Avec une ressortie, impossible de passer à côté de Titanic. Film de tous les records mais aussi simplement l’un des plus grands films du cinéma, James Cameron nous avait offert un film majestueux, à l’image du paquebot de rêve. Retour sur ce monument intemporel du cinéma.
Comment aurait-on pu penser que James Cameron, expert dans le cinéma de SF et d’action (Aliens, Terminator, True Lies) réaliserait l’un des films les plus grandioses de tous les temps ? L’histoire est simple et connue de tous. Passionné de plongée à grande profondeur, le réalisateur a toujours fait preuve d’un immense intérêt pour l’histoire du Titanic. Quand il s’embarque dans l’aventure du tournage, c’est donc pour rendre un hommage saisissant au paquebot mais aussi et surtout pour offrir une fresque d’une grandeur époustouflante aux thèmes simples et universels.
Mais avant de voir arriver le film sur les écrans, il aura fallu pas moins de 8 mois de tournage, une reconstitution grandeur nature du paquebot dans un bassin créé pour l’occasion, des décors construits dans le souci du détail, des effets spéciaux innovants et 200 millions de dollars de budget pour que Cameron réalise son projet le plus fou. Un budget record pour l’époque, doublé par rapport à ce qui était prévu initialement, qui a bien inquiété le studio. Avec une telle débauche de moyens, les mauvaises langues prédisaient avant la sortie un naufrage aussi monumental que celui de 1912.
Dès sa sortie, James Cameron va les fait mentir, montrant au public une fresque comme on n’en avait pas vu depuis bien longtemps à Hollywood. Un spectacle émotionnel mêlant drame intimiste et grande histoire. Car à travers l’ampleur pharaonique de Titanic, Cameron réalise avant tout une histoire d’amour captivante entre la riche mais triste Rose et le pauvre mais passionné Jack. Le couple est fictif mais la romance n’en est que plus intense. Comme Roméo et Juliette sur un bateau, reflet d’une lutte des classes, d’une richesse trop étouffante et d’une pauvreté synonyme de liberté. L’histoire d’amour est on ne peut plus simple mais elle est écrite avec un tel savoir-faire, avec une progression dans les sentiments de ces amants maudits, tellement bien gérée, qu’il est impossible de ne pas être ému par le couple dont la catastrophe ne peut qu’exacerber la relation.
Mais Titanic n’est pas qu’une romance, c’est aussi un concentré d’histoire. Car sur le paquebot, c’est un concentré de la société de 1900 qui est présent. Le réalisateur nous offre un aperçu de la mentalité de l’époque, des manières, de la vision de l’art et surtout de la lutte des classes, montrant bien les différences de traitement entre les riches et les plus pauvres. A ce titre, les personnages secondaires parfaitement croqués servent justement cette partie historique. Tout contribue à cette reconstitution historique de grande ampleur. Des décors aux accessoires comme les assiettes en passant par les costumes … Rien n’est oublié et hormis quelques erreurs historiques que l’on pardonnera facilement face au travail fourni et à la qualité de la narration et du spectacle.
Car si Cameron montre ici qu’il est doué pour raconter une romance magique à chaque instant, il n’a plus rien à prouver du côté de l’action. La dernière partie du film sur le naufrage du bateau est donc le grand spectacle espéré. Déchainant des litres d’eau sur les décors et les acteurs, il s’avère d’une efficacité redoutable, n’oubliant aucun personnage dans le feu de l’action et n’oubliant pas non plus une certaine poésie (comme ce conte qu’une mère raconte à ses enfants avant la noyade). Le réalisateur fait monter la tension à mesure que les enjeux s’intensifient pour la survie du couple dont les liens se resserrent à chaque instant. L’épique rejoint alors le romantisme pour Cameron qui donne une véritable leçon de cinéma.
Il faut dire que, appuyé par une musique devenue mythique de James Horner (malgré les synthés et une québécoise), James Cameron fait preuve tout ton son talent de conteur pour nous offrir une histoire simple mais traitée avec une telle profondeur, une telle passion que l’on ne peut qu’être cueilli. Aussi à l’aise dans les scènes intimistes (la magnifique scène du dessins ou ce baiser magique sur la proue) que dans des séquences spectaculaires à couper le souffle, James Cameron fait passer le spectacle de 3h15 à toute vitesse.
L’autre grande réussite de James Cameron est d’avoir réuni pour la première fois à l’écran Kate Winslet et Leonardo DiCaprio. Les deux jeunes acteurs se donnent complètement sur le tournage et leur authenticité se voit à l’écran. On pourrait même se dire que Cameron a eu un sacré flair en réunissant les deux acteurs qui sont aujourd’hui reconnus comme les plus doués de leur génération. Ici chaque échange, regard, parole délivré par les acteurs reflète toute la force de la passion de leurs personnage. Kate Winslet qui veut se défaire du corset trop étriqué de l’étiquette des riches ou Leonardo DiCaprio jouant sur l’innocence et la simplicité font entrer le couple de Rose & Jack dans l’histoire des plus belles romances du cinéma.
Avec 3 heures d’émerveillement total, James Cameron a offert un grand divertissement rempli d’émotions que l’on garde encore en mémoire des années après la vision du film. Titanic est alors, au même titre que d’autres grandes fresques épiques marquantes, une définition même du cinéma dans tout ce qu’il a de plus noble et populaire. Il a en effet cette vertu de rassembler tous les publics autour d’une histoire universelle dont on ressort profondément bouleversé.
La suite, nous la connaissons. Le public ne s’y est pas trompé et a offert un triomphe à Titanic. Les files d’attentes ne désemplissaient pas à la sortie, si bien que le film a établi un véritable record au box-office que l’on croyait insubmersible (battu seulement par Avatar du même James Cameron aux États-Unis, record d’entrée toujours à battre en en France). On ne compte plus les larmes versées au cinéma et le nombre de personnes retournant voir le film mais aussi le regain d’intérêt du public pour l’histoire authentique du Titanic. Les critiques sont également positives, saluant le savoir-faire de James Cameron. Celui-ci deviendra d’ailleurs le « maître du monde» le temps de la nuit des Oscars dont il repartira avec 11 statuettes, égalisant ainsi le record de Ben-Hur.
D’une certaine manière, avec Titanic, on pourrait dire que James Cameron a clôturé le cinéma du XXe siècle avant d’ouvrir celui du 21e avec Avatar. 15 ans après ça sortie, il était alors naturel pour le réalisateur de faire passer son chef d’œuvre à l’ère de la 3D dont il est le parrain. Et, loin des conversions ratées, Cameron montre qu’il est possible, à partir du moment où on y met les moyens, de convertir un film avec qualité. Il faut dire que la mise en scène de Cameron se prête naturellement à la technique. Après une remarsterisation impeccable, il n’y avait donc plus qu’à passer le film en relief pour lui donner une nouvelle jeunesse. Épousant parfaitement la réalisation de Cameron, la 3D est ici bien exploitée, rendant les scènes intimistes encore plus proches de nous et d’autres séquences plus spectaculaires (à l’image de la découverte de la salle des machines ou de cette impression de vertige que l’on éprouve par dessus la rambarde). Non, la 3D de Cameron n’épuise pas pendant les 3 heures de film et, avec respect, rend l’expérience encore plus intense.