L’écriture d’un scénario commence la plupart du temps par une idée, une image, un thème à aborder. C’est ce qu’on appelle la prémisse du récit. Mais tous les concepts d’histoires, aussi brillants qu’ils semblent de prime abord, ne sont pas forcément exploitables sous forme de scénario, encore faut-il qu’ils permettent de développer des personnages intéressants, une intrigue en trois actes, une dynamique objectifs/obstacles…
Il existe diverses manières de tester la solidité d’un embryon d’histoire mais la plus efficace reste selon moi l’écriture d’un squelette. Kesaco? C’est ce que je vous propose d’étudier aujourd’hui…
Ecrire un scénario est un processus qui se déroule en plusieurs étapes distinctes, je vous ai notamment parlé dans ces colonnes:
- du brainstorming
- des recherches
- de la caractérisation
- de la structure
- du synopsis et de la note d’intention
- de la rédaction d’un traitement
- de l’écriture spécifique d’une scène
- des dialogues
Tout ça c’est bien gentil, mais comment savoir si une idée de base qui tient en une ou deux phrases, voire un paragraphe, est assez solide/intéressante/originale/vendable pour se voir développée sur cette véritable chaîne de montage que représente le processus dramaturgique? Croyez-le ou non, c’est relativement simple, il vous suffit de rédiger un squelette de votre histoire.
Il s’agit d’un document d’une ou deux pages sur lequel on dresse l’inventaire de tous les éléments dont on aura besoin pour rédiger une bonne histoire:
Pitch: votre histoire résumée en une ou deux phrases, son concept
Pitch thématique: le thème principal ou « message » que véhiculera votre histoire
Protagoniste: le personnage qui va mener une quête au cours de l’histoire, le vecteur d’identification du spectateur
Objectif du protagoniste: le but qu’il va poursuivre tout au long de l’intrigue et qui déterminera sa résolution
Incident déclencheur: l’évènement qui lance le protagoniste dans cette quête
Obstacles externes: liste des principaux évènements et personnages qui vont contrecarrer cette quête
Obstacles internes: liste des défauts/failles/phobies/angoisses/complexes du protagoniste qui vont le faire contrecarrer sa propre quête, consciemment ou inconsciemment
Passage 1er/2ème acte: la transition entre l’élément déclencheur, la déclaration d’objectif qui s’ensuit (elle n’est pas forcément verbale mais doit être perceptible par le spectateur) et le moment où le protagoniste se lance dans l’action
Climax médian: le noeud dramatique qui scinde le second acte en deux, redéfinissant les enjeux de la quête
Climax: le dernier noeud dramatique de l’intrigue, le plus fort, celui qui détermine le succès ou l’échec de la quête à la fin de l’acte 2
Réponse dramatique: l’objectif du protagoniste est-il atteint ou pas?
Ironies dramatiques: la liste de TOUTES les sources d’ironie dramatique de l’intrigue (ce que le public sait mais qu’un ou plusieurs personnages ignore(nt))
Voilà, si un concept vous permet de définir clairement TOUS ces éléments, cela signifie qu’il mérite d’être développé sous forme de scénario ou de roman. A titre personnel, j’utilise cette méthode pour toutes mes formes d’histoire. Ne bâclez surtout pas cette étape, elle vous permettra non seulement de gagner du temps par la suite puisque vous visualiserez l’ossature de l’histoire, mais aussi et surtout elle vous évitera de foncer droit dans le mur en travaillant des semaines, voire des mois, sur un concept qui s’avérera bancal en cours de route.
Si cet article vous semble rédigé en chinois, c’est que vous ne maîtrisez pas encore les règles de bases de la dramaturgie, je vous encourage donc fortement à réviser vos classiques, jeunes Padawans…
Copyright©Nathalie Lenoir 2012