La saison 2 des nouvelles enquêtes du détective de Baker Street à la sauce XXIème siècle débute sur France 4. Retour sur le phénomène Sherlock.
Et le talent du créateur Steven Moffat n’y est pas pour rien tout comme les compostions impeccables et narquoises de l’ensemble du casting.
La saison 1 a bluffé tout le monde, littéralement. Si vous ne l’avez pas encore vu, et que vous êtes adeptes d’enquêtes et surtout de l’ambiance second degré britannique, jetez-vous dessus, vous ne le regretterez pas !
En seulement 3 épisodes d’1h30 chacun, toute l’essence des histoires du Sherlock Holmes moderne est brillamment installée, même réchauffé d’un siècle…
Le génie divinatoire du grand détective Sherlock Holmes, détective savant mais isolé car trop en avance sur ses pairs ; la force tranquille du Dr Watson cartésien psychologiquement meurtri par son passage dans l’armée mais également redoutable canalisateur de l’énergie intellectuelle de Sherlock ; une police dépassée car trop enfermée dans ses pratiques éculées ; des méchants géniaux, sans remords ; des personnages retors pris entre deux feux ; des seconds rôles aux personnalités singulières et utiles aux héros… En somme, la construction des personnages est excellente.
En 3 épisodes, toutes les intrigues secondaires qui ont fait le succès de Sherlock Holmes sont mises en place avec brio : relation professionnel déséquilibré, science de l’observation suivie de la déduction, humour pince-sans-rire très britannique, Londres mystérieuse aux énergies mystiques très XIXème… tous les ingrédients sont là.
Cette nouvelle (énième) série britannique sur le héros a su réellement dépoussiérer le modèle pour en faire une adaptation contemporaine géniale : Sherlock est aujourd’hui un génie arrogant limite autiste dans son incapacité à communiquer sur le plan émotionnel, le Dr Watson est un aide de camp aux extérieurs chétifs mais pour autant plutôt débrouillard et homme à femmes, son Némésis Moriarty est un génie du mal sans complexe, tueur à gages/organisateur de meurtre comme Arcade dans l’univers de comics Marvel ou bien le Joker ; le frangin Mycroft est un diplomate protecteur mais également carriériste, Mrs Hudson est la gardienne d’immeuble un peu collant mais surtout la caution bonnes manières et english way of life,…
Les dialogues sont savoureux, les personnalités sont savamment ciselées et les enquêtes sont presque simplement des prétextes pour apprécier les interactions entre tous.
Ultra moderne, chic, high-tech, Sherlock envoie des textos et le Dr Watson raconte leurs exploits dans un blog, mais c’est de loin la délicieuse valeur ajoutée de la série.
La patte de Steven Moffat c’est donc de parvenir à faire apprécier des enquêtes alambiquées à une époque où tout le monde est gavée des Experts et autres. La force de la série réside dans la construction des personnages et dans cet esprit furieusement dynamique, qui pourra verser dans le dramatique quand il faudra.
Une chose que le maître a déjà prouvé à plusieurs reprises, dans les géniales séries Coupling (que je recommanderai jamais assez) ou Dr Who, c’est son goût pour des personnages forts et des histoires tordues qui s’expliquent à la fin de l’épisode.
Les enquêtes un brin mystiques dans un Londres chic mais au ciel bien couvert vous feront pénétrer dans les mondes parallèles souterrains de la mégalopole. Sociétés secrètes et morts inexpliqués peupleront cette première saison.
Pour ce qui est de la saison 2, le 1er épisode démarre fort avec un brassage de symboles traditionnels anglais, traités avec énormément de subtilité of course : la famille royale impliquée dans un scandale, le je-m’en-foutisme anti-establishment de Sherlock, les tractations politiques des services secrets dans une curieuse affaire d’espionnage. En bonus, est introduit dans ce premier épisode, le personnage d’Irene Adler, poule de luxe qui obtient toutes informations vitales grâce à ses charmes.
Foncez voir Sherlock et mettez Robert Downey Jr et Jude Law de côté, vous serez étonnés de voir combien l’inaction peut être captivante.