Après avoir vu en détails les films primés lors du 14e Festival du film Asiatique de Deauville (Mourning, Baby Factory, Himizu et Wu Xia), jetons un coup d’œil sur les 6 autres films qui étaient en compétition officielle : The Sun-Beaten Path, Death is my Profession, Saya Zamurai, Beautiful Miss Jin, I carried you home et 11 Fleurs.
The Sun-Beaten Path
Le festival s’ouvrait sur la voie tibétaine du premier film de Sonthar Gyal. Un road movie à pied dans le désert rocailleux où un jeune homme en deuil quitte Lhassa pour rejoindre ses proches qui cherche à vieller sur lui. On sent bien là un film extrêmement personnel et empreint de spiritualité. Une démarche profondément sincère et soignée qui nous touche forcément. Le réalisateur fait ici preuve d’un joli sens du cadrage qui nous permet, malgré le rythme lent, d’apprécier le voyage. Mais le plus intéressant reste ce vieillard qui accompagne le jeune, créant le contraste en étant plus vivant et moderne que la jeunesse. Mais surtout, ce personnage qui veille sur le jeune mutique est-il réel ou imaginaire ? C’est une interrogation qui nous emmène sur toute la beauté et la réflexion spirituelle du film.
Death is my Profession
Les temps sont plus durs que jamais en Iran et 3 ouvrier se voient contraints d’aller voler des câbles électriques pour faire vivre leurs familles. Avec ce premier film, Amir Hossein Saghafi fait preuve d’un certain sens de l’esthétique. Avec une réalisation démonstrative, il nous emporte facilement dans la première partie de son récit. Il est simplement dommage que derrière ces images et beaux mouvement de caméra, il ne se passe pas grand chose. Mais en plus il ne se passera rien de plus dans dans cette fuite dans la neige qui occupera toute la seconde partie, un chemin de croix douloureux qui dure longtemps, très longtemps en ajoutant en plus du misérabilisme sur la situation inconfortable vécue en Iran.
Saya Zamurai
Le grand expert de l’humour japonais Hitoshi Matsumoto livre ici son troisième film. Une œuvre double parfaitement écrite et rythmée qui passe allègrement de la comédie potache à l’émotion pure. En effet, il commence cette histoire de samouraï déshonoré qui doit faire sourire le fils du seigneur local. Un sujet casse-gueule qui commence sur un petit délire graphique et se poursuit dans l’humour complètement absurde et hilarant. Et c’est lorsque l’on craint que le système des sketchs ne devienne répétitifs que le film commence à nous cueillir en plein cœur. Car dans sa seconde partie, il dérive vers l’émotion et la tristesse avec une parfaite justesse. N’allant jamais dans le mélo et avec l’appui d’une fillette on ne peut plus attachante, malgré son thème du deuil, Saya Zamurai donne justement envie de vivre. Un véritable coup de cœur.
Beautiful Miss Jin
Les coréens ne font pas que dans le thriller violent, ils savent aussi donner dans le mélo. Avec Beautiful Miss Jin, Jang Hee-Chul s’intéresse à un petit groupe personnes vivant aux abords d’une petite gare ferroviaire de quartier. Menés par la mystérieuse SDF Miss Jin, leur vie va petit à petit changer alors de des liens d’amitié vont se nouer entre eux. Le film n’est certes pas exigeant en terme de mise en scène et reste sans grande surprise mais offre une respiration plutôt plaisante avec des acteurs qui dégagent une bonne humeur mais surtout un réalisateur qui traite son sujet sans misérabilisme et un véritable regard positif, ça change.
I Carried You Home
Deux sœurs viennent de perdre leur mère et accompagnent son corps dans l’ambulance allant de l’hôpital à la maison. Un trajet qui sera l’occasion pour les deux sœurs de renouer des liens. Dans le genre roadtrip mélodramatique, I carried you home n’est pas désagréable mais traine tout de même sacrément en longueur en surfant sur ses non-dits et l’abcès entre les deux sœurs qui met un certain temps à être crevé. Le voyage monotone se révèlera plus intéressant dans sa dernière partie plus conventionnelle qui pourra même rappeler par instant l’Elizabethtown de Cameron Crowe (la mort absurde de la mère, les regrets des sœurs, la bande-son pop-rock) sans en avoir toutefois le talent et la fraicheur.
11 Fleurs
Voici la fresque historique de ce festival. Avec 11 Fleurs, Wang Xiaoshuai traite du difficile thème de la révolution culturelle chinoise à travers les yeux d’un enfant. Mêlant comme il le faut la grande histoire à la perte de l’innocence de l’enfant, le réalisateur délivre un film d’un grand classicisme qui souffre de quelques longueurs et qui aurait pu être plus noir mais se révèle vraiment touchant tout en restant très intéressant. Sans en faire de trop, on est ainsi transporté de manière didactique dans ce contexte et dans la vie de cette famille et de ce groupe d’enfants pour vivre les évènements à leurs côtés.
A suivre : la sélection Action Asia et les 2 avant-premières.