Après la version suédoise, voici que David Fincher s’attaque à son tour au thriller Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Un exercice que le réalisateur surdoué accompli avec talent mais qui laisse de glace.
Mais quand c’est David Fincher, le génie du thriller et de l’image des années 90/2000 (Se7en, Fight Club, the Social Network) qui prend le projet en main, soudain, on se dit que le remake peut finalement être bien plus digne d’intérêt que notre pensée première.
Et dès l’ouverture, Fincher nous accroche à notre siège, avec un générique percutant, graphiquement aussi sublime que déroutant sur l’Immigrant Song réarrangée par Trent Reznor, Atticus Ross et Karen O. Nous voilà dans l’ambiance très sombre et violente de Millenium selon Fincher. Mais très vite, le soufflé retombe car malgré le talent du réalisateur qui n’est plus à démontrer, l’histoire n’est pas forcément plus passionnante que dans la première adaptation.
Nous suivons donc deux histoires, celle de Mikael Blomkvist, journaliste se lançant dans l’enquête sur la mystérieuse disparition de la nièce d’un riche industriel et d’un autre côté, la jeune Lisbeth Salander, surdouée et asociale enquêtrice de l’ombre. Quand plusieurs histoires sont ainsi évoquées avant d’être mêlées, il y en a toujours une qui prend le pas sur l’autre. Et alors que le récit principal concerne Blomkvist, on s’aperçoit vite que celui de Lisbeth est bien plus intéressant. Le monolithique Daniel Craig devient vite lassant et les trop courtes apparitions de l’intense Rooney Mara n’en sont que plus frustrantes, surtout que l’enquête concernant la nièce est d’une banalité confondante.
Ce récit glacial et ô combien déjà vu/lu dans les thrillers scandinaves, David Fincher va se l’approprier mais sans grande surprise. On aurait pu s’attendre à une américanisation de l’histoire qui aurait été basculée dans une campagne enneigée au fin fond de l’Amérique mais il n’en sera rien. L’intrigue reste située en Suède mais, tout en développant l’intimité de ses personnages, Fincher apporte toute la classe qu’il manquait à son adaptation précédente. Un véritable sens de la mise en scène et une ambiance qui s’installe tout de suite, appuyée par la composition discrète mais permanente du duo Reznor/Ross.
Fincher fait très bien son job et arrive comme personne à retranscrire en quelques images l’atmosphère paranoïaque de cette île familiale et aux habitants limite consanguins. L’ennui, c’est qu’il le fait sans grande nouveauté. Le réalisateur a déjà fait ce type de film et Millenium se situe justement au carrefour de Se7en et Zodiac. Du coup, jamais il n’éblouit ou ne surprend. Comme si cette adaptation était un exercice trop facile pour lui !
Pour peu que l’on connaisse déjà l’histoire plombante et/ou que l’on n’y accroche pas, Millenium risque donc de laisser pas mal sur le carreau et malheureusement, la réalisation Fincher n’y fera pas grande différence. Non pas que le film soit mauvais, loin de là même. Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes ne transcende pas le genre mais si l’on cherchait de la nouveauté, c’est plutôt du côté de Rooney Mara qu’il faut chercher. L’actrice qui était apparue dans The Social Network est la véritable révélation du film avec un charisme et une intensité de jeu immense.