A l’occasion du retour de David Fincher au thriller avec Millenium, nous revenons aujourd’hui sur l’un des polars les plus intéressants du réalisateur : Zodiac.
On connaissait le réalisateur adepte des effets tape à l’œil et clipesques. Des effets qui ont eu le don d’agacer une certaines critique conservatrice de la mise en scène mais qui étaient pleinement au service de Se7en ou Fight Club. Pour le coup, avec Zodiac, va démontrer qu’il est tout a fait capable d’adopter un style plus posé sans pour autant se renier. Car sous couvert de réaliser un film plus classique qui correspondrait plus à l’ambiance 70′s, la mise en scène de Fincher est ici millimétrée avec des plans magnifiés par une la lumière feutrée (de Harris Savides) qui laissent toute la part de mystère du Zodiaque.
Si c’est le nouveau style adopté par Fincher que l’on remarque tout de suite dans Zodiac, il faut dire que l’histoire rend également le film intéressant au point d’en faire un des meilleurs thrillers de ces dernières années. Avec la sophistication qui le caractérise, le réalisateur nous entraine dans une parfaite reconstitution des 70′s et l’on pourrait presque y voir un certain Steve McQueen que ce ne serait pas étonnant. Mais surtout, sur 2h30 dans film, il nous entraine dans une enquête passionnante sur plus de 10 ans pour savoir qui est ce mystérieux serial-killer dont nous ne serons jamais certains de l’identité.
En plus de son ambiance, l’une des originalité de Zodiac, est aussi son point de vue. Alors que les thrillers habituels nous offrent presque toujours le point de vue des policiers en charge de l’affaire ou du serial-killer, Fincher adopte le point de vue des journalistes (le duo parfaitement dirigé, fera d’ailleurs un peu penser aux Hommes du Président) qui ont vécu les événements de prêt. Et pour cause puisqu’ils étaient au courant des agissements du meurtrier presque avant les flics. Ainsi, on se penche sur Robert Graysmith (incarné par un Jake Gyllenhaal candide), dessinateur au San Francisco Chronicle, qui va petit à petit se prendre au jeu de l’enquête et sombrer dans une obsession pour cette affaire tandis que son confrère va tomber dans l’alcool (quoi de plus naturel pour un rôle de Robert Downey Jr en même temps).
En s’intéressant autant à ses personnages qu’aux événements montrant un meurtrier presque sans pitié dont l’ombre plane sur tout le film sans qu’on puisse vraiment le voir, David Fincher nous offre un thriller réalisé de main de maître, au rythme lent mais jamais inutile, une chronique de San Francisco dans les années 70 d’une richesse de chaque instant. Si le public ne suit pas en masse ce thriller peut-être trop long et bavard (bien que ce soit ce qui le rend justement si intéressant), les critique seront par contre aux anges, louant l’évolution et la maîtrise de David Fincher et considérant Zodiac comme l’un des meilleurs thrillers des années 2000.