Puisque John Carpenter a droit à une sortie directement en video de son petit The Ward, revenons sur l’un de ses premiers films qui a lui-aussi droit à une ressortie en bluray, Assaut.
Assaut n’est pourtant pas le premier film de Carpenter, mais c’est le premier qu’il tourne d’une traite (pour son premier film, Dark Star, il en avait tourné un court-métrage de fin d’étude qu’il a ensuite pu allonger). Grand fan de Rio Bravo mais sachant pertinemment ne pas avoir le budget pour en réaliser sa propre version, il va soumettre un scénario plus réaliste à son producteur sous le pseudonyme de John T. Chance (pseudo emprunté au Rio Bravo d’Howard Hawks qu’il réutilisera pour se créditer en tant que monteur du film). C’est donc dans un commissariat à l’abandon, avec un casting d’inconnus, que se déroulera l’action de son film d’exploitation.
Assaut raconte ainsi l’histoire de quelques policiers et prisonniers d’un commissariat en voie d’être désaffecté assiégé par un groupuscule dont on ignore les motivations si ce n’est qu’ils sont sans pitié. Le scénario est basique, les personnages peu développés, la mise en scène de Carpenter encore un peu hésitante et sa direction d’acteur laisse un peu à désirer. Le film, comme beaucoup de films d’exploitation, a même assez mal vieilli. Et pourtant, il se dégage d’Assaut une atmosphère prenante et une tension qui ne retombe jamais pendant 1h30, signe que malgré ses défauts de débutant, Carpenter a un énorme potentiel.
Il arrive d’ailleurs à mélanger d’une manière plus qu’efficace ses références – Rio Bravo bien sûr, mais aussi La Nuit des Mort Vivants (auquel on pense inévitablement lorsque l’on voit ces silhouettes qui assiègent le commissariat) - pour livrer un récit personnel. D’autant plus personnel que Carpenter occupe plusieurs fonctions sur le film (ce qu’il fera régulièrement tout au long de sa filmographie). Scénariste, réalisateur, monteur et compositeur (avec un thème électronique particulièrement marquant), John Carpenter est un artiste complet qui montre bien qu’il peut faire de beaucoup avec un budget limité et une équipe réduite.
Mais ce qui frappe surtout avec le recul que l’on peut avoir sur le film aujourd’hui, ce sont tous les thèmes que le réalisateur aborde ici et que l’on retrouvera ensuite sur l’ensemble de son œuvre. Il y a en premier lieu l’histoire d’un groupe qui doit survivre en milieu hostile contre des ennemis à l’allure surnaturelle que l’on retrouvera dans the Thing, Vampires ou Ghosts of Mars. Il y a aussi cet attrait pour les anti-héros et en particulier les prisonniers qui doivent faire équipe avec les forces des conditions extrêmes qui se retrouvera dans New-York 1997 ou Ghosts of Mars (encore). Enfin, il y a cette atmosphère apocalyptique, ce monde abandonné et violent (à l’image cette scène marquante où, dans une rue déserte, une petite fille sera abattue sans raison à côté du marchand de glace) qui entoure le film. Un univers cruel où l’espoir de survie est mince dans lequel on replongera avec la saga de Snake Plissken ou sa trilogie de l’apocalypse.
Avec ses défauts, Assaut est loin d’avoir conquis les critiques et le public américains. C’est en Europe qu’il sera reçu avec plus de ferveur, lui permettant ainsi de poursuivre sa carrière. C’est bien parce que le film a marqué les esprits dans nos contrées et que Carpenter possède une véritable image d’auteur culte du fantastique que Florent-Emilio Siri a choisi, des années plus tard, de lui rendre hommage avec Nid de Guêpes et surtout que Jean-François Richet réalisa ensuite le remake d’Assaut.