La Colline aux Coquelicots

Par Fredp @FredMyscreens

Encore une fois, Goro Miyazaki essai de marcher dans les pas de son père sans y arriver. La Colline aux Coquelicots est malheureusement une nouvelle déception remplie de niaiserie qui ne convient pas trop à l’esprit Ghibli.

On avait laissé Goro Miyazaki, fils de l’illustre Hayao, à son premier essai peu concluant avec les Contes de Terremer mais le revoilà. Sachant qu’une nouvelle tentative dans le fantastique ne serait pas forcément le meilleur choix (trop proche de son premier film et trop facilement comparable au travail de son père), il choisit cette fois un style résolument réaliste qui est finalement assez peu représenté au sein du studio Ghibli (en dehors des œuvres de Isao Takahata comme le Tombeau des Lucioles) mais que l’on sent ici très personnel.

Dans La Colline aux Coquelicots, Goro Miyazaki s’attache donc à la lycéenne Umi, orpheline de père, qui grandit dans le Japon des années 60. Elle va faire la connaissance de Shun et ensemble, ils vont se découvrir de nombreux points commun alors qu’ils rénovent un vieux foyer avec leurs camarades. Fini la magie du père, Goro plonge donc dans un récit adolescent intimiste. Ce parti pris est intéressant car inédit pour les studios Ghibli. On pouvait donc penser que ce film apporterait un vent de fraicheur et de nouveauté qui nous permettrait d’entrevoir l’avenir du studio. Hélas, cette Colline aux Coquelicots reste embourbée dans une niaiserie digne de la bibliothèque rose.

L’histoire de la Colline aux Coquelicots regorge pourtant de thèmes personnels chers à son réalisateur comme cette recherche désespérée du père afin de marcher sur les traces. Malheureusement, ça ne prend ici jamais. Les personnages ne sont jamais assez approfondis pour s’intéresser à eux et au récit qui semble bien superficiel. Il y avait pourtant tant de choses à raconter sur l’esprit du Japon après la guerre de Corée ou sur l’adolescence, … On n’en trouve finalement que peu de traces. On va même arriver à une faute de goût assez douteuse quand la relation entre Umi et Shun s’approfondira. Rares seront les instants où le film nous portera et nous fera ressentir d’intenses émotions comme le studio en a l’habitude.

Si du côté de l’histoire, on reste sur notre fin, il en sera de même pour l’animation. Comme bridés par le réalisme de l’histoire, on a l’impression que les dessinateurs et animateurs n’ont fait que le strict minimum pour rendre le film agréable. Mais toute la richesse de l’animation à laquelle nous étions habitués n’est pas là, manquant clairement de rythme et de précision.

Si l’on devait finalement qualifier cette Colline aux Coquelicots, ce serait sans doute par l’objectif « paresseux« . Que ce soit dans son histoire qui traine, dans ses personnages sans saveur ou dans son animation simple, Goro Miyazaki n’arrive pas à faire décoller son film et si l’on sait que le sujet lui est pourtant personnel, il lui manque cette petite étincelle qui donnerait un supplément d’âme pour nous emporter.