront jamais avec les bouquins que j’ai relus, le cœur un peu gros, au cours de l’été, histoire de vraiment clore le chapitre.
Heureusement que l’ami Paul était là pour me consoler, quelle bonne tranche de rigolade franchement, même si je préfère le tandem Simon Pegg / Nick Frost lorsqu’ils font équipe avec Edgar Wright, ce qui sera à nouveau le cas l’année prochaine, can’t waiiiiit ! Autre cure vitaminée devant The green hornet de ce cher Michel Gondry, je trouve qu’il s’est bien sorti de l’exercice, pas vous ?
Si Restless (scénario: Jason Lew) ne restera pas dans les annales comme l’un des grands films de Gus Van Sant, je n’ai pas boudé mon plaisir, bien au contraire. Si je devais ne garder qu’un seul cinéaste ce serait sans doute lui. Oui bon d’accord, je serai INCAPABLE de ne garder qu’un seul cinéaste… ;-)
Un autre de mes cinéastes cultes, Terrence Malick, faisait son grand retour cette année avec The tree of life, une grande, très grande leçon de cinéma qui transpire pourtant d’humilité et d’humanisme. Grosse claque !
Dans la catégorie « films indés que personne n’a vu ou presque », je vous recommande vivement Welcome to the Rileys de Jake Scott (scénario: Ken Hixon) qui vaut énormément pour son casting, où l’on retrouve le grand James Gandolfini face à une décidemment fabuleuse Kristen Stewart.
Dernier coup de Coeur/coup de poing de l’année, le très séminal Shame de Steve McQueen (scénario co-écrit avec Abi Morgan), un film d’une grande intelligence qui m’a fait succomber à une Fassbendite aigue dont j’avais ressenti les premiers symptômes devant le super chouette XMen first class. Foutue je suis !
A noter mon gros rendez-vous manqué avec This must be a place que je n’ai pas pu trouver le temps de voir mais aurait certainement fait partie de ces coups de foudre. Il faut vraiment que je l’achète en DVD…
Les films que j’ai presque aimé
J’ai vu cette année plusieurs films qui m’ont frustrée tant ils combinaient instants de grâce et grosses maladresses d’écriture, notamment Blue Valentine qui aurait été poignant sans une accumulation de clichés, Lullaby for Pi dont la délicieuse poésie finit par se noyer sous des dialogues d’une lourdeur indigeste, et London Boulevard qui a quand même des gros problèmes de rythme et c’est bien dommage.
Pour être tout à fait franche avec vous, je ne sais toujours pas si j’ai aimé ou non Sleeping Beauty. Ce qui est certain, c’est que de nombreuses scènes m’ont dérangée, une bonne chose somme toute, le cinéma sert aussi à ça, non ? Mais avec le recul, la maladresse du scénario et son vide abyssal de caractérisation me laissent sur ma faim.
Et en matière de frustration, Super se pose en maître ! La première partie du film est vraiment réjouissante, son ton est cynique à souhait, mais selon moi le cinéaste est passé totalement à côté de son sujet en négligeant le personnage d’acolyte brillamment interprété par Hellen Page…
Terminons par mon film coup de gueule de l’année, j’ai nommé Melancholia. C’est bien simple, j’ai trouvé sa première partie/heure d’une prétention sans commune mesure, d’un intérêt narratif proche du néant et d’une esthétique à vomir. Oui, seulement voilà, j’ai BEAUCOUP aimé la seconde partie, que j’ai trouvé humble et belle justement. Que Lars Van Trier fasse des crises d’ego à Cannes, c’est son problème, mais en cours d’écriture et/ou de tournage ça me dérange beaucoup plus…
Les déceptions
Elles ont été très nombreuses cette année et assez violentes je dois dire.
Quel comble pour les frères Cohen, universellement loués pour leurs talents de scénaristes, de nous livrer un True Grit certes über esthétique mais totalement dénué de caractérisation ! Merde quand même, de leur part c’est limite insultant ! Et vous qu’en avez-vous pensé ?
Mega mega déception devant Super 8, exercice de style somme toute très scolaire qui est totalement exempt de la magie et de l’humanité qui transpirent justement des films auxquels il rend hommage, ceux de tonton Spielby en tête.
Grosse indigestion devant le Black Swan de Darren Aronofsky au scénario carrément grotesque. Heureusement qu’il reste les scènes de ballets, sinon je crois bien que je serais sortie de la salle…
Épouvantable cuvée 2011 pour les super héros dont je suis tant friande ! D’accord Captain America était honnête mais je dois avouer qu’il m’a laissée de marbre. Quant à Thor et Green Lantern, punaise mais y avait-il un scénariste dans l’avion ?
Déception enfin devant Rise of the planet of the Apes. Ben oui, c’est loin d’être un mauvais film, je vous l’accorde, mais j’attendais nettement mieux. J’ai trouvé l’ensemble beaucoup trop lisse, je n’ai pas été touchée par les personnages, désolée.
Et la palme d’or du Nanar…
… revient à l’indigeste Red Riding Hood de Catherine Hardwicke, un film dont je vous ai déjà dit tout le mal que je pensais, pourtant signé, la douleur n’en est que plus vive, par une cinéaste que j’admirais énormément. Après les très beaux Thirteen et Lords of Dogtown et le somme toute très honorable premier volet de Twilight, Catherine a-t-elle perdu son mojo ? J’avoue que j’ai très peur pour son prochain opus, If I Stay, adaptation de l’ouvrage éponyme de Gayle Forman…
Le premier film que je verrai en 2012:
A dangerous method de David Cronenberg et au galop ! Cinéaste, sujet, casting, tout me met l’eau à la bouche au sujet de ce film, j’ai vraiment hâte de le voir…
Voilà, la liste n’est pas exhaustive, j’ai vu PLEIN d’autres films, quand même, en 2011, et oui des films français, mais voici ceux qui m’ont marquée, en bien ou en mal. Et vous, quels ont été vos coups de cœur/ coups de gueule? N’hésitez pas à nous les faire partager dans les commentaires de cet article…
Copyright©Nathalie Lenoir 2011