S’il n’a jamais été à proprement populaire, Robert Altman a marqué le cinéma hollywoodien d’une empreinte indélébile. De nombreux auteurs et cinéastes revendiquent son influence, à l’instar de Paul Thomas Anderson qui fit office d’assistant VIP lors du dernier tournage du grand maître, prophétiquement traduit sous le titre The last show.
La cinémathèque Française rend actuellement hommage à cet immense cinéaste et scénariste, l’occasion pour moi de vous proposer quelques ressources alléchantes…
J’adore Robert Altman, dont j’ai découvert le travail vers la fin de mon adolescence, je peux même dire qu’il fait partie des artistes qui m’ont donné envie de faire du cinéma à mon tour. Car voyez-vous, non seulement il était un immense photographe et cinéaste mais il maîtrisait l’art de l’écriture, nous offrant de véritables leçons de narration chorale et/ou déstructurée bien avant des Quentin Tarantino ou Guillermo Arriaga qui lui doivent beaucoup. Son film le plus populaire fut certainement M*A*S*H mais mon préféré est sans conteste Short Cuts, suivi de près par The Player.
Né en 1925 à Kansas City, Robert Altman a posé ses valises à Hollywood après son service militaire, à l’âge de vingt-deux ans, espérant devenir acteur. Sa carrière devant les caméras fut brève, voire anecdotique, mais il parvint très vite à vendre un scénario, Bodyguard (1948) qui lui rapporta un joli pactole pour l’époque et lui donna envie de se vouer tout entier à l’écriture. Après quelques années chaotiques en tant que dramaturge et journaliste à Broadway, il revint en Californie pour ouvrir… une animalerie! Réjouissons-nous que son entreprise ait fait faillite au début des années cinquante puisque c’est ce qui l’a poussé à s’investir sérieusement dans le septième art.
Scénariste, puis réalisateur, il travailla longtemps pour le petit écran, on lui doit d’ailleurs, comme nous le rappelle très justement Isabelle Regnier dans les colonnes du Monde, une série totalement avant-gardiste, Tanner 88, mockumentary politique dont le propos n’a finalement pas pris une ride.
Robert Altman se fit un nom en tant que cinéaste dans les années soixante-dix, grâce à M*A*S*H, Palme d’Or en 1970 à Cannes, puis d’une longue liste de longs-métrages tournés à un rythme frénétique (parfois deux par an!). S’il tourna presque autant au cours de la décennie suivante, elle représenta dans sa carrière une longue traversée du désert, les grands studios le considérant comme totalement has been et le public boudant ses oeuvres.
Mais le cinéaste fit un retour tonitruant en 1992 avec The Player, faux thriller mais satire féroce du microcosme hollywoodien qui lui valut le Prix de la mise en scène à Cannes. Il enchaîna dès lors des succès relatifs, parmi lesquels Short Cuts, Cookie’s Fortune ou encore Gosford Park, mais à compter de ce jour son oeuvre fut enfin reconnue à sa juste valeur.
Il tourna jusqu’à son dernier souffle, à tel point qu’en 2006, peinant à terminer The Last Show, il appela en renfort son « disciple » et ami Paul Thomas Anderson. Cette même année, l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences lui décerna un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son œuvre, peu de temps avant que le cinéaste s’éteigne.
La Cinémathèque Française propose jusqu’au 11 mars prochain une rétrospective de l’oeuvre de Robert Altman, avec des projections bien entendu mais aussi des rencontres et conférences. Je ne saurais que trop vous encourager à vous y rendre!
Afin de vous mettre l’eau à la bouche, je vous propose d’écouter le journaliste et critique Olivier Père nous présenter les cinq films selon lui les plus emblématiques de l’oeuvre d’Altman:
5 films de Robert Altman – Présentation par… par lacinematheque
Je vous propose également de découvrir l’oeuvre photographique du cinéaste et j’encourage ceux d’entre vous qui étudient l’écriture de scénario à voir et revoir en boucle ses films, notamment Shortcuts! Que diriez-vous de visionner une interview du grand maître pour terminer en beauté?
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