Sherlock Holmes : jeu d’ombres, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Sherlock Holmes 2 : jeu d’ombres, l’épisode 2 des aventures du détective Sherlock Holmes et de son assistant le Dr Watson est sorti le 25 janvier, avec son climat de guerre mondiale !

Après le succès étonnant du premier numéro, la suite des aventures trépidantes du génie divinatoire Sherlock Holmes, servi par le cynique Docteur John Watson, se devait d’apparaître sur les écrans pas trop longtemps après. 2 ans après, mûs par la même soif de justice et surtout de résoudre des énigmes des plus compliquées, les 2 compères se lancent dans une joute intellectuelle face au terrible Professeur Moriarty. Et cette fois, le terrain de jeu s’étendra à l’Europe entière, et s’installera pas mal en France.

(Pas) étonnant parce que cette franchise (oh, on prie pour qu’il y ait d’autres épisodes ; le 3ème est déjà en préparation pour l’année prochaine) filmée par Guy Ritchie pour une centaine de millions de dollars s’installe dans la droite ligne de ces adaptations modernes d’œuvres classiques très populaires.

Alors que déjà suivant l’époque à laquelle sera adapté le produit culturel, la qualité graphique, les effets spéciaux et le scénario fleureront bien son année de conception, là, ces derniers temps, la tendance est à la très libre réinvention de l’œuvre, voire du viol en place publique suivi d’une exposition forcée au pilori des anachronismes et du mauvais goût. Je m’illustre en quelques exemples : 3 Mousquetaires 3D, Choc des Titans, Singes, Vampires, etc. Ok ça vous parle ?

Qu’est ce qui se passe dans Sherlock Holmes 2 : jeu d’ombres ? Eh bien à peu près la même chose que dans le 1er mon capitaine ; juste un peu plus gros, plus explosif, à l’histoire opaque aux conséquences plus énormes encore.

Pensez : Sherlock découvre seul que pas mal de faits divers terribles de ces derniers temps en Europe sont du fait du non moins terrible Professeur Moriarty. Celui-ci, c’est son Némésis, brillant astronome/Dr Evil (Dr Denfer) qui prépare la 1ère guerre mondiale, œuvrant à monter les pays européens les uns contre les autres ! En remontant la piste dans le milieu des anarchistes français/gitans, sous la IIIème république, Sherlock et Watson vont tenter de déjouer les machinations politiques et capitalistes du vilain professeur.

S’en suit une cavalcade à travers l’Europe, qui s’arrêtera pour beaucoup en France (reconstituée) puis en Allemagne et en Suisse (en images de synthèse).

Si le film dure 2h10 c’est parce que Sherlock mettra 1 heure à convaincre le Dr Watson de venir l’aider dans sa croisade contre le mal. De nombreuses joutes auront lieu entre les 2 compères vivant séparés et celles-ci s’avéreront reposantes parmi les scènes d’action vraiment décoiffantes. Quoiqu’ils ne s’arrêteront pas vraiment de causer même lorsque tout pètera autour.

Le lien d’amitié et de respect très fort unissant les 2 enquêteurs est un ressort utilisé pendant toute la première partie du film au détriment d’une histoire qui peine à se mettre en route. Alors quand on sait qu’à la fin, forcément, quand tout va nous être révélé il faudra rester concentré, on fronce déjà les sourcils.

Je vous ferais grâce de ne pas relayer la pseudo-théorie qualifiant de « bromance » le rapport entre les 2 héros. En 2011, le buddy-movie est devenu crypto gay apparemment.  Clint Eastwood dans Doux, Dur et Dingue serait forcément zoophile aujourd’hui donc ? Bref, cet aspect de la franchise est pourtant plutôt subtil et amusant (sans être grossier). Et je ne parlerais pas non plus d’humour british, expression qu’aiment tellement placer les personnes imaginant que Mr Bean et Benny Hill incarnent le fleuron de l’humour anglais. Les réparties fusent et le langage pseudo-soutenu semblera difficile à suivre pour ceux qui n’ont pas ouvert un livre depuis Premier de Cordée en CM2 !

Film d’action, blockbuster, ne jugeons pas trop durement ce Sherlock Holmes 2 d’emblée car force est de constater que ça fonctionne très bien : action, dialogues bien taillés (excellente répartie, eh oui on est fort nous les anglais), personnages attachants, effets spéciaux Grand Ecran (malgré ce masque sombre persistant), …

Guy Ritchie déploie des techniques de film étourdissantes et prend son spectateur à bras le corps : la scène de poursuites dans la forêt, les bagarres entre kung-fu et boxe classique, etc. Le réalisateur vous en met plein les mirettes et vous aurez votre dose de ralentis, de caméras plongeantes, de combats chorégraphiés au poil, de reproductions d’époque et de costumes victoriens (pire que dans un Jane Austen).

Guy Ritchie maitrise son appareillage et gère vraiment l’action comme un Matthew Vaughn teinté de Paul W.S. Anderson digeste. Le jeu des acteurs apporte également sa part au succès : le duo formé par Robert Downey Jr et Jude Law fonctionne d’autant plus qu’ils sont maintenant à l’aise dans leurs personnages, et qu’ils jonglent parfaitement avec l’action, le mystère et leur amitié sans cesse mise-à-mal par une crise d’adolescence tardive (le Sherlock de Robert Downey Jr est un superbe génie névrosé qui résout des énigmes autant pour passer le temps que pour ne pas avoir à ranger sa chambre).

L’ennemi joué par Jared Harris est au niveau de son partenaire de jeu. Les personnages de Mary Watson (éblouissante mais discrète Kelly Reilly), Sim (plate Noomi Rapace) et Irène Adler (Rachel McAdams, solaire mais vraiment très discrète) apportent une touche féminine indispensable et forte. Mention spéciale au bonheur de retrouver le grand comédien britannique Stephen Fry qui fait du n’importe quoi pendant toutes ses apparitions, et c’est tellement bon ! (Ca c’est une attitude British si vous voulez savoir !).

En conclusion, pour voir Paris une nouvelle fois reconstitué en des belles images, mais surtout un excellent dosage d’action, de machinations incompréhensibles, de filmage dynamique et de réparties à rallonge, filez vers Sherlock Holmes 2 : jeu d’ombres. D’ailleurs, le titre du film n’aura de cesse de vous turlupiner lors du visionnage, tellement il ne trouvera de signification particulière. Ne ratez pas le prochain épisode : Sherlock Holmes contre les capitalistes et Sherlock Holmes contre les Martiens.