Culte du dimanche : Battle Royale

Culte du dimanche : Battle Royale

Film choc aujourd’hui dans le culte du dimanche, l’un de ceux qui marquent une génération avec une grande violence et en même temps un message sur les rapports entre ados et adultes : Battle Royale.

Culte du dimanche : Battle RoyaleAu Japon, à l’aube du XXIe siècle, les adolescents sont devenus incontrôlables. Violence, désobéissance, absentéisme, les adultes sont désespérés par ces jeunes qui ont perdu tout repère. Pour remédier à ce problème et donner une bonne leçon aux ados, ils créent la loi Battle Royale qui a pour but d’envoyer les élèves d’une classe de 3e s’entretuer sur une île déserte. C’est le réalisateur Kinji Fukasaku qui adapte le livre de Kōshun Takami avant que celui-ci soit également adapté en manga.

Les jeunes japonais ont toujours eu du mal à s’insérer dans la société depuis la fin de la seconde guerre, les catastrophes nucléaires et tremblements de terre. Une décomposition de la cellule familiale et des traditions qui inquiète les adultes. Avec une culture alternative plus violente et fantasque que leurs ainés, les ados ne se reconnaissent pas dans les valeurs traditionnelle et ce Battle Royale leur sert d’exutoire, exacerbant la violence, montrant à la fois la rage qui les anime et les amène à s’entretuer facilement et montre également le désespoir des adultes qui en arrive aux moyens les plus extrêmes pour contenir la jeunesse dans le rang.

Culte du dimanche : Battle Royale

Pourtant, au premier abord, Battle Royale peut sembler d’une violence totalement gratuite et complètement cynique. En effet, le professeur Kitano (campé par le cinglé Takeshi Kitano) n’hésite pas à tuer de sang froid deux de ses élèves avant même que le jeu ne commence. Puis les massacres d’élèves se révèlent particulièrement sanglants. Chacun ayant une arme spécifique, d’attaque ou de défense, donne plus de piment au « jeu»  et révèle les personnalités des élèves : violents, tactiques, sournois, naïfs, désespérés.
Alors que certains vont la jouer solo, d’autres préfèrent rester groupés jusqu’au dernier moment tandis que les derniers sans espoir iront au suicide. La violence brute est rendue moins réaliste par l’humour à froid qui habite le film mais aussi les décomptes réguliers du nombre de morts ou même l’usage de la musique classique (on a ici une autre vision du Danube Bleu). Plus on avance dans le jeu, plus on s’attache alors à certains personnages (en particulier Noriko et Shûya) alors que l’on aime en détester d’autres.

Culte du dimanche : Battle Royale

Mais derrière ce massacre se cache un discours bien plus profond sur la société japonaise. On parlait évidemment des adolescents ne trouvant pas leur place dans la société japonaise et du décalage énorme entre les générations qui ne se comprennent pas, mais Battle Royale est finalement plus large que cela. C’est aussi une métaphore de l’adolescence, de toutes les phases à surmonter pour devenir adulte. Ainsi, le film traite de manière volontairement satirique les premières amours adolescentes et jalousies, la violence servant même à compenser la sexualité. On pourrait même y voir une version très trash du système scolaire où tout les moyens sont bons pour avoir le diplôme et être premier de la classe et donc ensuite réussir sa vie.

Culte du dimanche : Battle Royale

Entre massacre jouissifs d’ados en crise et message politique et générationnel passionnant, Battle Royale marque définitivement les esprits avec une efficacité redoutable. Sorti en 2000 malgré la censure, le film est un carton international et devient même rapidement culte auprès des ados qui d’une certaine manière s’y retrouvent bien. Le succès engendrera même un second film directement en vidéo et l’adaptation du roman en manga.