Et si on embarquait pour un voyage inédit sur la planète rouge ? Malgré ses défauts, John Carter est une aventure hors normes et familiale qui vaut bien le coup d’œil pour se rappeler des origines de certaines grandes sagas.
Avatar, Star Wars, Dune, Riddick, toutes les grandes histoires de science fiction mêlant la découverte d’un nouvel univers de SF à une aventure légendaire doivent finalement tant à un seul et même auteur : Edgar Rice Burroughs. Au début du XXe siècle, l’auteur de Tarzan a accouché avec son Cycle de Barsoom d’une immense saga qui va influencer tout un pan de la Fantasy spatiale et c’est seulement maintenant que cet univers foisonnant est porté à l’écran. Énorme risque pour Disney qui va forcément être comparé aux sagas précitées alors que celles-ci doivent tout au monde enfin exposé dans ce film. Un risque d’autant plus conséquent que le studio confie ce gros bébé à Andrew Stanton qui, après Brad Bird et son génial Mission : Impossible – Protocole Fantôme, est le second réalisateur de l’écurie Pixar à passer à un film live.
L’attente pour les fans est énorme. Pour le grand public par contre, le personnage et l’aventure de John Carter est plus obscur. Qui est donc ce Capitaine sudiste qui se voit d’un seul coup propulsé de la guerre de Sécession à la planète Mars ? Le film est aujourd’hui l’occasion de le découvrir mais surtout d’explorer un nouveau monde, une planète mourante où la guerre a fait des ravages irréversibles, où plusieurs races tentent de cohabiter et où la destinée des peuples est manipulée par des esprits supérieurs. Lorsque John Carter débarque au milieu de ce chaos, il n’a d’autre choix que de s’y adapter, trouver des alliés et évidemment tomber amoureux de la princesse locale.
Ce qui est passionnant avec John Carter, c’est bien l’univers qui est ici développé. Stanton prend son temps pour nous présenter la planète, les us et coutumes des différentes civilisations tout en plantant les graines de l’aventure qui va commencer. Le monde est assez dense pour en faire une encyclopédie et devant chaque découverte, on ne s’ennuie pas. En plus de cela, il installe un beau parallèle avec notre monde d’aujourd’hui en montrant un monde ravagé, nous faisant alors un peu réfléchir sur la guerre et la protection de l’environnement, la Terre étant alors susceptible de finir comme Mars.
Appuyé par une musique au lyrisme d’autrefois qu’a su retrouver le décidément très doué Michael Giacchino, l’exploration de Barsoom est non pas un émerveillement de chaque instant mais bien une belle histoire de civilisation. Comme on en raconte dans les mythes et légendes, le récit est classique mais intemporel, ne perdant jamais son souffle épique tout en développant ses personnages.
Pourtant, malgré cet univers passionnant qui nous emporte à chaque image, quelque chose ne fonctionne pas très bien et donne l’impression que le film manque d’un petit quelque chose pour devenir vraiment légendaire comme les sagas que le roman d’origine a enfanté. Malheureusement le choix de Taylor Kitsch dans le rôle titre n’était pas le plus judicieux. L’acteur fait ce qu’il peut mais n’arrive malheureusement pas à délivrer toute la complexité de son personnage qui a bien trop l’air d’un gamin perdu pour que l’on s’y attache. Il manque clairement de bouteille pour développer un charisme qui lui permette de porter le film et les émotions sans avoir recours à des flashbacks. Il faudra attendre d’avoir passé les deux tiers du film et qu’il ai combattu dans l’arène pour se dire qu’on tient enfin un héros.
Ce côté gamin rend aussi la romance avec la princesse d’une niaiserie assez malvenue. D’une histoire d’amour classique qui aurait pu être magnifique entre deux être qui se seraient trouvés, elle n’est pas développée avec suffisamment de subtilité pour y croire. Et à trop vouloir la forcer, on oublie alors de donner une dimension épique au film en écourtant la bataille finale qui retombe d’un seul coup alors que l’on pensait arriver au climax. Dommage.
Mais malgré ces défauts qui nous font regretter de passer à côté du grand film qu’il aurait pu être, avec son univers passionnant et surtout une sincérité tout de même touchante, ce John Carter mérite bien le coup d’œil. Et l’on se prend même à espérer que la suite espérée voit le jour pour retourner encore une fois explorer cette planète et rencontrer de nouveau ses habitants.