Aujourd’hui, grande plongée dans les mythes celtiques avec armures brillantes et batailles chevaleresques. C’est à la célèbre légende du roi Arthur que nous nous intéressons à travers Excalibur de John Boorman.
Il faut dire que la légende Arthurienne est sacrément complexe, s’étendant de la fin de l’empire romain au moyen-âge, les récits héroïques qui voient le roi rassembler les différentes populations de Bretagne sont aussi vagues que divers et nombreux sont les auteurs à les avoir portés à travers les âges, des plus réalistes aux plus magiques. Loin de la version censée se rapprocher de la réalité historique d’Antoine Fuqua en 2004 ou la version feuilletonesque culte de notre cher Alexandre Astier, John Boorman va plutôt s’inscrire dans la veine mythologique en se basant sur Le Morte d’Arthur de Thomas Malory et de nombreuses compositions de Wagner, perpétuant ainsi l’héritage des légendes bretonnes et scandinaves.
Le résultat à l’écran sera Excalibur. Une fresque dantesque dans laquelle Boorman dresse des tableaux surréalistes à la hauteur de la légende d’Arthur, Merlin et Morgane, n’hésitant pas à changer d’atmosphère selon les séquences. Ainsi, la première partie voyant guerroyer et tomber amoureux le roi Uther est sombre, violente, sanglante avant de laisser place au clinquant de la destinée d’Arthur et de la fondation de l’étincelante cité de Camelot. Puis, alors que l’on croit le mal vaincu, celui-ci ressurgi dans les doutes d’Arthur et le péché de son épouse Guenièvre avec son meilleur ami Lancelot et le retour d’une atmosphère mystique noire, qui mettra l’homme face à sa faute. Au milieu de tout cela, Merlin incarne la relation d’Arthur avec le passé et la nature avant qu’il ne prenne ensuite la relève pour guider les hommes sans l’appui des dieux païens.
Si le film accuse aujourd’hui un peu son âge, Excalibur n’en reste pas moins une plongée sidérante dans la légende d’Arthur et une experience esthétique unique. Boorman a travaillé ses cadres, son univers, ses costumes, retrouve ses paysages irlandais et ses choix musicaux pour que la légende prenne vie à l’écran. C’est peut-être aussi l’interprétation assez théâtrale des acteurs qui date un peu le film. Et pour cause puisque Boorman a choisi en priorité des acteurs venant des planches et en particulier de la Royal Shakespeare Company. L’interprétation est parfois poussée avec des comédiens qui en fond un peu trop mais cela participe à l’atmosphère mythique du récit transmis depuis des siècles. On s’amusera même à y retrouver Helen Mirren, Patrick Stewart, Gabriel Byrne et Liam Neeson à leurs débuts !
Lorsque l’on s’intéresse de près aux légendes bretonnes et nordiques qui ont toujours poussé le lien entre l’homme et la nature, et particulièrement à la légende arthurienne, Excalibur s’avère donc une pièce maîtresse pour plonger dans cet univers. Peu de films ont finalement réussi à retrouver cette dimension épique et mythologique pour nous faire entrer de plein pied dans la légende. Présenté alors au Festival de Cannes, le film a reçu de nombreuses critiques, à juste titre sur le traitement et le rythme de l’histoire ou le personnage d’Arthur plutôt effacé au profit de Merlin et Morgane, mais tout le monde se retrouvait en tout cas d’accord sur l’esthétique du film particulièrement fouillée et grandiloquente, à la hauteur du mythe que le Boorman expose. Malgré ces critiques, le film est un succès en salles mais surtout reste aujourd’hui connu comme l’un des plus grands films de fantasy.