14e Festival du Film Asiatique de Deauville – 1re partie : Palmarès

Par Fredp @FredMyscreens

Du 7 au 11 mars s’est tenu le 14e Festival du Film Asiatique de Deauville. Une nouvelle édition qui nous a fait voyager avec 17 films et un palmarès étonnant. Nous commençons donc le compte rendu avec les films primés : Mourning, Baby Factory, Himizu et Wu Xia.

Malgré sa représentation bien trop limitée dans les salles française et trop souvent cantonné au DTV voir à l’import, le cinéma asiatique tient bon à Deauville qui consacre pour la 14e année un festival qui lui est tout dédié. Cette année, la sélection n’était pas forcément joyeuse puisque l’on peut retrouver comme principaux thèmes le roadtrip et le deuil mais ici souvent abordés de manière originale touche, parfois ennuyeuse mais bien plus souvent intéressante.

Grand Prix : Mourning

On commence par partir en Iran avec ce premier film de Morteza Farshbaf racontant le voyage d’un couple ramener chez lui le neveu dont les parents viennent de mourir. Devant faire face à cet événement imprévus, ils se retrouvent incapables d’en parler avec l’enfant, préférant se disputer pour savoir ce qu’il va devenir. On l’a bien compris, on entre directement dans les 2 thèmes phares du festival avec ce film d’1h22. Mais malgré sa courte durée, le film est d’une lenteur narrative exigeante et l’on a vite fait de lâcher l’affaire si le sujet ou les personnages de nous touchent pas.
Car si le film est audacieux du début à la fin, prenant le parti pris risqué de faire parler avant-tout les sous-titre en ne sortant qu’à de rares instants de cette voiture pour trouver un peu de respiration, il souffre tout de même d’un manque singulier de rythme. Mais il ajoute en plus à cette lenteur un discours certes intéressants dans son sous-entendu politique, mais rempli de misérabilisme, en rajoutant sans cesse sur le malheur de ses personnages dans ce pays aux conditions déjà difficiles sans pour autant apporter de réponse pour l’enfant. Malgré une véritable patte d’auteur en devenir et son aspect aride et radical très intéressant, Mourning risque bien de dérouter et d’ennuyer bon nombre de spectateurs.

Prix du Jury : Baby Factory

Pour son premier film, le philippin Eduardo Roy Jr nous entraine dans la plus grande maternité au monde, une véritable usine de naissances. Mais aux Philippines, les conditions d’hospitalisation sont loin d’être idéales et les femmes qui viennent d’accoucher y sont plus traitées comme des prisonnières suspectées de vouloir abandonner leur bébé à la moindre occasion plutôt que comme des patientes et futures mères. Le réalisateur adopte ici un style documentaire qui nous plonge directement dans l’enfer des cris de nouveaux-nés et des infirmières sur le qui-vive. Il décrit ainsi un lieu foisonnant de vie rapidement impressionnant devant l’ampleur des salles regroupant ces jeunes mères.
Là où le jeune réalisateur nous perd par contre c’est dans les destins des personnages auxquels il essaie de nous raccrocher. Si le contexte est passionnant, les petites histoires des infirmières ou de certaines patientes ne sont pas forcément très intéressantes ou très claires. On se demande alors si il n’aurait pas mieux fait de ce cantonner à un excellent documentaire plutôt que de lui donner une dimension fictionnelle.

Prix de la Critique : Himizu

Récompensé l’année dernière pour Cold Fish, le japonais Sono Sion récidive avec Himizu. Adapté d’une bande-dessinée, le réalisateur fait ici le portrait d’un lycéen qui veut à tout prix être ordinaire dans un Japon qui doit se relever de la catastrophe de Fukushima. Mais entre la pauvreté et des parents et un système qui l’ont abandonné que lui reste-t-il vraiment ? Le jeune Sumida est le reflet d’une jeunesse en complète perte de repère après une catastrophe qu’elle n’avait pas connu. Le réalisateur donne donne ici une véritable claque avec une mise en scène aussi instable que son personnage principal, reflétant toutes les émotions extrêmes qu’il peut ressentir.
Excessif, il l’est en permanence, installant une rage permanente et jusqu’au-boutiste où la possibilité de rédemption s’amenuise à chaque instant malgré la volonté de s’en sortir et d’exister. Sono Sion est aussi radical en nous entraînant dans un univers où vont cohabiter SDF joyeux, yakusas vengeurs et amourette de lycéenne tête à claque. Himizu est aussi fascinant qu’il est énervant, aussi dur et éprouvant que sensoriel et magnifique dans son désespoir. Avec autant de hargne, on n’en ressort pas indemne, marqué comme son héros par la dureté de la vie.

Prix Action Asia : Wu Xia

Imaginez que l’on raconte l’histoire de A History of Violence à la manière d’un Sherlock Holmes dans le contexte d’un film d’arts-martiaux se situant à l’époque de la dynastie Qing. Wu Xia c’est un peu cela avec une réalisation efficace de Peter Ho-Sun Chan. le réalisateur donne le ton en ouvrant le film sur une bagarre redoutable revue ensuite en détails de manière addictive pour nous faire connaitre le mystérieux passé de Liu Jin-Xi.
Si le film s’avère finalement assez prévisible, il n’en est pas moins diablement efficace, au rythme bien mené et superbement interprété.

A suivre : les 6 autres films en compétition officielle, les 5 autres films en compétition Action et 2 avant-premières.