La Chose vs. The Thing vs. The Thing

Par Fredp @FredMyscreens

A l’occasion de la  sortie vidéo de The Thing 2011, voici un petit retour sur les 3 films portant sur le sujet de cette créature retrouvée en antarctique. Alors quelle est la version la plus réussie ? Verdict.

A l’origine, il y a la nouvelle Who Goes There de John W. Campbell parue en 1934 dans la revue Astounding Stories. L’histoire de scientifique isolés en antarctique découvrant un corps extraterrestre congelé. Évidemment, celui-ci va se réveiller et créer la panique au sein de la petite communauté. La Chose d’un autre monde, réalisé par Christian Nyby et produit par Howard Hawks en sera la première version en 1951. Comme tous les films de SF sortis à l’époque, à l’instar du Jour où la Terre s’arrêta, le film est une allégorie de la lutte contre la menace communiste.
Mais cette version s’éloigne considérablement du texte original, oubliant la paranoïa et la créature protéiforme pour quelque chose de plus classique, nous amenant plus à la rencontre du monstre de Frankenstein dans les glaces plutôt qu’à la confrontation avec une espèce insidieuse.
Mais la Chose d’un autre monde n’en oublie pas de mener à bien son suspens et surtout de donner corps à la voix scientifique privilégiant le dialogue et l’étude aux armes.

C’est parce que la Chose d’un autre monde a marqué John Carpenter enfant que celui-ci fera une nouvelle adaptation de l’histoire en 1982 intitulée The Thing. Pour cela il s’entoure d’équipes qu’il connait et reprend Kurt Russel devant la caméra. En se rapprochant de la nouvelle de Campbell, il délivre un chef d’œuvre de l’angoisse et du fantastique, atteignant un niveau de paranoïa qui culminera avec la séquence culte des tests sanguins.
Finie la créature du Frankenstein et finies les préoccupation scientifiques, Carpenter s’attache à bien montrer la perte de confiance entre les différents membres d’un groupe en milieu confiné et glacial. Il redonne aussi à la créature son aspect étrange, horrible, déshumanisé, en installant une tension permanente et un climat presque apocalyptique soutenus par la musique pesante d’Ennio Morricone. L’accueil en salles est glacial et la carrière du film se fera en vidéo, faisant de The Thing une référence, bien supérieure à la version de Nyby.

Il aura fallu attendre 20 ans pour voir le retour de la chose sur les écrans, bénéficiant maintenant de l’aura du film de Carpenter. Universal, à la recherche d’une nouvelle franchise et fidèle à son image de studio créateurs de monstres, a décidé de capitaliser sur le film du maître pour relancer une nouvelle version de The Thing qui s’avère en fait être un prequel sur l’équipe norvégienne. Hélas le film peine à se trouver une personnalité et une atmosphère angoissante, copiant efficacement mais bêtement l’original dans son segment central à renfort de sfx trop visibles.
Si l’on sauvera volontiers Mary Elizabeth Winstead qui révèle une force assez badass, faisant passer ainsi le film pour un divertissement aisément regardable, on ne sauvera pas la dernière partie du naufrage. En effet, à partir du moment où le test sanguin est remplacé par un simple examen de la dentition des différents occupants de la base scientifique, jusqu’à ce qu’il se passe à l’intérieur du vaisseau spatial, le film enchaîne les séquences ridicules dans une surenchère de révélations sur les personnages que la chose possède. En voulant apporter quelques réponses, le film révèle toutes les limites d’un exercice qui n’était d’aucune utilité face au chef d’œuvre qui le précédait.