Merci Steven Spielberg !

Par Fredp @FredMyscreens

Alors que la rétrospective touche à sa fin à la Cinémathèque de Paris (dépêchez-vous d’ailleurs pour revoir ses grands films sur grand écran) et que son Cheval de Guerre arrive dans les salles, il était impensable de ne pas rendre hommage à Steven Spielberg à travers un article qui lui serait entièrement dédié. Sans refaire la biographie du réalisateur ou analyser en profondeur son œuvre (de nombreux livres feront cela plus en profondeur et avec plus de talent que je ne le ferai avec ce simple billet d’humeur), j’avais juste envie de dire à quel point les films du maître de l’entertainement hollywoodien (et bien plus) ont compté et ont forgé ma passion pour le cinéma, tout simplement.

C’était le 9 janvier dernier. La Cinémathèque Française organisait un grand événement, l’avant-première de Cheval de Guerre suivie d’une masterclass exceptionnelle avec Steven Spielberg ! Si le film est très bon (nous y reviendrons dans une prochaine critique), c’est bien sûr la présence du maître qui était à graver dans les mémoires puisqu’il a répondu pendant une heure aux questions de Serge Toubiana et Costa-Gavras. Entre des questions pas toujours pertinentes et un hommage peut-être un peu trop cire-pompes (mais on peut bien comprendre leur intimidation face à l’homme qu’ils avaient en face), Spielberg s’en est bien sorti en livrant une leçon de cinéma intéressante en se révélant toujours aussi humble et passionné par le 7e art.

Depuis ses débuts, au travers de court-métrages maison, de son apprentissage à la télévision puis au cinéma, c’est bien la passion qui guide Steven Spielberg et cela se ressent dans ses films. Impossible pour les spectateurs ne pas être touchés ou en tout cas de passer à côté du message en toutes circonstances optimiste de son cinéma (bien qu’assombrit ces dernières années). J’ai grandi avec E.T. et Indiana Jones à la télévision … et lorsque j’ai découvert Jurassic Park au cinéma pour mes 10 ans, c’était tout simplement une immense claque ! Plus qu’une révolution technologique et une dinomania aiguë, Jurassic Park, avec son histoire familiale, son rythme, son suspens, m’a happé et fait réaliser ce qu’était le cinéma, une porte ouverte sur un autre monde qui a tant à dire sur le notre et sur chacun de nous.

Dès lors, impossible de lâcher le cinéma et en particulier celui de Steven Spielberg que j’ai plaisir à redécouvrir à chaque vision. Le camion de Duel, l’apparition du requin des Dents de la Mer, le départ d’E.T., la symphonie de Rencontre du Troisième Type, l’introduction des Aventuriers de l’Arche Perdue, l’avion passant à côté de Christian Bale dans l’Empire du Soleil, le dîner du Temple Maudit, l’attaque du T-Rex de Jurassic Park, la fillette en rouge de la Liste de Schindler, le débarquement d’Il faut sauver le soldat Ryan, les robots de A.I., les visions de Minority Report, le tripode sortant de terre dans la Guerre des Mondes, la poursuite à Bagghar de Tintin et maintenant la conclusion technicolor de Cheval de Guerre, autant de scènes à jamais gravées dans ma mémoire et dans celle de bien des cinéphiles.

Il faut dire que Steven Spielberg arrive avec ses films à toucher une universalité que peu de réalisateurs arrivent à atteindre. En prenant toujours pour prisme le thème de la famille, il est capable d’émouvoir n’importe qui avec un discours simple et sincère. Évidemment, il y aura toujours des réfractaires à cette vision (trop?) optimiste qui lui reprocheront un côté mièvre et fantaisiste ou de n’aborder qu’en surface certains thèmes. D’autres lui reprocheront d’avoir chambouler l’industrie hollywoodienne. C’est peut-être vrai mais si l’industrie a changé, l’homme est en tout cas resté le même, passionné et ne vivant que pour le cinéma… et ne pas le remarquer dans chacun de ses films serait être aveugle.

Alors oui, les films de Spielberg ne sont pas tous des chef d’œuvre. Mais sur près d’une trentaine de films à son actif, n’a-t-il pas le droit à l’erreur ? 1941, HookAmistad, Indy 4 ne sont qu’une poignée de ratages face à l’œuvre complète de Spielberg et n’en sont pas moins inintéressants. Quoi qu’il arrive, il faut reconnaitre au réalisateur un talent technique irréprochable et de toujours s’impliquer personnellement et sincèrement dans les sujets qu’il traite. Il faut également lui reconnaitre un dynamisme sur lequel bon nombre devraient prendre exemple. N’hésitant pas à changer de genre en un clin d’oeil, il se montre tout aussi capable de traiter avec dureté de la guerre que d’émerveiller avec des dinosaures tout en traitant de problèmes familiaux proches de l’intime. Qui d’autre pourrait se vanter d’une telle variété ? Et même lui ne le fait pas, se laissant juste porter par les sujets qui l’intéressent, indépendamment des modes. Car Spielberg est aussi là où on ne l’attend jamais. Et à chaque fois il arrive à nous embarquer dans les récits que l’on ne soupçonnerait pas, déclenchant des émotions sincères ou un grand spectacle impressionnant, parfois les deux en même temps.

Avec sa culture des grands classiques mais aussi de la télévision, Spieblerg s’est imposé depuis plus de 30 ans comme la figure incontournable d’Hollywood qui a à son tour influencé bon nombre de cinéastes d’aujourd’hui. Un technicien irréprochable qui n’hésite pas à pousser à bout les dernières évolutions, un homme d’affaire avisé mais surtout un conteur hors paire,  peu de réalisateurs peuvent aujourd’hui revendiquer une telle influence et une telle popularité mais surtout une telle passion pour le cinéma. Avec de telles œuvres, nous n’avons aujourd’hui qu’une seule envie, que Steven Spielberg continue de faire des films toujours avec cette même passion qui l’anime, pour nous faire rêver encore et encore.