The Hole, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Alors qu’il ne sortira en DVD que cet été après avoir attendu dans les tiroirs pendant 3 ans, le dernier film de Joe Dante, The Hole, a été présenté cette semaine au cours d’une projection unique au Max Linder. Le réalisateur de Gremlins a-t-il toujours son mordant ?

Joe Dante est malheureusement l’un des réalisateurs les plus maudits d’Hollywood. Malgré le succès de Piranhas et surtout de Gremlins, il n’a jamais été très en odeur de sainteté auprès des studios. Est-ce parce que ses films suivants ont moins bien marché ou parce qu’il n’hésite pas à glisser dans ses films grand public des messages politiques évidents ? Certainement un peu des deux. Du coup, on n’avait pas eu l’occasion de croiser un long-métrage du monsieur depuis qu’il a ramené les Looney Tunes sur grand écran en 2003.

Mais ce n’est pas pour autant que Joe Dante a disparu. Entre quelques épisodes de séries TV (dont 2 épisodes des Masters of Horror dans lesquels il montre bien qu’il n’a rien perdu de son savoir-faire) et des publicités, il avait de quoi s’occuper tout en mettant en place son nouveau projet : The Hole. Mais voilà, faute d’une certaine attente le film ne sera pas distribué aux États-Unis, encore moins en France. Ainsi, il est coincé dans les tiroirs depuis près de 3 ans sans que personne, hormis dans les rares pays où il a trouvé distributeur, n’ai pu le voir. Est-ce là le signe d’un film particulièrement mauvais ? Pourtant non, loin de là même !

Bon, nous n’allons évidemment pas crier au chef d’œuvre devant The Hole mais il faut bien reconnaître qu’il n’a absolument rien de honteux et qu’il méritait bien une sortie salle face à ce que l’on a l’habitude de voir parfois sur grand écran. Car malgré son sujet plus enfantin et moins poil à gratter, Joe Dante sait encore faire preuve d’une grande efficacité en offrant un divertissement intelligent.
Il faut dire que The Hole remet le réalisateur en terrain connu : une famille décomposée qui vient de déménager dans une petite bourgade tranquille. Il retrouve ici l’esprit du film d’aventure urbaine pour enfants qu’il avait parfaitement trouvé dans le toujours trop sous-estimé Small Soldiers et change les jouets par une étrange trappe se trouvant au sous-sol. Car après l’avoir ouverte, les enfants doivent faire face à d’étranges phénomènes.

Evidemment, sur ce pitch, on peut se dire que l’on part sur un gros épisode de Chair de Poule destiné avant tout aux enfants. Ce n’est pas faux et c’est sans doute ce qui risque de perturber les fans du réalisateur qui espéraient sans doute plus de trash et de politiquement incorrect. Mais il est tout de même indéniable de reconnaître que, malgré ses défauts (une narration vite torchée et les jeunes acteurs pas toujours au meilleur de leur potentiel), Dante arrive à maintenir notre intérêt.
On sent tout de suite qu’il s’agit de son histoire mais aussi de ses personnages. A ce titre, le plus jeune qui envoie un ballon de basket dans la tête de son aîné dès le début est bien représentatif  des relations de ses personnages qui ne se retrouvent traitées ainsi que dans un film de Dante. Naturels, ils nous deviennent tout de suite attachants et le réalisateur n’a pas besoin de s’attarder sur la crise d’ado ou l’amourette avec la voisine pour cela, ce qui est bien appréciable.

Malgré le classicisme de son histoire déjà racontée plusieurs fois bien avant lui et donc ultra prévisible, Dante se révèle toujours efficace derrière la caméra. Si il n’a pas été vu en 3D, on sent que le réalisateur l’a pensé comme tel pour son côté gadget tout en qui prenant toute sa dimension dans la confrontation finale. Un final d’ailleurs plus sombre qu’il n’y parait et qui révèle toute l’intelligence de propos du film. Car la réussite de Dante est d’arriver à rendre son histoire à frissons pour ados suffisamment intelligente et attachante pour intéresser le reste de la famille.
Évidemment, face à ce qui se fait aujourd’hui, le film parait un peut hors sujet et respire plus l’esprit des 80-90′s mais c’est aussi ce qui rend la patte de Joe Dante bien présente. D’ailleurs, en plus du contexte rappelant Small Soldiers, impossible de ne pas y voir le clin d’oeil aux Gremlins qu’est cet effrayant pantin animé et quelques autres apparitions qui font toujours plaisir et qui donnent son cachet à The Hole.

Loin du film que l’on devrait cacher, The Hole est donc un divertissement familial mené avec intelligence, loin des mièvreries habituelles. Mais surtout, il permet de se rendre compte que Joe Dante n’a pas perdu la main ! On espère alors que ses prochains projets seront considérés avec plus d’égards.