Bellflower, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Bienvenue dans Bellflower, l’univers fauché et apocalyptique d’Evan Glodell, un roadmovie crasseux mais avec un vrai cœur, qu’on aime ou qu’on déteste.

Bellflower, c’est le premier film d’Evan Glodell, réalisé dans des conditions quasi-amateur avec une bande de pote pour un budget minuscule mais qui représente tout de même un bon paquet pour son réalisateur. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas de moyen qu’on ne peut pas être créatif et le jeune auteur en fait ici toute la démonstration. Dans Bellflower, il nous présente deux potes d’enfance, Woodrow et Aiden, fans de Mad Max qui retapent une voiture pour se rapprocher de leur film culte. Mais Woodrow va tomber amoureux de Milly, toute aussi destroy que lui et qui va lui en faire voir de toutes les couleurs.

Ce qui frappe tout de suite dans Bellflower, c’est qu’Evan Glodell y développe un univers personnel et percutant, que ce soit dans l’esthétique, dans son histoire ou dans ses personnages. On s’attache d’ailleurs immédiatement à ces deux grands gamins qui ne rêve que de leur « Medusa»  et de leur lance-flamme. On se rend compte que leur amitié sera le cœur de l’histoire, bien plus que l’histoire d’amour destructrice avec Milly. Si l’on accroche avec ces personnages, joués par des acteurs débutants mais parfaitement crédibles, on est bien parti pour apprécier le roadtrip.

Malgré son budget limité, Glodell adopté une mise en scène audacieuse, aussi foutraque qu’ordonnée. Sur le plan graphique, le soleil brule la pellicule à chaque instant pour rendre son film plus fort et plus sombre et lumineux à la fois. Une teinte typique des films post-apocalyptique ici au service d’une love story remplie de tendresse et en même temps d’une rage destructrice. Loin d’être une simple démonstration technique, ce parti pris esthétique sert parfaitement à montrer l’apocalypse intérieure que vit Woodrow quand son histoire d’amour tourne mal.

Évidemment, ce premier film n’est pas exempt de défauts et le plus simple serait de lui reprocher un twist avant le dernier acte qui revient sur ce qu’il s’est passé précédemment. Mais c’est aussi l’un de ses atouts qui permet de comprendre le désordre que l’on vit et les fantasmes destructeurs que l’on imagine lorsqu’une love story se termine. Les deux potes en deviennent alors plus attachants et leur passion pour « Medusa»  encore plus cool, surtout lorsque c’est servi par une musique indé qui rend le film encore plus poétique.

Pour un premier film, Evan Glodell montre ici qu’il est un réalisateur au style personnel qui ne laisse pas indifférent et qui est à suivre de près. On se souvient de Sam Raimi et Peter Jackson qui avaient débuté dans les années 80 avec des films aussi fauchés … Glodell pourrait bien en être le digne successeur qui arrive à mettre autant technique que d’émotions dans son film pour le transformer en véritable coup de cœur.