Exodus, la fresque historique d’Otto Preming sur la création d’Israël sort en bluray. Un grand spectacle intimiste, intéressant malgré ses 3h20, porté en haute définition.
Le réalisateur autrichien était au départ plutôt porté sur les polars qui lui ont valu un succès critique et la reconnaissance de la 20th Century Fox. Mais après plusieurs différents, il a préféré se mettre à réaliser ses films en toute indépendance. C’est ainsi que l‘Anatomie d’un Meurtre est né. Mais le réalisateur, à l’instar d’un David Lean ou d’un Cecil B. DeMille avait aussi des envies de grandeurs. En 1960, il était donc temps pour lui de réaliser sa propre fresque. Il choisi alors le sujet controversé de la création de l’état d’Israël et de l’Exodus 1947.
En effet, en adaptant le roman de Leon Uris, le réalisateur s’éloigne des faits historiques et oublie bon nombre de détails sur ce qu’on réellement vécu les survivants juifs de l’holocauste avant d’arriver en terre promise et en diminue clairement la portée dramatique. Il reste donc essentiellement le récit de ces juifs qui vont tout faire pour rentrer dans leur patrie (passant par une grève de la faim), jusqu’à s’installer en Israël malgré les menaces. Si l’histoire avec un grand H n’est pas respectée, il demeure tout de même une fresque dont le message sur la tolérance est assez fort.
Toutefois, avec ses 3h20, le film se traîne sacrément en longueurs avec des personnages trop hollywoodiens pour y croire. Preminger fait ainsi durer les séquences, s’étire inutilement sur certains aspects de l’histoire, et si la déclaration de 1948 montrée ici est un moment fort, d’autres instants à forte portée dramatique sont clairement sacrifiés, en particulier, la fin qui est très vite expédiée et dont les morts n’auront pas l’impact émotionnel voulu. Il faut dire que développer une romance pour des personnages secondaires 10 minutes avant la fin du film pour essayer de tirer des larmes lorsque l’un des personnages meurt, est très mal vu. En essayant de multiplier les points de vue plus ou moins intéressants selon les personnages dans un contexte historique complexe, Preminger se perd.
Il faut dire aussi que les acteurs ne sont pas des plus convaincants. On sent pourtant Paul Newman et Eva Marie Saint plutôt motivés par le film et le message qu’il doit délivrer à la fin, leur jeu très lisse, sans nuances, sans failles n’apporte pas vraiment d’intensité. C’en est d’autant plus ridicule quand l’acteur campant un militaire ne sait pas tenir son arme comme un professionnel.
Si l’on reconnaitra la beauté du message final d’Exodus, ce sera tout de même après 3h20 d’attente avec un scénario confus et des personnages mal écrits. Toutefois, ne serait-ce que par le sujet qu’il aborde (presque jamais traité dans le cinéma britannique ou américain), le film offre des pistes intéressante à creuser par la suite et est en cela très intéressant. Il est donc maintenant possible de voir cet Exodus en haute définition remasterisé de bien belle manière les images sont belles et les subtiles nuances de couleurs sont remarquables) avec une présentation de Preminger par Christophe Champclaux ainsi qu’un documentaire historique d’une heure sur l’Exodus 1947.