A l’occasion de la sortie de la Colline aux Coquelicots de Goro Miyazaki, nous revenons aujourd’hui sur l’un des chef d’œuvre du père Hayao, un bijou d’animation et de rêve, Le Voyage de Chihiro.
Après le triomphe de Princesse Mononoké qui avait enfin permis au studio Ghibli de se faire un nom et une réputation divine en occident, Hayao Miyazaki était attendu au tournant. Mononoké était un conte médiéval fantastique, à la fois poétique et violent qui délivrait un message fort, sans doute le plus adulte et épique film du studio. Avec son nouveau film, le Voyage de Chihiro, il revient à un monde moins sombre où la magie l’emporte clairement sur le réalisme pour parler de l’enfance.
La petite Chihiro vient de déménager avec ses parents. Sur le trajet vers leur nouvelle maison, ils s’arrêtent et découvrent ce qui semble être un parc d’attraction abandonné. Pendant qu’elle explore ces lieux étranges, ses parents sont transformés en cochons. La voici alors prisonnière d’un monde étrange et fantastique, dirigé d’une main de fer par la sorcière Yubaba.
Avec Le Voyage de Chihiro, Hayao Miyazaki nous emporte encore une fois dans un univers magique, féérique inédit. Le souci du détail de l’auteur nous immerge de plein pied dans cette ambiance onirique. Il n’y a qu’à voir tout le bestiaire imaginé pour se rendre compte de la richesse du monde qu’il créé alors que nous sommes dans le lieu unique, clos du centre thermal de Yubaba. Démons, animaux parlants, sorcières, dragons, bébé géant … rarement nous aurons vu autant de créatures prendre vie à l’écran. Rempli d’embuches, le voyage est un émerveillement de chaque instant, appuyé par un dessin sublime et une anmation d’une extraordinaire fluidité. Bref tout est là pour nous faire rêver.
Évidemment, fidèle à lui-même, le réalisateur ne va pas seulement nous présenter un univers fantastique et des créatures merveilleuses. Hayao Miyazaki remplit le film de ses thèmes favoris. Si la défense de la nature est moins présente qu’à l’accoutumée (mais néanmoins présente à travers l’arrivée de l’esprit putride), l’acceptation de grandir d’une enfant guide le Voyage de Chihiro. Car la petite Chihiro voit dans son déménagement une contrainte imposée par ses parents qu’elle n’a pas envie de suivre. Son voyage solitaire et fantastique lui fera alors accepter qu’elle doit changer de vie tout en sachant que les personnes qui l’aiment sont toujours avec elle. Qui ne s’est pas à un moment senti perdu dans un monde qui lui semble étrange ? Miyazaki touche à cette question en parlant à l’inconscient de tout le monde dans ce conte d’apprentissage d’une beauté renversante.
Ce rêve d’Hayao Miyazaki est donc à juste titre un triomphe. Les critiques sont unanimes sur la beauté du film et la profondeur de son discours. Tout le monde est soufflé par l’onirisme du maître. C’est ainsi qu’il décroche l’Ours d’Or du meilleur film à Berlin et l’Oscar du meilleur film d’animation. Mais le film est aussi un succès public. Sans parler du phénomène qu’il représente au japon, le film est aussi un gros succès en Europe, notamment en France où il flirte avec les 1.5 millions d’entrées. Ainsi Myiazaki installe durablement le studio Ghibli dans nos contrées où chacun de ses films est attendu avec ferveur. Aujourd’hui, revoir le Voyage de Chihiro, c’est toujours un rêve inoubliable de 2 heures dans lequel on pourrait retomber à chaque instant.