Culte du dimanche : la Fureur de Vivre

Culte du dimanche : la Fureur de Vivre

Replongée dans les années 50 pour un film forcément culte et qui a marqué une génération tout en faisant de James Dean une légende avec La Fureur de Vivre.

Culte du dimanche : la Fureur de VivreSi il y a bien un film qui a marqué la jeunesse des années 50, c’est sans aucun doute la Fureur de Vivre. Entre le portrait d’un jeune à la dérive, de la cellule familiale qui explose et le mythe que vient de devenir James Dean fauché en pleine ascension, le film de Nicholas Ray est l’un de ceux qui marquent à jamais une génération et entretiennent une légende. Il faut dire que la jeunesse de l’après-guerre qui a toujours grandi sous la menace des grands conflits sans trouver sa place trouve ici le film qui illustre ce sentiment de non-appartenance à la société.

Mais revenons d’abord à l’histoire. La Fureur de Vivre (Rebel without a cause en VO, titre bien plus évocateur de l’esprit de son héros perdu), s’intéresse au jeune Jim Stark qui vient de déménager avec sa famille à Los Angeles. Et il ne tarde pas à avoir des problèmes. Très vite il est emmené au poste de police pour ivresse sur la voie public et il se fait des ennemis dans son nouveau lycée, dont le chef de bande Buzz. Après un incident dans lequel celui-ci perdra la vie, Jim est poursuivi par la police et les camarade de Buzz. Il se rapproche alors Judy, la seule qui pourra lui apporter le réconfort qu’il ne trouve pas auprès de ses parents.

Culte du dimanche : la Fureur de Vivre

Ce qui est fascinant avec La Fureur de Vivre, c’est à quel point il établit pour la première fois au cinéma un portrait sans far de la jeunesse de l’époque et la manière dont Ray réussit à rendre tout cela assez intemporel en y apportant un aspect mythologique. Ainsi, le film aborde un thème qui est assez peu abordé dans le cinéma de l’époque et qui mettra alors en avant les problèmes des jeunes de l’époque. Ce thème est celui de la destruction du cocon familial. Loin des mères protectrices et des pères moralisateurs qui encadraient les enfants dans le cinéma américain, les parents de Jim son incapable d’élever leur enfant ou de leur montrer le droit chemin.
L’image sacrée du père est même complètement détruite en le montrant à la botte d’une mère autoritaire. Symbole de cette humiliation, cette scène où Jim rentre chez lui et découvre son père portant le tablier pour faire les taches ménagères. Manquant d’une figure paternelle forte, il perd confiance, ne trouve pas ses repères. Et pire que les parents incapables de Jim, ceux de son meilleur amis sont même complètement absents, laissant leur fils à l’abandon.

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Les problèmes familiaux font alors leur entrée au cinéma et le film dresse le portrait d’une génération innocente vite rappelée à l’ordre de la réalité. Ainsi, la course de voiture symbole d’une parfaite insouciance ramène rapidement les jeunes à dureté du monde lorsqu’elle se termine dans un accident mortel que les adultes préfèrent ignorer. Face cette situation Jim va recréer pour une nuit un semblant de structure familiale avec Judy et son ami Platon. Une complémentarité et une tendresse folle habite ces trois personnages qui trouvent alors leur place et leur rôle dans la vie.
Il s’en faut d’ailleurs de peu pour que cela tombe dans le triangle amoureux, non pas pour Judy mais bien pour Jim. En effet, l’attirance de Platon pour son camarade à l’époque vue plutôt innocemment saute bien aux yeux aujourd’hui (d’autant plus quand on sait maintenant qu’un baiser entre les deux hommes était à l’origine prévue dans le scénario).

Culte du dimanche : la Fureur de Vivre

Ainsi, La Fureur de Vivre nous emporte dans les angoisses de cette jeunesse sans repère et sans cause à défendre, perdue entre l’innocence de l’enfance et l’approche imminente de l’âge adulte, dans un récit passionnant et dont l’approche résonne encore aujourd’hui. Car Ray et le scénariste Stewart Stern n’hésitent pas y à apporter une certaine mythologie. De la scène se déroulant dans le planétarium interrogeant les jeunes sur leur place dans l’univers et le complexe oedipien développé pendant tout le film en passant par le simple nom du meilleur ami de Jim, Platon, rien n’est laissé au hasard pour bien comprendre que le film est finalement la transposition d’une tragédie grecque dans le contexte des années 50.

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Mais en plus de ses thèmes, si la Fureur de Vivre est devenu un mythe pour le cinéma, c’est aussi par l’iconographie qu’il développe à la fois autour de certaines scènes du film (l’ouverture, la bagarre à l’observatoire de Los Angeles, la course en voiture) mais aussi autour de la personnalité et du rôle de James Dean. Fasciné par l’acteur, Nicholas Ray fait de lui une véritable icône pour la jeunesse rebelle, le rendant indissociable du t-shirt blanc et du blouson rouge. L’acteur livre ici une performance remarquable, sincère, intense. Mortellement fauché sur la route 4 jours avant la première du film, James Dean entre alors dans la légende avec un rôle qui fera de lui le symbole de la jeunesse américaine perdue, rendant le film instantanément culte. En 3 rôles et avec 2 nominations posthumes aux Oscars, le mythe Dean est installé à tout jamais dans l’histoire d’Hollywood.