Chronicle, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Bercé par la culture geek, le réalisateur Josh Trank s’embarque avec Chronicle dans le portrait d’une crise d’ado dévastatrice qui nous fera voir les super-héros sous un autre angle.

Aujourd’hui, presque tous les sous-genres du fantastique ont été touchés par la vague du found footage. On pense bien sûr aux films d’horreur comme Blair Witch ou Paranormal Activity qui ont réduit le concept à de vastes prenant pour excuse leur petit budget mais dont l’effet faisait vite pschitt. Heureusement, à côté de ces films, on peut déceler quelques perles qui n’ont pas hésité à explorer tout ce que le concept leur permettait avec une certaine efficacité comme Cloverfield ou Rec. Quand Chronicle s’y met pour décliner le thème des super-pouvoirs avec cette mise en scène, on peut craindre le pire, surtout quand en plus on a affaire à des ados.

Et pourtant, ici, bien que ce ne soit pas pleinement utile, Josh Trank utilise cette caméra subjective de manière particulièrement intéressante pour nous rapprocher de l’esprit de l’ado perturbé qu’est Andrew. Chronicle, c’est avant tout l’histoire de 3 lycéens américains qui vont se voir dotés du jour au lendemain du don de télékinésie. Ils vont s’amuser avec jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’ils doivent le gérer avec responsabilité. Mais pour l’un d’eux, souffrant de douloureux rapports familiaux, ça va mal tourner.

En prenant à rebrousse-poil la morale bien pensante de Spider-Man comme quoi un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, Chronicle nous entraine dans un univers bien plus réaliste que ce à quoi nous a habitué Marvel. Avoir de tels pouvoir est plutôt cool et on aurait tort de ne pas en profiter. C’est ce que nous ferions dans la réalité et ce qui est bien montré ici en révélant notre coté sombre. Car Chronicle n’est pas un Jackass avec super-pouvoirs. C’est surtout un film sur la crise d’adolescence dans tout ce qu’elle a de plus violent et rageur. Cela n’est peut-être pas fait avec subtilité, la faute à des personnages mal construits et des dialogues qui ne font pas dans la finesse mais au moins Chronicle a le mérite d’explorer toutes les facettes de sa thématique en les poussant à bout jusque dans une lutte finale qui ne sera pas sans rappeler un certain Akira (la force de la rage des ados japonais et du passé nucléaire en moins).

Du côté de la mise en scène, l’utilisation de la caméra subjective n’est ici pas toujours justifiée et parfois même un peu grossière mais Josh Trank l’utilise avec suffisamment de créativité pour ne pas lasser et desservir l’histoire, renforçant même son contenu par moments. Pour un premier film, il se montre particulièrement inventif et maîtrisé pour que l’on ait bien envie de suivre ses prochains projets. Avec de meilleurs personnages, on a donc hâte de voir ce qu’il pourrait bien proposer.

Finalement, Chronicle ne renouvelle pas le genre mais nous permet d’en explorer une facette plus sombre et réaliste que l’on a peu l’occasion de voir. Avec un discours bien plus intéressant sur le fond que sur la forme, Josh Trank se révèle comme un créateur influencé par la culture geek à suivre de près.