Les plus grands assassins s’affrontent dans un B Movie taré. Le Tournoi de la Mort, rien que ça !
Imaginez que vous réveillez un matin, que vous vous prémunissez d’un téléphone portable qui n’est pas le votre et qu’un texto vous dit « bienvenue au tournoi de la mort, maintenant va falloir buter les 29 autres personnes de la sélection sous 24 heures sinon on vous bute» ! Le pari est risqué et donc vous sautez le petit déjeuner (1ère erreur, le repas le plus important de la journée), vous mettez votre iPod avec du Slayer à fond (erreur numéro 2, comment voulez-vous entendre les ennemis approcher ?) et vous sortez dans les rues d’une grande ville anglaise (pas très malin d’allez vous exposer ainsi).
Bon vous êtes quand même équipés sur votre smartphone d’une application de positionnement qui vous indique la proximité des autres participants (en mode détecteur comme dans Alien avec la scène du « oh mais la bébête est juste au dessus !» ). Et puis vous vous jetez corps et biens dans cette jungle urbaine pour l’affrontement de votre vie, avec un manque total de considération pour les dommages collatéraux. En gros, vous avez le droit de tirer sur les innocents.
Le Tournoi de la Mort, titre répété et assumé à mort par ses interprètes, c’est vraiment un pitch sympa mais dont la transposition ciné est invraisemblable. Un Battle Royale avec des assassins, brassant des personnages foncièrement mauvais, d’autres complètement dérangés et d’autres encore motivés par la vengeance ou bien l’appât du gain (misère sociale oblige, le vainqueur remporte 10 millions de dollars).
Son immoralité totale (on s’entretue sous les yeux de mecs qui font des paris sur le classement et vous suivent grâce aux caméras de surveillance placées dans toute la ville), complètement inacceptable, classe Le Tournoi de la Mort dans ces films violents mais pas marrant. Les nouveaux jeux du cirque, les gladiateurs modernes se saignant pour obtenir la célébrité.
Dans le genre, généralement on a du mal à trouver fun du shoot out incessant et aussi banal, exception faite de l’excellent Shoot’em up. Côté histoire, généralement on se retrouve avec un scénar’ pas original, mal développé et des personnages creux qui rendent le tout ridicule. On tombe sur Death Race, Ultimate Game, Avalon,… Des bons trucs à regarder quand il pleut ou pour se vider la tête après une dure journée (rien de mieux qu’un acteur cérébral comme Jason Statham ou Gerard Butler).
On retrouve dans Le Tournoi de la Mort une flopée d’acteurs pas mauvais mais assez abattus comme Robert Carlyle qui fait la tronche pendant tout le film. Il joue un prêtre alcoolique et terrorisée (qui aura ingéré une fameuse capsule-traceur par inadvertance), ou Sebastien Foucan (vu dans Casino Royale), en tueur yamakazi qui bondit dans tous les sens, lui aussi impressionnant…ou fous comme Ian Somerhalder, impressionnant. En persos principaux y’a aussi Kelly Hu (Lady Deathstrike dans X-Men 2) Et Ving Rhames, dans une histoire de vengeance sans intérêt et sans trop d’impact sur votre ressenti.
Non vraiment, ce qui sauve Le Tournoi de la Mort, c’est sa réalisation et ses scènes d’action. Fortement présentes, pétardant dans tous les sens, avec des séances de shoot de malade, des explosions contrôlés bien ouf, des destructions humaines dignes de Destination Final, en relativement plus gore, des courses poursuites défonçant tous sur leur passage, un rythme de dingue, des cascades impressionnantes (toutes les scènes avec le français Sebastien Foucan). La scène de shoot dans le bar ou la scène d’autoroute valent le coup d’œil !
Clairement, Le Tournoi de la Mort n’est pas un mauvais film graphiquement et stylistiquement parlant, c’est même un film bien taré en réalité. Le Tournoi de la Mort, n’est pas nul, même si son titre l’est (oui c’est pas un film d’arts martiaux).
Est-ce un pamphlet contre le sécuritarisme martial anglais avec ses cameras de partout ? Une critique de notre société devenue 1984 de Georges Orwell, où tout le monde est observé à chaque coin de rue et dont l’intimité peut être dévoilé ? Est-ce une critique de notre société de divertissement décadente où tout peut être source d’amusement ou de sensations fortes et où on peut monnayer les plus malsaines inhumanités ? Course à l’audimat ou divertissement poussé à l’extrême, ce thème de SF est assez courant au final. On pense à Running Man ou au Prix du Danger avec Gérard Lanvin…
Par contre, son immoralité de base (banalisation de gens qui s’entretuent pour de l’argent sous les yeux d’un public gâté) est dure à digérer et rend difficile le fun débridé vu avec Shoot’em Up.